Mondafrique vient de rappeler le général d’armée Moussa Traoré aux (bons) souvenirs des Maliens. Le site vient de porter à leur connaissance deux interviews de celui qu’avec affection, le peuple avait surnommé Balla et qui, par la suite, a été surnommé le ‘’Dictateur’’. La première interview est relative au rôle des religieux sur la politique. Pratiquement, elle est passée inaperçue. La seconde est inspirée par l’intervention française au Mali.
Elle a suscité bon nombre de réactions allant de l’invective à la reconnaissance du mérite. Tout le débat est parti de la reprise d’une question orale posée par un journaliste de France 24 : « Qu’est-ce qu’elle est devenue la Grande Armée malienne ? » L’ayant reprise, le ‘’Dictateur’’ l’a commentée : « Effectivement il y avait une grande armée malienne ». Sur ce point, pas de divergences.
Les divergences ont surgit quand il s’est agi de savoir quelle a été la contribution des uns et des autres dans le délitement de notre outil de défense. Certains ont pointé du doigt la responsabilité de Moussa Traoré. Selon eux, la puissance de l’armée malienne serait due à Modibo Keïta ; sa destruction a eu, comme initiateur, Moussa Traoré.
Sur le sujet, nous nous sommes documentés à partir de bon nombre de témoignages ; témoignages du capitaine Soungalo Samaké, de feu le colonel Hassimi Dembélé, des colonels Ousmane Coulibaly et Badara N’Diaye, d’un groupe d’officiers auteurs de deux inédits dont « Mémoire historique et combattante de l’armée ». C’est dire que le matériau ne manque pas, il demande seulement à être utilisé.
De cette documentation qui est loin d’être exhaustive, le lecteur arrive à cerner la contribution des deux premiers chefs d’Etat de la République du Mali à la constitution et à la consolidation de l’armée malienne.
Modibo Keïta, avec l’aide du colonel Abdoulaye Soumaré nommé par la suite général de brigade, a créé l’armée nationale, l’a dotée du matériel et de l’équipement nécessaires à l’accomplissement de ses missions grâce à la coopération avec divers pays, a assuré, sur place, la formation des officiers avec l’ouverture à Kati de l’EMIA. Sur les différents points névralgiques du pays furent déployés des groupes de défense autonomes capables de contenir l’ennemi le temps nécessaire que des troupes, le cas échéant, lui soient envoyées en renforts.
Mais, à l’égard de l’armée, Modibo Keïta a commis, sinon deux fautes, du moins deux erreurs. La première sera corrigée, la seconde lui sera fatale. Première erreur : l’installation dans les camps des comités du parti avec, comme conséquence, le renversement de la hiérarchie, le colonel rendant compte au sergent, celui-ci étant secrétaire général du comité et celui-là, simple militant en uniforme. Informé de cette anomalie, le général Soumaré y a mis fin très tôt. Seconde erreur : la défiance vis-à-vis de l’armée. Elle est intervenue après le décès du général Soumaré le 2 ocobre 1964 à Paris. Le colonel Sékou Traoré est nommé pour le remplacer mais ne bénéficie pas d’une avancée en grade, ne dispose pas de la ligne directe du président qui, parallèlement et concurremment à l’armée nationale va créer une milice populaire, mieux équipée et entretenue que celle-ci, rattachée au parti. Ce sera l’une des causes évoquées pour justifier le coup d’Etat du 19 novembre 1969.
Concernant Moussa Traoré, les détracteurs mettent l’accent sur les purges et mises à la retraite qui ont privé l’armée d’officiers de valeur. Cependant, avec l’assistance de Kissima Doukara, il a accru son efficacité à travers sa structuration, son équipement, la formation des hommes… Un de nos confrères, intervenant dans le débat suscité par Mondafrique a repris dans son organe la conclusion de notre article paru dans la livraison du 14 août 2017 sous la forme d’un droit de réponse. Il force notre admiration, nous vous invitons à sa lecture en page2 (lu pour vous).
Édito invectives reconnaissance mérite
LA REDACTION
Source: Le Sursaut