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Immigration : Macron fait-il pire que Sarkozy ?

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Le président, attendu ce mardi à Calais pour défendre sa politique migratoire, va-t-il plus loin que son prédécesseur ?

C’est Christian Estrosi qui le dit. “En matière d’immigration et de droit d’asile, Macron va plus loin que la droite”, a lancé sur France Inter le maire LR de Nice Christian Estrosi.

C’est Benoît Hamon qui le crie. “Ce que fait Macron, Sarkozy n’a même pas osé le faire”, a taclé l’ex-socialiste dans “le Parisien”.

Et c’est surtout Marine Le Pen qui se réjouit de voir que “le problème majeur de l’immigration soit posé”, croyant voir là une “victoire politique”.

De la part d’opposants aussi divers, les comparaisons ne manquent bien sûr pas d’arrières pensées politiques. Mais avec la circulaire Collombsur le recensement des migrants dans les centres d’hébergement d’urgence et les grandes lignes du projet de loi à venir destiné à expulser davantage de déboutés du droit d’asile, beaucoup croient reconnaître en Emmanuel Macron un Nicolas Sarkozy au verbe policé.

Tests ADN et discours de Grenoble

En apparence pourtant, leurs discours les séparent. Au ministère de l’Intérieur entre 2002 et 2004, puis à l’Elysée en 2007 et 2012, Nicolas Sarkozy a fait des coups de menton contre les immigrés sa spécialité. Avec un slogan efficace, “la France tu l’aimes ou tu la quittes”, et la promesse d’expulser à tour de bras, l’ancien président avait réussi à siphonner les voix de Jean-Marie Le Pen.

Une fois élu, il avait mis sur pied le très décrié ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale, dirigé par son fidèle Brice Hortefeux puis par Eric Besson. Et avait lancé en 2010 un débat national sur le thème qui avait crispé le pays. La même année, le président Sarkozy avait prononcé son fameux discours de Grenoble, sorte de déclaration de guerre à l’insécurité qui établissait un lien direct entre immigration et délinquance.

“Nous subissons les conséquences de 50 années d’immigration insuffisamment régulée qui ont abouti à un échec de l’intégration”, avait-il scandé. 

Sur le terrain législatif, Sarkozy avait surtout durci les conditions du regroupement familial et tenter, avant de les trouver “stupides” et de reculer, d’instaurer des tests ADN aux immigrés souhaitant obtenir un visa de plus trois mois.

Les louanges à Merkel

Emmanuel Macron, lui, n’a pas du tout fait campagne sur ce thème. Avant son élection, l’ex-ministre de François Hollande s’est même distingué en saluant la politique d’accueil d’Angela Merkel, dont le pays a accueilli un millions de migrants en 2015. Mais à bien y regarder, le programme du marcheur était beaucoup plus nuancé que ce que les louanges adressées à la chancelière allemande pouvaient laisser présager.

“La violence des conflits au Proche-Orient, la complexité de la situation économique et politique dans la zone sahélienne, l’effondrement de l’Etat libyen et les écarts de richesse entre le Nord et le Sud concourent à une pression migratoire très importante sur les pays de l’Union européenne”, posait le candidat en diagnostic. Il déroulait ensuite trois priorités : intégration, accueil des réfugiés et reconduite plus efficace à la frontière de ceux qui ne sont pas acceptés. Mais il restait on ne peut plus vague sur les moyens de rendre plus efficace cette lutte contre l’immigration dite irrégulière.

Aucune des dispositions – dont le doublement de la durée maximale de rétention de 45 à 90 jours – présentées par le premier ministre Edouard Philippe aux associations n’y figurait. Et encore moins la circulaire “Collomb” organisant le recensement des migrants dans les centres d’hébergement d’urgence. La mesure est destinée à mieux orienter les demandeurs d’asile, a plusieurs fois défendu le gouvernement. Mais plupart des associations la dénoncent comme le moyen de trier “bons” et “mauvais” migrants et la fin de l’hébergement inconditionnel.

“Macron en rajoute une couche avec des mesures pires que sous Sarkozy”, analyse Flor Tercero, avocate spécialisée dans le droit des étrangers.

Fin décembre sur Europe 1, l’historien et spécialiste de l’immigration Patrick Weil comparait les deux présidents dans une puissante formule :

“Macron est l’inverse de Sarkozy : il est doucereux dans le dialogue, mais sur le terrain c’est la dague”.

Immigration Macron fait-il pire Sarkozy

Source: L’Obs

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