En exclusivité, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération Internationale, Tièman Hubert Coulibaly, nous a accordé une grande interview, le mardi dernier, dans son bureau à Koulouba. Plusieurs sujets ont été abordés, parmi lesquels la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation, la tenue de l’élection présidentielle dont le 1er tour est prévu pour le 29 juillet prochain, la candidature d’IBK, la position de son parti UDD, ainsi que la Conférence internationale sur le Sahel prévue le 23 février à Bruxelles…. Entretien !
Aujourd’hui-Mali : Monsieur le Ministre, dans quel état d’esprit entamez-vous votre nouvelle mission républicaine en tant que ministre des Affaires étrangères et de la Coopération Internationale ?
Tièman Hubert Coulibaly : J’entame cette mission dans un état d’esprit positif, surtout en prenant une conscience claire des enjeux du moment. Le Mali, comme vous le savez, est dans un processus de sortie de crise qui implique un certain nombre d’acteurs internationaux. Depuis 2012, nous travaillons étroitement avec la communauté internationale afin de stabiliser notre pays et afin qu’il puisse reprendre sa construction démocratique républicaine comme cela a commencé depuis 1992. Aujourd’hui, nous devons faire encore plus d’efforts pour assurer le rayonnement de notre pays. Ce sont des consignes données par le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, au gouvernement de Soumeylou Boubèye Maïga de poursuivre les efforts pour la mise en œuvre complète de l’Accord pour la paix et la réconciliation, faire face à la demande sociale dans le cadre du Programme d’urgences sociales. Il s’agit aussi de continuer les efforts sur le plan sécuritaire, sur le plan de la défense nationale pour assurer un contrôle de l’Etat sur l’ensemble de notre territoire et faire en sorte que les élections qui sont prévues cette année puissent se tenir à bonne date, dans une ambiance nationale de cohésion pour que le mandat qui arrive à terme puisse être renouvelé dans de meilleures conditions possibles.
Au total, moi je suis dans un état d’esprit très positif. Et nous devons travailler vite et efficacement. Aujourd’hui, c’est cela l’axe central que nous avons déjà commencé à conduire en termes de diplomatie et de mise en œuvre de la politique extérieure.
Justement, vous avez été ministre des Affaires étrangères pendant la Transition, de 2012 à 2013. Y a-t-il une différence dans la tâche si l’on tient compte des contextes ?
Ah oui ! Il y a une différence parce qu’en 2012-2013, vous vous souvenez que nous étions dans un contexte très difficile. Il fallait reprendre notre place sur le plan international et nous avons pu le faire. Cela a été surtout concrétisé, c’est vrai, par la mobilisation de l’ensemble de la communauté internationale, mais aussi par tout le processus électoral, qui a été mis en œuvre par le gouvernement de transition. Cela afin que le Mali puisse se doter d’un dispositif institutionnel conforme à notre Constitution et conforme aussi aux engagements internationaux du Mali. Nous avons subi un coup d’Etat or les prises de pouvoir par la force sont non seulement interdites par notre Constitution, mais d’un point de vue international, cela entraîne de conséquences. Elles ont été levées entre 2012 et 2013 et puis nous avons rétabli la Constitution malienne dans ses “droits”. C’est ce qui nous a valu l’élection du président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, l’élection du Parlement et l’accomplissement d’un certain nombre de progrès en termes de réconciliation nationale.
La signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation a été faite par un dispositif institutionnel avec à sa tête le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta. Il s’agit bien d’un dispositif régulier conforme à nos textes donc en toute légitimité. Et aujourd’hui, nous devons continuer la tâche dans le cadre du chronogramme des actions prioritaires qui a été endossé par la 23ème session du Comité de suivi de l’Accord pour la paix et la réconciliation.
Une feuille de route qui a été conclue par le Premier ministre avec les différents partenaires pour que d’ici à la fin du mois de mars nous puissions mettre tout cela en œuvre. L’objectif étant évidemment que le Mali renforce sa place dans le concert des nations. Je pense que beaucoup a été fait. Pour exemple, notre récente présidence du G5 Sahel, une présidence brûlante qui a pu permettre des progrès réels pour cette organisation, notamment pour sa composante militaire, qui est la force conjointe.
Nous nous retrouverons à Bruxelles dans quelques jours pour la Conférence du Sahel, qui va recevoir encore plus de contributions non seulement pour continuer à soutenir le projet militaire, mais aussi les projets de développement, qui sont vraiment nécessaires. Cela afin d’accompagner l’action militaire pour que les populations, là où elles sont, puissent avoir une perspective différente en termes de développement. Ce sera en harmonie entre nos cinq pays du G5 Sahel, mais aussi nos partenaires de l’Alliance Sahel. Les consignes étant que le programme d’investissement prioritaire du G5 Sahel soit en harmonie avec l’agenda des pays de l’alliance. Mais, que tout cela puisse être cohérent avec nos priorités nationales. C’est pour vous dire que les contextes ne sont pas les mêmes. Nous avons fait beaucoup de progrès depuis 2013 et il faut continuer parce qu’il reste encore des tâches à exécuter, en ce qui concerne la composante politique et institutionnelle de l’Accord pour la paix et la réconciliation et la composante défense et sécurité, notamment le début de la mise en œuvre du processus de Ddr.
Peut-on savoir précisément les grandes lignes de vos priorités à l’heure actuelle ?
Il faut mettre en œuvre l’Accord pour la paix et la réconciliation. Cela avec l’ensemble des partenaires, à savoir la médiation internationale, la Minusma… Vous savez que nous avons un certain nombre de missions qui concernent le Comité d’experts qui est chargé de la mise en œuvre du régime de sanctions prévues par une résolution du Conseil de sécurité à l’endroit de ceux qui entravent la mise en œuvre de l’Accord.
Il faut noter qu’il y a des groupes non signataires de l’Accord pour la paix, qui par action de perturbation, mettent en péril tous les progrès que nous faisons pour que le Mali retrouve la paix.
Notre priorité, c’est de continuer à mobiliser la communauté internationale pour les nécessiteux du G5 Sahel comme je vous l’ai dit, pour le soutien relatif au Programme d’urgence social, pour le soutien relatif au retour des réfugiés. Et puis que la Communauté internationale nous aide à renforcer la cohérence qui existe déjà, je tiens à le signaler, entre les parties maliennes. Les gens oublient souvent qu’il y a eu d’énormes progrès depuis 2015. Il n’y a plus de confrontation directe entre l’Armée du Mali et les Mouvements signataires et même les confrontations qui existaient entre les mouvements armés signataires, eux-mêmes, ont cessé. Donc, les parties maliennes se parlent. Cela est un progrès absolument important. Et c’est cela qui permet aujourd’hui d’avoir des points d’accord qui ne sont pas négligeables entre les parties maliennes. Mais tout cela doit être concrétisé dans les semaines qui viennent par des progrès attendus pour ce qui concerne le processus de Ddr.
En tant que ministre des Affaires étrangères, comment avez-vous ressenti les récriminations des Nations-unies envers le Mali en ce qui concerne la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation ?
En fait, moi je n’ai pas senti qu’il y avait des récriminations contre le Mali. Ce qui s’est passé, c’est qu’à la fin de l’année dernière, au cours du second semestre, le Mali ayant constaté des manœuvres incessantes qui ont entravé la mise en œuvre de l’Accord, ayant constaté que des affrontements entre certains groupes étaient de nature à mettre en péril nos efforts pour la mise en œuvre de l’Accord, le Gouvernement a sollicité le Conseil de sécurité des Nations-unies afin qu’un régime de sanctions soit mis en place à l’encontre de ces groupes que nous considérons comme hostiles à l’Accord ou souvent hostiles de manière indirecte. Ainsi, nous avons obtenu une Résolution du Conseil de sécurité qui instaure un régime de sanctions contre ces groupes-là. J’assume de manière très forte que c’est à l’initiative du gouvernement du Mali, à sa demande.
Lors de l’examen du 4ème rapport du secrétaire général des Nations- unies, il y a juste quelques semaines à New York, le Mali a souhaité que la communauté internationale encourage l’ensemble des acteurs à respecter les engagements qui ont été pris. Nous avons insisté auprès du Conseil de sécurité, auprès des représentants permanents des pays directement impliqués dans la médiation au Mali pour que chaque partie soit appelée à ses obligations. Et nous avons dit, au-delà de cela, qu’il faut que le régime de sanctions prévu puisse être activé pour que ceux qui sont considérés comme des forces hostiles à l’Accord puissent entendre ce message et les stimuler à arrêter leurs actions nocives pour notre processus de paix. Alors, cela a été repris souvent de manière un peu, je dirais paradoxal, parce que c’est ce que nous avons demandé. Certains observateurs ont estimé que c’est nous-mêmes qui étions visés.
Je dois vous dire clairement que le gouvernement du Mali a comme position que chaque acteur qui se rendait coupable d’entrave à la mise en œuvre de l’Accord pour la paix devra en subir les conséquences. Cela est très clair. Et le gouvernement n’a pas peur de cela parce qu’il ne fait rien pour entraver la mise en œuvre de l’Accord. Au contraire, le gouvernement fait tout pour que cela puisse avancer. Il peut arriver que certaines de nos décisions puissent être objet de critiques. Nous accueillions les observations et les critiques des partenaires, mais à date, je ne sache pas une décision du gouvernement du Mali ou une posture du gouvernement ou d’un quelconque membre du gouvernement ou d’un démembrement du dispositif gouvernemental malien susceptible de sanctions pour avoir entravé la mise en œuvre de l’Accord pour la paix.
Monsieur le Ministre, vous préparez une Conférence internationale à Bruxelles. De quoi s’agit-il exactement ?
Le 23 février prochain se tiendra à Bruxelles la Conférence Sahel. Vous savez qu’à cette date, il y a eu à peu près 294 millions d’Euro de contributions annoncées en soutien à la force conjointe. Comme je disais, l’action militaire ne suffit pas pour régler tous les problèmes dans notre espace. Il y a de grands défis de développement, il y a de grandes lacunes qui doivent être comblées. Cela nécessite une forte mobilisation. C’est pour ça que les partenaires extra G5 Sahel, que ce soit sur le continent africain ou sur d’autres continents vont se retrouver à Bruxelles autour de nos chefs d’Etat afin de voir comment procéder à enclencher un effort mieux coordonné, plus massif, pour que le volet militaire et le volet développement soient l’objet de contributions à hauteur de nos défis. Nous avons donc beaucoup d’espoir pour cette Conférence internationale de Bruxelles.
Justement, Monsieur le Ministre, une Conférence du genre s’était déjà tenue à Bruxelles lorsque vous étiez ministre des Affaires étrangères pendant la dernière Transition. Est-ce que les engagements des amis du Mali ont été respectés ? Si oui, à quelle hauteur ?
C’était plus précisément le 15 mai 2015. Il s’agissait seulement du Mali. Alors que la Conférence du 23 février prochain concerne le Sahel en général. Pour ce qui concerne la Conférence de Bruxelles de mai 2015, je pense que le Mali se satisfait de ce qui a été fait. Vous savez que dans ce genre de processus, vous n’atteignez pas 100 % de succès, mais si vous arrivez à atteindre 80, 85 ou 90 % de succès, vous pouvez vous estimer heureux. Pour le cas du Mali, je dois préciser que beaucoup ont été faits. C’est ce qui nous a aidés d’ailleurs à sortir de la mauvaise passe des années 2012 et 2013. Ce qui nous a permis de mettre un plan de redressement économique précoce en direction d’un certain nombre de populations à travers le territoire du Mali. Un soutien qui a été apporté sur le plan budgétaire au Mali. L’Union européenne avait fait un accord considérable dont une partie était en forme d’une aide budgétaire. D’autres pays ont contribué en appuyant des projets.
Au total, sans aller dans les chiffres, je dois vous dire que le Mali peut se satisfaire du processus, qui a été engagé à Bruxelles en 2013. Encore une fois, aujourd’hui, l’exercice qui va se faire le 23 février concerne le Sahel.
Monsieur le Ministre, le respect du calendrier républicain est un des signes de stabilité d’un pays. Quel rôle le ministre des Affaires étrangères, que vous êtes, joue-t-il pour permettre la tenue des élections ?
Le ministre des Affaires étrangères est tourné vers l’action extérieure, mais évidemment sur le plan interne nous avons un certain nombre de diligences que nous conduisons avec les représentants des Etats en poste chez nous, les organisations internationales. D’abord rassurer chacun de ce que notre objectif n’est pas équivoque. Les élections doivent se tenir. Je pense qu’en réalité ce qui est visé dans ce débat, c’est l’élection de la première institution du pays, du président de la République. Le week-end dernier, le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga, à Mopti, a été très clair. Il a donné la date du 29 juillet pour la tenue du 1er tour de l’élection présidentielle. Cela est non seulement notre obligation, mais aussi et surtout notre souhait. Et nous avons une volonté affichée, encore une fois, sans équivoque, pour que cela se fasse. Vous vous rendez compte qu’après 2012 et 2013, il serait difficile, après tous ces efforts qui ont été faits pour ramener le Mali dans une normalité constitutionnelle, que nous-mêmes décidions de mettre les institutions entre parenthèses et d’aller dans une Transition dont j’ai du mal à concevoir non seulement sa mécanique interne, mais je ne sais pas sur quelle base juridique nous nous retrouverions, si par extraordinaire une telle option pouvait être retenue. Evidemment, nous ne souhaitons pas que des événements particuliers puissent nous conduire dans une telle impasse et rien d’ailleurs ne le justifierait. Absolument rien ! Donc, nous disons clairement à la Communauté internationale, nous disons clairement à nos concitoyens de se mobiliser et de se préparer psychologiquement pour que ce rendez-vous démocratique du mois de juillet puisse se tenir. C’est à chaque acteur, de quelque bord qu’il soit, de se préparer afin que l’expression démocratique puisse être entendue de manière claire à la fin du mois de juillet. C’est à cela que le gouvernement travaille.
Pour ma part, je pense que la communauté diplomatique n’a pas de doute aujourd’hui pour la tenue des élections. Et ce n’est pas bien de cultiver le doute sur ce point parce que c’est démobilisateur, parce que ça crée de l’inquiétude, parce que dans une telle perspective personne n’est sûr de ce qui va se passer. Or, nous savons que nous avons prévu le 1er tour de l’élection présidentielle le 29 juillet. C’est une échéance importante. Elle est structurante pour l’ensemble du peuple. Donc, il faut que les choses soient claires. Le gouvernement du Mali est engagé à cela et fera en sorte de tenir cette échéance, le 29 juillet.
Avez-vous noté de la part des pays amis du Mali, notamment les grandes puissances, une volonté réelle d’aider le Mali à tenir les élections à bonne date ? Si oui, quels en sont les signes rassurants ?
Nous avons surtout entendu des observations amicales, qui nous demandaient de tout faire pour que cette échéance ne soit pas mise à péril. Souvent d’ailleurs à notre grande surprise parce que nous ne voyons pas de raison à ce que cela ne soit pas. Je pense que tous les amis du Mali sont rassurés. Et les partenaires qui ont aidé le Mali en 2012 -2013 à organiser les élections, non seulement d’un point de vue politique, mais d’un point de vue logistique et matériel, sont là. Ils sont désireux d’accompagner le Mali cette année encore. Le gouvernement accueille favorablement toutes ces annonces. Maintenant, pour le reste, ce que nous pourrions identifier comme gage de leur engagement, c’est au quotidien les entretiens que nous avons avec eux et souvent l’insistance que les partenaires eux-mêmes mettent à nous rencontrer afin que nous puissions discuter ensemble de la manière la meilleure pour faire avancer le processus électoral. Nous savons que ce processus est une composante importante de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation. Sans autorités légitimes, vous pouvez difficilement réorganiser un pays. Vous pouvez difficilement le réconcilier. Il faut absolument que, quelque part, nous ayons la légitimité populaire afin de poursuivre notre route de sortie de crise.
Monsieur le Ministre, lorsqu’on parle d’élections on pense aussi à la Présidentielle et votre formation politique, l’UDD, a été le premier parti à déclarer que le président IBK est son candidat pour 2018. Cela veut-il dire que vous assumez complètement le bilan d’IBK ?
Mais bien sûr ! Ce n’est pas simplement le bilan du président IBK, c’est notre bilan. Et je me réjouis que vous souligniez le bilan parce qu’effectivement il y a un bilan. Peut-être le moment viendra où nous allons en faire l’inventaire et la liste exhaustive de nos avancées. Ce moment viendra. Mais au niveau de l’UDD, nous sommes dans une cohérence politique claire. Nous avons porté la candidature d’IBK en 2013, nous l’avons soutenue, nous sommes allés à la conquête des suffrages pour ce mandat-là. Mais c’est donc notre mandat. Je ne suis pas de ceux qui disent que c’est le bilan du président Ibrahim Boubacar Kéïta. C’est notre bilan à nous. IBK est le président de la République, mais nous tous, formations politiques, acteurs de la première année de ce voyage, nous savons que nous ne sommes pas à la destination, mais nous avons parcouru un long chemin. Et sur ce long chemin, nous avons posé un certain nombre d’actes qui, aujourd’hui, servent le Mali.
Encore une fois, nous tiendrons la liste exhaustive des points positifs de ce trajet que nous avons effectué avec le président IBK. J’observe que sur le plan économique, par la grâce de Dieu, grâce à nos efforts à nous, grâce à des décisions pertinentes qui ont été prises, nous avons pu maintenir le cap, même si nous n’avons pas tout réussi. Aujourd’hui, le Mali occupe un rang qui n’est pas du tout ridicule dans notre région monétaire économique. Il ne faut pas, peut-être, trop se vanter, mais on observe que sur le plan agricole, des efforts ont été faits.
Vous savez, les réformes donnent des résultats sur le long terme. C’est en cela que réside l’ingratitude de l’action politique. Ne comptez pas là sur un gain immédiat encore moins une reconnaissance immédiate. En revanche, vous pouvez compter sur la force de nos arguments et la clarté de nos explications. Justement, arrivera bientôt, très bientôt, le moment où des arguments réfutables seront posés sur la table où des explications claires seront données. Et le peuple n’est pas dupe, encore moins sourd. Nous verrons en ce moment-là. C’est pourquoi, d’ailleurs, il faut que psychologiquement et matériellement chacun se prépare aux débats politiques. Je dis bien aux débats politiques. Je ne parle pas d’autre chose. Pas de débats de personne, pas d’injures ou des comportements qui sont contre notre tradition de courtoisie. Il s’agit bien de débats des idées, de propositions. Et puis, je pense qu’au Mali, nous nous connaissons tous.
Je suis clair. L’UDD est un parti cohérent depuis toujours. Et cela n’a pas commencé avec nous, mais avec ceux qui l’ont créée. Nous avons une ligne politique claire, qui ne veut pas d’équivoque. C’est cela notre héritage. Et nous allons magnifier cet héritage. Nous resterons dans la cohérence.
Comment se porte aujourd’hui l’UDD ?
Le parti UDD se porte assez bien aujourd’hui. Nous avons fait beaucoup de progrès, pas suffisant. Nous enregistrons des adhésions. Nous comptons aujourd’hui 5 fois plus de conseillers municipaux. Nous avons enregistré des progrès dans l’implantation du parti y compris en dehors du Mali. Je pense que ce travail doit être continuer.
Je crois que le Mali a parcouru un chemin, qui mérite d’être analysé, qui à mon sens appelle à la réflexion vers quelque chose en terme d’appareil, mais aussi en terme de contenu d’ordre politique adapté à la situation. Nous devons aujourd’hui nous ouvrir à la nouvelle génération. Cela suppose que nous puissions leur faire une offre politique répondant à leurs aspirations. Ce que je veux dire simplement, c’est qu’il y a peut-être besoin, qu’aujourd’hui, les acteurs politiques, les chefs politiques, en tout cas, ceux qui peuvent construire, bâtir ensemble, se retrouvent pour voir ce qui a de mieux afin que notre action politique corresponde aux nécessiteux du moment et peut-être se retrouver dans des ensembles forts, plutôt que d’être chacun un tout petit fort dans un coin sans véritable levier pour faire la “bascule”.
Je veux dire qu’à l’UDD nous sommes partisans de regroupement. Nous pensons que 30 ans après, il est peut-être temps d’envisager les choses autrement pour ce qui concerne les partis politiques au Mali. Je rêve d’un Pacte social libéral au Mali, qui aura toute sa place à l’entreprise privée, à une économie ouverte. Un Etat qui prend les dispositions, qui créée le cadre pour qu’une véritable force industrielle, économique et nationale puisse émerger. C’est vrai, les capitaux étrangers peuvent venir, mais il faut privilégier la construction d’un pôle économique, libéral, national. Les nécessités sociales sont telles que nous ne pouvons pas continuer, structurellement parlant, à faire ce que nous faisons. Aucun budget qui s’appuie sur la structure actuelle de notre économie ne pourra satisfaire la demande sociale, qui est de plus en plus croissante. Nous serons 30 millions de Maliens en 2050, peut-être plus. Selon les statistiques, 70% de ces populations auront moins de 24 ans. Cela nous interpelle. Et l’UDD a déjà fait quelques propositions à certains partis politiques, mais nous devons nous donner le temps de réfléchir à ce Pacte libéral social pour que non seulement notre force économique nationale, les acteurs nationaux, puissent avoir en face d’eux des hommes politiques engagés pour créer le cadre de leur épanouissement et de la construction de la puissance économique nationale du Mali.
Peut-on dire aujourd’hui que votre parti UDD est partant pour un second mandat du président IBK ?
Les différents partis de la Convention de la majorité présidentielle, quel que soit le cadre, vont se retrouver. Je pense qu’ils vont décider de ce qu’ils vont faire ensemble collectivement. Cela est nécessaire. Il faut construire rapidement l’action collective. Je vous ai dit tantôt que l’UDD est dans la cohérence. Pour le moment, le président IBK n’a pas annoncé sa candidature. Mais tel que nous avons travaillé en 2012 et 2013, nous attendrons que le président de la République se détermine afin d’annoncer ce que nous devons annoncer. Ce dont vous devez est sûr, c’est que l’UDD est cohérente.
Le président de la République est celui que nous avons choisi comme candidat, que nous avons choisi d’accompagner en 2013. Il commencé un travail. Nous avons fait du mieux que nous puissions et nous continuerons tel qu’il a dit jusqu’au dernier jour de ce mandat à travailler pour le Mali.
Le second mandat dépend de sa volonté à lui de continuer ce travail qu’il a commencé et qui est historique. C’est une mission historique. Je pense raisonnablement qu’il ne se dérobera pas à cette mission.
Monsieur le Ministre, votre dernier mot ?
Je dirai tout simplement, mobilisons-nous ! Amis du Mali mobilisons-nous ! Peuple du Mali mobilise toi ! Notre pays a encore besoin de beaucoup d’efforts. Et il faut une union sacrée autour du Mali, d’abord celle des Maliens. Je n’ai aucun souci à parler avec l’ensemble des acteurs. Je n’ai pas d’ennemi au Mali, mais j’ai pu avoir des adversaires lors de batailles politiques. Chaque Malien est mon frère. L’UDD n’a pas d’ennemi. D’ailleurs, aujourd’hui, si nous pouvions être entendus, nous appellerions une union nationale autour de ce qui est essentiel pour faire bloc. Faisons de notre pays, un pays fort. Les Maliens en ont besoin.
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Réalisé par A.B. HAÏDARA
Source: Aujourd’hui-Mali