Rome – Une quinzaine de ministres de la Défense de la coalition internationale antijihadiste en Syrie débattent mardi à Rome de la suite à donner à leur action commune, et notamment du sort des combattants du groupe Etat islamique (EI) détenus en Syrie.
La réunion a débuté peu avant 10H00 GMT, a indiqué le ministère italien de la Défense en présence de 14 ministres — France, Italie, Canada, Australie, Turquie, Allemagne, Belgique, Etats-Unis, Norvège, Pays-Bas, Irak, Nouvelle-Zélande, Espagne et Royaume-Uni–.
“Nous allons parler de l’avenir”, a souligné le ministre américain de la Défense, Jim Mattis, dans l’avion l’acheminant vers Rome. Il a notamment évoqué la nécessité de relancer les services publics des zones de l’est de la Syrie dont l’EI a été chassé pour que l’activité puisse reprendre.
Les Etats-Unis craignent que l’EI reprenne pied dans ces zones si la population ne retrouve pas rapidement une vie quotidienne proche de la normale. Ils ne veulent pas attendre les programmes massifs de reconstruction de la Syrie que pourrait permettre une solution diplomatique sous l’égide de l’ONU.
Mais c’est la question épineuse du sort des étrangers ayant rejoint les rangs de l’EI, comme les deux jihadistes britanniques capturés en janvier par les Forces démocratiques syriennes (FDS), qui devrait être au centre des débats, a indiqué une responsable du Pentagone, Kathy Wheelbarger.
Les Etats-Unis, qui ont déjà du mal à juger les prisonniers détenus depuis des années sur la base de Guantanamo, à Cuba, ne veulent pas se charger de juger Alexanda Amon Kotey et El Shafee el-Sheikh, qui faisaient partie d’un quatuor surnommé par leurs otages “les Beatles” en raison de leur accent anglais.
“Nous travaillons avec la coalition sur la question des combattants étrangers détenus et nous nous attendons à ce que ces détenus rentrent dans leur pays d’origine qui devra en disposer”, a précisé Mme Wheelbarger, chargée de la Sécurité internationale au ministère américain de la Défense, aux journalistes accompagnant M. Mattis dans sa tournée.
Or Londres ne souhaite pas que ces deux prisonniers, accusés d’être responsables de la détention et de la décapitation d’environ une vingtaine d’otages, notamment des Occidentaux parmi lesquels le journaliste américain James Foley, décapité en 2012, reviennent sur le sol britannique.
Par ailleurs, les Etats-Unis ne veulent pas que les prisonniers restent en Syrie où la situation n’est pas assez stable pour garantir que ces jihadistes ne puissent reprendre les armes et où les centres de détention des FDS risquent d’être débordés.
La coalition arabo-kurde alliée des Etats-Unis se retrouve submergée par des milliers de jihadistes faits prisonniers au gré des victoires militaires de la coalition, parmi lesquels plusieurs centaines d’étrangers qui ont été capturés ou se sont rendus depuis la prise de Raqa.
Outre cette question sensible, les débats devraient porter sur la poursuite des combats dans la vallée de l’Euphrate où les derniers jihadistes se sont réfugiés, et sur l’opération militaire turque dans l’enclave frontalière d’Afrine contre les Unités de protection du peuple kurde (YPG), la composante kurde des FDS.
La Turquie considère les YPG comme une organisation terroriste alors que les Etats-Unis, qui comptent sur ces combattants kurdes pour éliminer les derniers jihadistes de l’EI, considèrent l’opération turque comme une “distraction” qui éloigne la coalition de son objectif premier: l’élimination totale de l’EI.
AFP