Qui voudra encore parler avec les chefs terroristes ? Au vu du nombre des victimes civiles – on parle pour l’instant de 80 – il faut espérer que l’attentat du 2 mars à Ouagadougou marquera suffisamment longtemps notre mémoire à tous. Cette misérable tuerie doit nous servir d’illustration, de symbole, surtout à ceux qui pensent encore que l’on peut se soumettre aux conditions de ces chefs terroristes.
Les FAMa, Barkhane et ceux qui les soutiennent ont infligé des pertes sévères aux groupes terroristes ces dernières semaines. Le JNIM de Iyad Ag Ghaly a été frappé au fin fond de l’Adrar des Ifoghas mi-février. L’EIGS d’Abou Walid Sahraoui a perdu de nombreux combattants au sud de la RN20 fin février. Les FAMa ratissent le centre du Mali et traquent la katiba Macina d’Amadou Koufa depuis fin janvier et la force du G5 Sahel se met en place. La preuve est faite par ailleurs aujourd’hui avec le tragique attentat de Ouagadougou que les groupes armés terroristes, très sérieusement affaiblis, réagissent en se dérobant du territoire malien. Défaits sur le terrain, les groupes terroristes sont contraints par les défections dans leurs rangs, par leur difficulté à recruter des combattants, à procéder à des attaques qui témoignent paradoxalement de leurs faiblesses. C’est ce qu’on appelle mener une guerre « asymétrique », une guerre de faible, sans lendemain. C’est bien cette guerre qui se déroule sous nos yeux, ici, au Sahel.
D’abord, ils recourent aux procédés du faible, les mines et les engins explosifs placés le long de nos routes. Les terroristes ont ainsi piégé les axes entre Mopti et Menaka, Ansongo et Tessalit mais aussi en plein centre ville comme à Kidal ces derniers jours. A moindre frais pour eux, ce type d’action leur permet de faire parler d’eux, quitte à ce que les populations civiles et leurs propres familles en soient les victimes, comme à Boni où 24 innocents ont été tués dans un camion. Les terroristes ne peuvent donc pas faire durer trop longtemps cette méthode qui peut se retourner contre eux en les faisant dénoncer par la population.
Ensuite, ils polémiquent dans les medias. La méthode consiste à faire culpabiliser l’opinion publique en rappelant que les otages sont vivants et ont des fragilités de santé qui nécessitent d’engager des négociations aux conditions des ravisseurs. L’opinion publique est toujours sensible à ce type d’appel de détresse. C’est ce que le JNIM a fait une nouvelle fois le 1er mars en diffusant une vidéo de Sophie Pétronin.
Enfin, dernière triste solution de ces criminels, les attentats sur les foules de civils innocents dans les grandes capitales du Sahel, pour que les terroristes puissent compenser leurs défaites militaires par une présence dans les médias. Tout cela est bien connu. Malheureusement notre mémoire semble nous manquer parfois ! A Ouaga, ce sont 30 morts au Cappucino le 15 janvier 2016 par AQMI, 19 à l’Aziz Istanbul le 14 août 2017 par AQMI/EIGS et maintenant, le 2 mars, un troisième massacre. Cette fois-ci, ce sont des employés de l’administration dans un bâtiment militaire qui ont été visés… Mais, à chaque fois, ce sont de jeunes combattants sans travail, drogués et manipulés par des chefs terroristes que l’on envoie se faire tuer.
Ceci doit conduire chacun d’entre nous à réfléchir. Faudra-t-il un massacre de masse de plus pour comprendre qu’il n’y a rien à négocier tant que les groupes terroristes ne sont pas complètement désorganisés et tant que leurs chefs ne sont pas passés ou bien par les armes s’ils résistent ou bien devant la justice ? Faudra-t-il que, cette fois-ci, Bamako soit frappée, juste avant nos élections présidentielles pour comprendre qu’il n’y a pas d’autre voie ? Certains, comme l’Imam Dicko, voudraient que les peuples malien et burkinabé cèdent au chant des sirènes et négocient avec les pires des chefs terroristes, nous laissant croire qu’Iyad Ag Ghaly peut nous sortir de la crise au Mali et au Sahel ! Qui peut le croire au lendemain de cet attentat ? Qui peut le croire, au lendemain de la revendication par le JNIM de l’attaque de Boni contre 24 civils ?
« Si tu veux la paix, prépare la guerre »… La guerre n’est certes pas une finalité pour une communauté comme celle du Mali, mais c’est un moyen pour atteindre la paix. Nous gagnerons la paix en défaisant une bonne fois pour toute les organisations des terroristes jusqu’à ce qu’ils donnent des signes de reddition sans ambigüité. Sinon il y a fort à parier sur un nouvel attentat dans quelques mois à Bamako cette fois ! Récupérons les simples combattants terroristes égarés mais pas les criminels, les monstres qui les conduisent. Qu’ils continuent à déserter les katibas comme ils le font déjà devant la force qui leur est infligée.
Attentat Ouaga démonstration faite irrécupérables
Ismaïla DIARRA @idiarra661