Depuis peu, les leaders de l’opposition politique malienne sont plongés dans une tourmente infernale: le choix de leur porte-drapeau à l’élection présidentielle de juillet 2018. L’idée d’une candidature unique inquiète et divise. Des pièges en perspective.
Visiblement candidat à sa propre succession, le Président IBK affrontera un ou plusieurs candidats de l’opposition à l’élection du Président de la République, prévue pour le mois de juillet 2018.
En effet, le rendez-vous électoral de juillet prochain s’annonce dure pour les partis politiques de l’opposition en vue de créer l’alternative.
Au regard de ce que mijote l’opposition politique, au moins pour l’instant, une double chance s’offre à IBK pour gagner son deuxième quinquennat. Cela, soit dès le 1er ou à l’issue du second tour.
Une candidature unique de l’opposition est inquiétante. Elle renferme des pièges.
Primo, si le candidat unique qui sera désigné par les membres de l’opposition est impopulaire ou ne l’a pas été à l’unanimité, le Président sortant Ibrahim Boubacar Kéïta sera réélu dès le 1er tour. Aussi, s’il n’est pas consensuel, les mécontents, les frustrés s’érigeront en pêcheurs en eaux troubles pour soutenir le candidat du RPM.
Secundo, une multitude de candidatures de l’opposition amènera un dispersement des voix. Toute chose qui conduira à un deuxième tour où les scenarii de 2013 risquent de se répéter. Ayant convenu de soutenir un candidat du FDR en cas du 2e tour, les partis signataires à l’époque se sont envolés pour faciliter l’élection d’IBK à l’issue du second tour.
Mieux, selon des observateurs indépendants, l’actuel Président de la République a des facteurs et circonstances qui plaident en sa faveur pour conserver son fauteuil à Koulouba. Il s’agit, selon eux, des moyens de l’Etat : l’Administration, l’Armée et la Caisse publique.
« L’hypothèse selon laquelle en Afrique un Président de la République n’organise pas une élection et la perdre est toujours d’actualité », constate un cadre politique malien sous le sceau de l’anonymat. Selon lui, les exemples du Gabon, du Niger, de la Côte-d’Ivoire et de la Guinée-Conakry avec les Communales sont assez illustratifs.
Face à une population pauvre qui tire le diable par la queue et une classe politique à son image voguant selon la direction du vent, nanti de ses moyens colossaux, le Président IBK est plus que jamais bien parti pour réconforter sa position. Si l’élection présidentielle parvenait à se tenir.
Pendant que le Premier Ministre Soumeylou Boubèye Maïga et le Président de la République multiplient des rencontres avec les populations à l’intérieur du pays tantôt pour inaugurer un chantier tantôt pour tenir une promesse, l’opposition, en revanche, a du mal à trancher la question de sa candidature. «Sont-ils déjà convaincus de leur défaite », interroge-t-on. Sinon, à moins de cinq mois de l’élection proprement dite la question de candidature doit être tranchée.
Même s’il y a des partis politiques au sein de la majorité présidentielle qui parlent d’une éventuelle candidature interne comme ADEMA/PASJ, il faut reconnaitre que celle d’IBK ne souffle d’aucun doute. Son parti, le RPM, d’autres formations politiques déterminées à lui soutenir sont déjà à l’œuvre.
Se préoccupant de la bonne organisation de cette élection cruciale pour le pays, le Premier Ministre mobilise tous les acteurs impliqués pour que le scrutin en vue soit transparent et apaisé. La révision de la liste électorale est en cours et la CNI fonctionne.
En tout cas, le Président sortant et sa classe politique, depuis un certain temps, sont en campagnes déguisées. Ne dit-on pas que celui qui veut voyager loin ménage sa monture ?
Problème Candidature opposition véritable dilemme
Habi Sankoré
Source: Le soft