L’opération «Serval» qui délogea en 2013 les jihadistes des villes du Nord-Mali fut pensée et menée quasi exclusivement par la France, avec l’armée tchadienne comme seule alliée. Puis la Mission des Nations unies pour le Mali a déployé ses 13 000 personnels dans le pays et l’UE a pris en charge un programme de formation de l’armée malienne. Mais la France se sent encore bien isolée dans ce grand Sahel. Depuis son élection, Emmanuel Macron s’est démené pour rompre cette solitude devenue pesante.
Est-ce de l’idéologie (le président français a souvent rappelé son attachement au multilatéralisme) ou du pragmatisme («Barkhane», qui a remplacé «Serval», coûte cher et n’a pas réussi à éradiquer les groupes terroristes ni permis le retour de l’Etat malien dans les zones abandonnées) ? Sans doute un peu des deux. Pour la première fois, à La-Celle-Saint-Cloud (Yvelines), le 13 décembre, le chef de l’Etat a employé l’expression «coalition Sahel» . Ce jour-là, il recevait dans un château de la banlieue parisienne des chefs d’Etat et de gouvernement mobilisés sur ce dossier régional. A travers l’organisation du G5 Sahel (qui regroupe la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad), Macron a trouvé l’outil idéal pour mutualiser le fardeau, financier et militaire, de cette crise qui s’éternise.
Paris a donc poussé pour une nouvelle étape : la tenue d’une «conférence de haut niveau pour le Sahel», vendredi à Bruxelles. Au-delà des nouvelles promesses de dons pour mettre sur pied et équiper les 5 000 hommes qui doivent composer la force conjointe du G5 (la représentante de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, a annoncé que 414 millions d’euros ont été mobilisés à cette occasion), le Président a réussi à réunir 32 dirigeants pour se pencher sur cette vaste zone semi-désertique où se mêlent problèmes de développement, criminalité, terrorisme et changement climatique.
A La-Celle-Saint-Cloud, il n’avait été question que de sécurité. Le sommet de Bruxelles a laissé une place au sujet du développement. Macron a annoncé une augmentation de 40 % du budget de l’aide française à destination des pays du Sahel, soit 1,2 milliard d’euros pour la période 2018-2022. L’Allemagne investira de son côté 1,7 milliard. Quelque 400 projets (pour un coût total de 6 milliards) ont déjà été identifiés dans le cadre de l’Alliance pour le Sahel, qui doit devenir le principal «tuyau» de l’aide dans la région.
Chose rare, la France a également dressé un bilan chiffré de son action militaire. La ministre des Armées, Florence Parly, citée par le Parisien, a évoqué un total de 450 jihadistes «neutralisés» depuis le lancement de «Barkhane» à l’été 2014. La semaine dernière a été particulièrement tendue. Au cours de deux opérations d’envergure menées à trois jours d’intervalle, visant des groupes liés à Al-Qaeda et à l’Etat islamique selon l’état-major des armées, une vingtaine de combattants ont été tués. Mercredi, deux soldats français sont morts dans l’explosion d’une mine au passage de leur convoi.
Sommet de Bruxelles Macron met grain Sahel