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L’Adema au départ de la présidentielle de 2018 : La Ruche entre l’espoir de la reconquête du pouvoir et le risque d’une nouvelle “césarienne”

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L’Adema départ présidentielle 2018 Ruche l’espoir reconquête pouvoir risque nouvelle césarienne

 

Le mercredi 14 février 2018, les projecteurs de la République étaient braqués sur la “Ruche” (le siège de l’Alliance pour la démocratie au Mali – Parti africain pour la solidarité et la justice, Adéma-Pasj) à Bamako-Coura) où les “abeilles” devaient prendre une décision dont les deux options sont lourdes de conséquences : aligner un candidat dans le starting-block de la présidentielle de 2018 ou soutenir Ibrahim Boubacar Keïta. Les débats auraient été houleux. Mais les partisans d’une candidature interne ont eu gain de cause.

L’Alliance pour la démocratie au Mali – Parti africain pour la solidarité et la justice (Adéma-Pasj) sera bien présente dans le starting-block du premier tour de la présidentielle annoncée pour le 29 juillet 2018 par le Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga. Ainsi en a décidé son comité exécutif (CE) réuni en séance extraordinaire, le mercredi 14 février 2018, à son siège à Bamako-Coura.

Mieux, la Ruche privilégie la désignation d’un candidat consensuel et rassembleur issu de ses rangs pour l’élection présidentielle de 2018. Son joker sera donc désigné suite à un appel à candidatures dont les termes et les critères seront définis par le CE dans les meilleurs délais.

Cette option est conforme à l’esprit de la Déclaration faite lors de la retraite politique le 22 Juillet 2017. Le choix d’un candidat consensuel (et non des primaires qui aboutissent toujours sur des césariennes) prouve que cette chapelle politique a visiblement tiré les leçons du passé.

Enfin ! Oui enfin ! L’Adéma a franchi un cap courageux et décide d’être, pour paraphraser un confrère sur les réseaux sociaux, “un parti politique” en présentant un candidat à la présidentielle de 2018.

Naturellement, la décision n’a pas été facile à prendre d’autant plus que, ces derniers jours, le CE peinait à dissimuler à l’opinion publique sa profonde division sur la question. Tout comme le fossé était de plus en plus large entre les cadres déçus et les élus, ainsi que les “ministres Adéma” visiblement soucieux de sauver leurs strapontins par un soutien à la candidature d’Ibrahim Boubacar Keïta !

Mais, pour de nombreux observateurs, “l’Appel aux militants” de Mme Konté Fatoumata Doumbia a fait son effet en termes de regain de conscience, de sursaut d’orgueil au sein de la Ruche. Présidente du mouvement des femmes, 5e vice-présidente du CE et secrétaire politique de la section Adéma-Pasj de la commune I du district de Bamako, cette courageuse femme-leader politique a, à la veille de cette réunion capitale, dénoncé l’achat de conscience auquel s’adonnent certains leaders du parti de l’abeille pour empêcher une candidature interne.

Echec et mat pour les “trois mousquetaires”

«A tous les niveaux, dans nos comités, dans nos sous-sections et dans nos sections de l’intérieur comme de l’extérieur, je vous sais suffisamment inquiets de la situation actuelle de notre parti, voire du pays. Une situation jamais connue jusque-là, caractérisée par la perte en vitesse de notre représentation dans les Institutions mais surtout par le discrédit général sur notre parti par la faute de notre Comité exécutif(CE) dont certains sont beaucoup plus préoccupés à profiter des prébendes du pouvoir pour leurs intérêts exclusivement personnels», a déploré Mme Konté.

Elle avait indexé, sans les nommer, “trois mousquetaires”, dont deux députés, qui ont «pris 60 millions avec nos amis du pouvoir à la veille de notre dernière conférence nationale avec comme objectif inavoué d’acheter les délégués en les empêchant ainsi de parler de candidature interne de l’Adéma-Pasj…».

«Combien d’autres enveloppes auraient été soutirées de nos amis du pouvoir contre la promesse de soutenir IBK en 2018 ? Des centaines de millions, me semble-t-il», a-t-elle dénoncé dans son appel aux militants.

Ainsi, ceux qui se bagarraient pour sauvegarder leurs petits intérêts personnels ont le choix entre adhérer à cette décision de la majorité ou quitter le navire et rejoindre IBK et le RPM pour sauvegarder leurs intérêts. En tant que parti politique, il était en tout cas du devoir de l’Adéma de s’aligner pour reconquérir le pouvoir. Ce qui est d’ailleurs la raison d’être de toute chapelle politique digne de ce nom.

Le choix de renoncer aux primaires pour un candidat consensuel découle du souci de sauvegarder l’unité et la cohésion au sein du parti dans sa quête légitime de reconquérir le palais présidentiel de Koulouba. En effet, de 2001 à 2013, le choix du porte-étendard de la Ruche a abouti au départ de cadres influents comme Ibrahim Boubacar Keïta (2001), Soumaïla Cissé (2003), Soumeylou Boubèye Maïga (2007) et Ibrahim Ndiaye dit Iba en 2013. Ceux-ci ont quitté Bamako-Coura avec leurs fidèles soit pour fonder leurs propres chapelles (RPM, URD, Asma ou rejoindre d’autres formations politiques.

Dioncounda Traoré, le rassembleur naturel ?

En faisant l’économie d’une primaire au profit du choix consensuel, l’Alliance se met-elle à l’abri d’une nouvelle césarienne ? Rien n’est moins sûr ! Ce choix du CE doit logiquement se traduire par la démission de ses ministres présents dans le Gouvernement et le retrait du parti de la Convention de la majorité présidentielle (CMP).

Tous les ministres et les nombreux élus sont-ils prêts à faire ce sacrifice ? Rien n’est moins sûr si l’on se réfère à certaines indiscrétions rapportées par des escorte-girls des Lounge VIP de l’ACI 2000. C’est donc là une première source de tension qui peut provoquer un court-circuit dans la Ruche de Bamako-Coura.

L’autre option est de quitter le navire. Quel sera par exemple l’attitude de Kalfa Sanogo, maire de Sikasso et candidat annoncé à l’investiture depuis de longs mois, et de Dramane Dembélé, candidat malheureux au premier tour de la présidentielle de 2013 si le choix consensuel ne porte pas sur eux ? Avec leurs moyens financiers et leurs fan’s clubs de plus en plus larges, vont-ils jouer le jeu en soutenant sincèrement le candidat du consensus ? Pourront-ils résister à la tentation de prendre le départ en indépendants ? Quelle sera l’attitude des élus, singulièrement des députés, qui ont remué ciel et terre pour enterrer l’idée d’une candidature interne à l’Adéma ?

Les réponses à ces questions en diront plus sur le bien-fondé de s’aligner avec un homme ou une femme désigné de façon consensuelle. La Ruche a-t-elle alors un candidat “naturel” et rassembleur ? A cette question, beaucoup de regards se tournent vers Dioncounda Traoré. «Dioncounda est le seul capable de rallier tous les courants de l’Adéma à sa candidature», pense un élu sous le sceau de l’anonymat. Un choix entériné par plusieurs cadres interrogés sur le sujet.

Son atout est sans doute son statut d’un des pères fondateurs de la Ruche et son expérience dans la gestion des institutions de la République. Le fils prodige de Nara a été plusieurs fois ministre, président de l’Assemblée nationale avant d’être président de la République par intérim du 12 avril 2012 au 4 septembre 2013.

Mais, l’âge  (76 ans le 23 février prochain) est véritablement le handicap pour le natif de Kati (23 février 1942) car beaucoup de Maliens appellent de toutes leurs forces le rajeunissement des dirigeants de nos institutions. Et même si cet homme d’Etat porte ses 76 ans avec une forme éblouissante, il aura besoin de plus d’arguments pour convaincre ceux qui veulent inexorablement pousser nos “bouaw” (nos pères) vers la retraite politique. A condition qu’il ait aussi réellement envie de s’aligner dans cette course.

En effet, selon les indiscrétions de certains proches, cet homme dévoué, fidèle, loyal dans l’amitié, ne voudrait en aucune manière entrer dans la danse sans être sûr qu’IBK va renoncer à briguer un second mandat. Une autre équation que la Ruche doit résoudre !

Et pourquoi ne pas lorgner alors du côté des femmes ? Mme Sy Kadiatou Sow, Adam Ba Konaré… sont de vraies “abeilles” qui peuvent surprendre leurs adversaires dans le starting-block !

 

Hamady Tamba

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Source : Le Matin

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