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Interview exclusive du président du SADI : « L’opposition n’est pas mon problème. Mon problème, c’est comment prendre le pouvoir. »

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Dans une interview exclusive qu’il nous accordée, le président de SADI, l’Honorable Dr Oumar Mariko, nous parle à cœur ouvert. Il regrette qu’il n’ait pas été entendu en 2012 quand il se battait contre l’intervention des forces étrangères dans notre pays. Le président de SADI évoque 2018, en estimant que les élections ne permettront pas à coup de sûr de résoudre et se dit favorable au maintien du Président IBK en fonction, sous réserve du respect de certaines conditions. Il a aborde également ses rapports avec l’opposition politique. Lisez plutôt.

La Lettre du Peuple : En 2012 et 2013, vous étiez opposés à l’arrivée des forces des Nations unies dans notre pays. Aujourd’hui, avec les attaques meurtrières, peut-on dire que le temps vous a donné raison ?

Oumar Mariko :

Merci beaucoup, oui, mais permettez-moi tout d’abord de préciser deux choses. Pourquoi, je ne voulais pas de l’intervention étrangère dans les affaires du Mali ? Parce que j’ai pensé et je le crois toujours que les Maliens ont beaucoup de ressorts culturel, social et politique qui peuvent les permettre, même après des morts et des assassinats de s’assoir et de dessiner des perspectives nouvelles pour le pays. Je n’avais pas perdu foi aux Maliens, même si j’avais perdu foi à ceux qui nous ont dirigés à l’époque et ceux qui les ont soutenus. Alors, pour moi, c’était faisable, c’était dans le domaine du faisable. L’aide extérieure peut être sollicitée lorsqu’on s’entend sur une orientation précise sur les actes à poser. Mais l’aide extérieur qui vient en sauveur a toujours un agenda qui n’est pas forcément celui des protagonistes sur le terrain. A l’époque, j’ai pensé que la situation du nord n’exigeait plus une intervention extérieure après la chute d’ATT, un seul coup de feu ne devrait être tiré. Je fais comme preuve, le fait que Mahmoud Dicko à la tête d’une délégation du conseil islamique avait fait un tour à Kidal. Je fais référence au fait que des émissaires de Gina dogon étaient allés jusqu’à Kidal. Et aussi, au fait que moi-même, j’avais fait, à la tête d’une délégation du parti SADI et d’autres personnes qui n’étaient du parti, une visite à l’armée à Niafunké. Et aussi aux multiples va-et-vient des populations de Kidal à Bamako et à la résistance des populations de Gao, de Tombouctou et de toutes ces zones dites à l’époque des zones occupées. Les populations ont opposé une farouche résistance. Mais il y a aussi le fait que la rébellion n’était pas homogène, elle était hétérogène. Une fine lecture de cette situation qui prend en compte le fait que la gestion politique du pays a été désastreuse, je crois qu’on avait mal à nous asseoir pour parler. Effectivement, le temps a donné raison que ceux qui ont pensé que la France serait venue avec la Minusma pour aller écraser les rebelles et au-delà même pour certains, écraser tout ce qui était blanc, Tamasheq, arabe etc., tous en ont aujourd’hui pour leur compte. Je n’en suis pas pour autant fier. Je n’en tire aucune gloriole. Je suis plutôt meurtri pour n’avoir pas été écouté. Je suis davantage meurtri par ce que la situation est de plus en plus grave et gravissime.

La Lettre du Peuple : Que proposez-vous aujourd’hui pour que ces attaques puissent cesser ?

Oumar Mariko :

Ce que j’ai dit hier reste encore d’actualité, à savoir le dialogue. Aujourd’hui, pour moi, le régime d’Ibrahim Boubacar Keïta est disqualifié comme ATT l’a été. Pour moi, une partie de l’opposition aussi recèle des éléments disqualifiés. Aujourd’hui, le temps est venu pour que certains partis politiques comme le nôtre et certaines personnalités politiques et la rébellion elle-même dans ce qu’elle a de personnalité qui sont opposées à une quelconque partition du territoire du Mali, se donnent véritablement la main. Je ne suis pas sûr que les élections puissent régler la question. Les gens sont en train de tourner autour de cela. On parle de transition, de ceci et de cela. Ce sont des gesticulations du genre en mal de position, en mal d’enrichissement et de pouvoir.Les élections ne règleront absolument rien du tout. C’est pourquoi, il y a quelques mois de cela, j’avais dit au moment de la lutte anti-constitution d’IBK, qu’on rentre dans l’histoire de son pays de plusieurs manières. Même par la démission, on peut rentrer dans l’histoire de son pays qui est aussi une grandeur. Ibrahim Boubacar Keïta doit prendre la mesure de la situation pour faire 3 ou 4 annonces fortes. Une première annonce, c’est dire qu’il n’est pas candidat à sa succession. Une 2ème annonce, serait de dire clairement au Peuple malien qu’il ne désignerait pas de candidat à sa succession. La 3ème chose, c’est dire qu’il a besoin des hommes et des femmes de ce pays pour que nous puissions nous asseoir sur les bonnes bases d’un dialogue, qu’on nettoie le fichier électoral. Il faudra aussi qu’on ouvre les médias d’Etat pour que les citoyens notamment les hommes politiques, la société civile rentrent en débats et que tous ceux qui ont quelque chose en termes de liens aux mouvements de la rébellion rentre dans l’Etat afin nous puissions jouer à l’accalmie. Et également il s’agit bien de faire en sorte que ceux qui sont à l’extérieur du pays retourne et que nous posions la problématique des élections dans ces conditions. Si cela vaut pour la classe politique, pour le Peuple malien, qu’IBK ne parte pas le jour J, ça vaudra la peine. Cela n’a rien à avoir avec cette question de transition qui n’est d’autre qu’une transition politicienne. Je pose ce problème, ni en termes de poste de responsabilité, parce que j’aspire à prendre le pouvoir dans ce pays afin de valoir et prévaloir mes idées. Je sais que je peux sortir ce pays de l’ornière. Autrement, je ne serai pas aujourd’hui dans la lutte politique. Ça peut se ressembler quelque peu. Mais dans cette démarche précise, il y a des gens qui sont d’office disqualifiés. Je sais que le SADI n’est pas disqualifié. Ceux qui sont disqualifiés, ce sont ceux-là qui sont trempés dans la gestion de ce pays et qui ont fait des détournements de fonds avérés. De ce fait, sont disqualifiés de cette démarche politique, les partis politiques, les hommes politiquesqui pensent que c’est la France, les Américains qui ont la clé du problème. Mais ceux qui pensent que la solution réside en nous-mêmes, ce sont eux qui peuvent être inclus dans cette démarche politique. Il faut une bonne dose de la société civile, de partis politiques reconnus. On se connait aujourd’hui tous dans ce pays-là. On sait qui peut travailler pour faire sortir ce pays dans cette situation. Tout cela ne peut pas se faire sans l’implication réelle des mouvements de la CMA. Pour moi, pas de milices dedans. Il faut exclure toutes les milices. Chaque milice a choisi un camp. Les milices qui sont avec l’Etat doivent se remettre avec l’Etat. Celles qui sont avec la rébellion doivent se remettre avec celle-ci. Cette situation peut être conduite à mon avis pour arriver à trouver une accalmie et à une sortie de crise. Je n’ai pas bien élaboré tout ça, mais je pense intimement qu’Ibrahim Boubacar Keïta peut jouer un rôle essentiel et fondamental dans cette démarche s’il prend la mesure de la situation ainsi posée. Le reste va se résoudre calmement. Parce qu’il sait qui a fait quoi et qui sait quoi. En ce moment, il va avoir une objectivité de jugement. La difficulté, c’est que c’est quelqu’un, à un moment donné, qui s’est beaucoup prononcé. Mais dans tous les cas de figures, je suis presque sure aujourd’hui, qu’on ne fera pas d’élections transparentes en République du Mali. Une élection sur fonds de corruption, d’achats de conscience, de tripatouillages administratifs, va sonner le glas de notre pays. Et soyez sûrs d’une chose, chacun va prendre ses aises, la rébellion va prendre ses aises la communauté internationale va prendre ses aises et le Mali va être infernal. Tous les endroits d’accalmie vont être infernaux. L’Etat ne contrôle pratiquement plus rien. L’Etat ne contrôle pas Kidal, Gao, Tombouctou. Il ne contrôle pas une partie de Ségou. Bientôt, l’Etat ne contrôlera pas Sikasso. On va retrouver à tout venant, les voyous, les gens qui veulent survivre, les pieds nus. Tout le monde va se retrouver pêle-mêle dans une situation qui est chaotique. A mon avis, les élections ne seront pas transparentes. D’un côté, il y a le pouvoir qui a le souci de se maintenir coute que coute, vaille que vaille. De l’autre côté, une partie de l’opposition qui est dans des calculs politiciens de haute portée et qui est dans la position qui dit tout sauf IBK. Alors nous, au SADI, nous disons tout sauf le système qui a été incarné par IBK et les autres depuis 1992. Le schéma élaboré en 1992 a battu en brèche un autre schéma dont nous étions les porteurs. A l’époque, nous avions demandé une constituante, l’assainissement, l’économie et les finances du pays et la mise sur le banc de touche ceux qui étaient trempés dans les malversations et dans des crimes commis contre les populations au nord tout comme au sud. Malheureusement, on n’a pas été écouté. Ce qui est en chemin aujourd’hui, c’est le pouvoir privé qui a pris le dessus sur la puissance publique de l’Etat. Ceux qui ont incarné ce système-là devraient être sanctionnés par le Peuple. Il faut aider le Peuple à sa juste compréhension.

La Lettre du Peuple : Quels sont vos rapports avec vos amis de l’opposition ?

Oumar Mariko :

L’opposition n’est pas mon problème. Mon problème, c’est comment prendre le pouvoir. Et c’est le pouvoir qui m’intéresse. Il y a le pouvoir et une partie de l’opposition qui se sont mis dans un schéma dans lequel je ne souscris pas du tout. Ils ont créé ce qu’on appelle le chef de file de l’opposition. Le parti SADI était le seul opposé à cela. De cette loi qui porte statut du chef de file de l’opposition, ils veulent montrer aujourd’hui au Mali qu’on est avec IBK ou avec Soumaïla Cissé. Je dis son nom parce c’est son nom qui est collé au chef de file de l’opposition. Sinon, ça ne m’intéresse pas. Etre dans l’opposition ne veut pas dire qu’on est avec le chef de file de l’opposition. Beaucoup de Maliens ont du mal à savoir de quel côté se trouve le SADI aujourd’hui. Parce qu’ils nous conçoivent de l’opposition comme étant derrière Soumaïla Cissé. Et ils nous conçoivent du pouvoir comme étant Ibrahim Boubacar Keïta. Donc, les gens pensent qu’on n’est pas de l’opposition si on n’est pas avec Soumaïla Cissé. Et cela est fait à dessein. C’est un jeu dans lequel le même réseau de Alpha, ATT, IBK etc…. ont tissé de longues dates. Et c’est IBK qui l’a réussi pour faire la confusion. De ce point de vue, on a constaté que le Gouvernement envoie nos courriers au siège du Chef de file de l’opposition. Le SADI dit qu’on ne touche pas à aucun courrier qu’on envoie au chef de file de l’opposition. On est contre. Après le Premier ministre a tenté de rencontrer toute l’opposition au siège du chef de file l’opposition. Nous avions dit que nous ne partions pas à cette rencontre. Ils ont dit encore qu’il faut qu’on se retrouve à l’Assemblée nationale avec l’ADP-Maliba, le SADI, plus VRD pour rencontrer le Premier ministre. Nous avions dit à l’ADP-Maliba et VRD que nous n’irons pas. Nous sommes identifiés et nous avons une identité remarquable. Nous ne pouvons pas être gérés n’importe comment.

Aussi de l’autre côté, le Chef de file de l’opposition joue à ses passés comme étant le patron de tous les partis politiques de l’opposition. Nous n’allons pas rentrer dans ce jeu et dans ces combines.

Mais pour ce qui concerne les luttes à mener ensemble, toute lutte qui touche fondamentalement au pays, alors nous les mènerons avec tous ceux qui sont contre cette pratique. Exemple, nous nous sommes retrouvés contre la constitution d’Ibrahim Boubacar Keïta. De ce pas, nous sommes prêts à nous allier avec tout le monde pour exiger des élections transparentes. Nous sommes prêts à nous allier avec tout le monde pour que l’ORTM ne soit pas la chasse gardée de Sidiki Konaté et d’Ibrahim Boubacar Keïta. On n’est contre aussi le fait que les Administrations s’ingèrent dans élections. Pour des questions d’intérêt national, SADI peut s’allier avec n’importe quel parti ou association de la société civile. Mais il ne va pas venir pour créer une espèce d’amalgame pour dire que le SADI est derrière x ou y. Sur le terrain, il y a aussi des nouveaux candidats déclarés par-ci par-là que nous respectons. Certains se promènent dans les villages chaque fois, comme ils ont beaucoup d’argent et de moyens pour dire qu’ils sont avec Oumar Mariko et le SADI. Certains vont jusqu’à créer un mouvement avec la dénomination Kayiria pour faire encore confusion, tout ça pour faire croire qu’ils sont avec Oumar Mariko. Je profite de votre journal pour dire solennellement que le parti SADI n’a aucune alliance politique, électorale avec qui que ce soit, que ça soit des candidats indépendants, que ça soit des partis politiques. On n’a aucune alliance avec personne. Je précise aussi que le parti SADI se bat pour des valeurs. On est pour la libéralisation et la caporalisation de l’ORTM. Ce combat, on est prêt à le mener avec la société civile. On a fait des luttes classiques comme contre l’accaparement du foncier, contre la privatisation de l’HUICOMA, la BETRAM, pour soutenir les partants volontaires à la retraite. Nous n’avons pas fait le débat d’une candidature unique de l’opposition. Nous sommes très préoccupés par la situation globale de notre pays, par la situation de notre parti. Dieu merci, les gens sont en train de nous comprendre. Ils sont en train de prendre les cartes du parti. Ils sont entrain de structurer les organes du parti. Et enfin, nous sommes préoccupés par la prise du pouvoir.

Interview exclusive président SADI L’opposition n’est pas mon problème Mon problème comment prendre pouvoir

Interview réalisée par Youssouf Bamey

Source: La Lettre du Peuple

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