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Dialogue difficile à l’Otan sur l’Europe de la Défense

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Les appréhensions américaines sur l’initiative de défense européenne et les tensions entre les Etats-Unis et la Turquie en Syrie jettent une ombre sur la réunion ministérielle de l’Otan qui s’est ouverte mercredi à Bruxelles, risquant de mettre à l’épreuve l’unité de l’Alliance.

La réunion des ministres de la Défense a débuté à 11H00 (10H00 GMT) avec une discussion sur les contributions aux dépenses de défense à la demande des Américains.

“C’est une incitation pour les Européens à faire plus pour leur défense”, a commenté le secrétaire général de l’Otan, le Norvégien Jens Stoltenberg, avant le début de la réunion.

“Nous avons besoin de plus d’argent, de plus de capacités et de plus contributions”, a-t-il insisté. Les alliés se sont engagés à porter leurs dépenses militaires à 2% de leur PIB d’ici à 2024.

Mardi, M. Stoltenberg s’était fait l’écho des préoccupations américaines et avait rappelé aux alliés européens les limites de leur initiative de défense.

“L’UE ne doit pas se substituer à ce que fait l’Otan” et elle ne doit pas fermer ses marchés de Défense aux Américains et aux autres pays non membres de l’UE, avait-il averti.

Le message se voulait une réponse aux inquiétudes exprimées par la délégation américaine dirigée par le secrétaire américain à la Défense Jim Mattis.

“Bien faite, l’initiative de défense européenne peut contribuer à une répartition équitable du fardeau”, a souligné mercredi matin le secrétaire général de l’Otan.

La principale crainte des Américains est la fermeture des marchés de la défense des pays de l’UE au bénéfice des entreprises européennes.

Certains Européens ont été surpris, sinon agacés, par ce ton offensif. “Les Européens n’ont aucune intention de duplication inutile ou d’acquisitions de capacités inutiles”, a assuré un diplomate européen à Bruxelles.

“Il faut une relation d’égalité, car les pays européens ne peuvent fournir d’équipements de défense sur le marché américain”, a averti un diplomate européen. “Etre membre de l’Alliance n’implique pas l’obligation de dépendre de l’industrie de l’armement américaine”, s’est insurgé un autre diplomate européen.

– ‘Travail d’explication’ –

Le dîner de travail mercredi soir sera consacré à l’initiative européenne et devrait permettre de calmer le jeu.

Jens Stoltenberg a reconnu des “divergences de vues”. La représentante de la diplomatie européenne Federica Mogherini aura pour tâche de les apaiser.

“Il y a un petit travail d’explications à fournir, mais il n’y a pas de problèmes sur le fond”, a observé un diplomate européen. “Cela arrange certains esprits chagrins de dire qu’il y a des tensions entre les Etats-Unis et les Européens, mais ce n’est pas le cas”, selon ce diplomate.

Restent les vives frictions entre Washington et Ankara, dont l’armée est la deuxième plus puissante de l’Otan, sur le théâtre de guerre syrien. L’opération militaire turque dans le nord de la Syrie contre des forces kurdes alliées à Washington a affaibli le combat contre l’organisation Etat islamique (EI), a déploré mardi le secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson.

La Turquie a lancé le 20 janvier l’opération “Rameau d’olivier” contre les Unités de protection du peuple (YPG), une milice kurde considérée comme “terroriste” par Ankara mais alliée aux Etats-Unis dans la lutte contre les jihadistes de l’EI en Syrie.

“C’est un sujet de grande préoccupation mais je ne vois aucun rôle pour l’Otan”, a prévenu la ministre allemande Ursula von der Leyen à son arrivée.

“La question sera réglée de manière bilatérale, entre les Etats-Unis et la Turquie”, estime-t-on de source diplomatique européenne à Bruxelles.

Rex Tillerson se rendra à Ankara la semaine prochaine pour tenter de déminer cette crise et Jim Mattis a prévu une réunion bilatérale avec son homologue turc Nurettin Canikli mercredi en marge de la réunion de l’Otan.

“Il faut maintenir l’unité de l’Alliance, car certains veulent enfoncer un coin”, a plaidé un diplomate européen, sans nommer la Russie.

AFP

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