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Ce que les chefs d’État ont dit à l’ouverture du 30e sommet de l’UA

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Auto-financement de l’organisation, conflits régionaux et présentation des nouveaux venus… Tour d’horizon de la première journée du 30e sommet de l’UA.

C’est avec plus de trois heures de retard que s’est ouvert, dimanche 28 janvier, le 30e sommet de l’Union africaine (UA). Programmé à 11h, la plénière n’a finalement eu lieu qu’à 14H, car les chefs d’État ont dû d’abord se réunir à huis clos pour aplanir leurs divergences portant sur certains sujets, principalement la réforme Kagamé. Au centre des discussions : la question de l’auto-financement via le prélèvement d’une taxe de 0,2% sur les importations éligibles et la création d’une zone de libre échange.

« Nous sommes à la croisée des chemins », a lancé d’emblée Moussa Faki Mahamat, président de la Commission africaine qui a rendu hommage au président sortant de l’organisation, Alpha Condé, et salué « l’engouement », « l’esprit réformateur » et « le talent gestionnaire » de son successeur, Paul Kagame.

Moussa Faki Mahamat a souligné l’urgence de la mise en oeuvre de bonne foi de l’Accord de la Saint-Sylvestre en RDC

Dressant le bilan de l’UA, notamment au sujet de la jeunesse (thème prioritaire de 2017 pour l’organisation), il a fait un bref tour d’horizon des crises régionales – Somalie, Soudan du Sud, Centrafrique, Burundi… – et appelé à redoubler d’efforts afin de résoudre ces crises désastreuses pour les populations civiles. Au sujet de la RDC, il a estimé que « les tensions et les violences de ces derniers jours ont, une fois encore, illustré l’urgence de la mise en oeuvre de bonne foi de l’Accord de la Saint-Sylvestre en vue de la tenue des élections de décembre 2018 ».

Sortir de la tutelle étrangère

Un an après le retour du Maroc au sein de l’UA, le thème du Sahara occidentals’est invité dans les déclarations officielles. A ce propos, Moussa Faki Mahamat n’a pu « qu’exprimer [son] espoir de voir cette situation résolue. L’Afrique doit y contribuer positivement, en appui aux Nations unies car la solution de ce conflit lancinant aidera à la relance tant attendue de la construction maghrébine ».

De son côté, avant de passer le témoin à Paul Kagame, le Guinéen Alpha Condé a dressé le bilan de son mandat, exhortant ses pairs à veiller particulièrement à la mise en oeuvre de la décision relative à l’auto-financement, « le moyen le plus sûr pour résorber le déficit budgétaire chronique de l’UA », a-t-il souligné. Une vingtaine de pays ont d’ores et déjà commencé à appliquer cette initiative. Alpha Condé a dit « comprendre » les préoccupations exprimées par certains membres mais les a appelé « à faire preuve de solidarité » car c’est par ce biais, a-t-il martelé, que l’Afrique sortira de la tutelle étrangère et se prendra en main.

Une feuille de route

Confiant avoir acquis « beaucoup de sagesse » en travaillant avec Alpha Condé et Idris Déby Itno, le nouveau président de l’UA, Paul Kagame, a fait savoir que l’année 2018 ne serait pas de tout repos. « Avant, on disait que l’Afrique était un fardeau. Corriger cela ne se fera pas en quelques années. Cela ne prendra pas des décennies non plus », a-t-il déclaré. Marché unique, zone de libre échange, liberté de circulation des personnes… autant de chantiers sur lesquels le président rwandais a promis de donner le meilleur de lui-même mais, a-t-il reconnu, « il a besoin du soutien de tous ».

Je considère chacun de vous comme un frère aîné, a assuré George Weah

Quant aux nouveaux présidents, ils ont adressé chacun un petit mot à l’assemblée. « Il faut beaucoup d’engagement et des valeurs de solidarité pour que les citoyens africains soient fiers de leur continent », a déclaré le président angolais, João Lourenço. « La présidence du Liberia est une tâche exaltante mais je ne me fais pas d’illusions », a enchaîné le Georges Weah, nouvellement élu et dont l’apparition a déclenché une vague d’ovations dans la salle. « La route du succès est semée d’obstacles », a-t-il prévenu. « (…) Toutefois, votre aide m’aidera à réaliser les promesses que j’ai faites au peuple libérien. Je considère chacun de vous comme un frère aîné ». Après une seconde salve d’applaudissements, Alpha Condé a pris la parole : « Inutile de vous souhaiter la bienvenue au regard des acclamations… vous êtes le seul Ballon d’or africain, nous en sommes très fiers ! »

Mugabe va bien, merci !

Dans sa deuxième déclaration au sein de l’UA – il avait fait un discours la veille lors d’une réunion du Nepad -, le Zimbabwéen Emmerson Mnangagwa a tenu à rassurer une nouvelle fois ses pairs quant à la situation de son prédécesseur Robert Mugabe. « Votre frère Mugabe se porte bien et il est en sécurité », a déclaré le nouveau président par intérim, qui a assurer agir par « devoir » pour préserver l’héritage « du fondateur de la nation » qu’il a lui même renversé.

Les présidents du Bénin, Patrice Talon, et celui de la Somalie, Mohamed Abdullahi Mohamed, ont prononcé un bref discours pour « montrer leur engagement dans l’UA ». Alpha Condé a dit au premier espérer le voir « devenir un habitué » de l’organisation panafricaine. Depuis son élection en 2016, celui-ci n’avait en effet été présent à aucun des trois sommets qui ont eu lieu depuis. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, est quant à lui revenu sur la coopération de plus en plus étroite avec les instances de l’UA pour régler les conflits régionaux et s’accorder sur les questions de développement.

Al-Sissi successeur de Kagame

C’est ce lundi que se clôturera le 30e sommet. Le prochain se déroulera en juillet à Nouakchott en Mauritanie, ont annoncé les organisateurs. Autre nouvelle : après Kagame en 2018, c’est désormais le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, qui a été désigné pour lui succéder l’année prochaine. Mais il devra d’abord se faire réélire à la tête de son pays fin mars.

Ce que chefs d’État ont dit ouverture 30e sommet UA

Source:  Jeune Afrique

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