Situation sécuritaire centre pays messages forts premier ministre
Au cours d’une rencontre avec les députés élus dans la Région de Mopti, le chef du gouvernement, Soumeylou Boubèye Maïga a réaffirmé la détermination de l’Etat à stabiliser la zone et à protéger toutes les communautés
À la recherche d’une démarche unitaire pour faire face à la situation de tensions exacerbées que le Centre de notre pays connaît depuis quelques temps, le Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga avait entamé un cycle de rencontres avec différentes entités de la région de Mopti, à commencer par les associations communautaires.
Samedi dernier, c’était le tour des députés de la cinquième région administrative à être reçus à la Primature par le chef du gouvernement. La rencontre s’est déroulée en présence du président de la Haute Cour de justice, Abdrahamane Niang, du ministre de la Réconciliation nationale et de la Cohésion sociale, Mohamed El Moctar.
Après plus d’une heure d’échanges à huis clos, le Premier ministre a, dans une interview, estimé que les tensions dans cette partie du pays sont exacerbées par les forces hostiles qui ne peuvent pas prospérer si elles ne parviennent pas à créer des conflits plus ou moins artificiels entre les communautés. Toujours selon Soumeylou Boubèye Maïga, ces mêmes forces que notre pays combat, opposent nos communautés les unes aux autres, les opposent en leur propre sein de manière à détruire le tissu social, le tissu de cohésion sur lequel repose la société, en détruisant aussi les institutions étatiques.
Pour le chef du gouvernement, ce sont ces valeurs là que nous devons défendre ensemble, ajoutant qu’il n’y a aucune raison qui peut justifier ces tensions et ces violences entre les communautés. «L’État n’utilise aucune communauté contre une autre, c’est très clair. L’État va continuer d’exercer, sans discrimination, sa mission de protection, de sécurisation de l’ensemble des communautés et sa mission de justice aussi à l’endroit de tous les citoyens. Autant nous sommes déterminés à combattre les forces auxquelles nous faisons face, autant nous allons veiller à ce que l’action de l’État ne puisse pas déboucher sur quelques exactions que ce soient à l’endroit de quelque citoyen que ce soit», a martelé le Premier ministre Maïga.
Il a annoncé l’ouverture prochaine de cadres d’échanges et de dialogue avec tous ceux qui renoncent à la violence. Levant un coin de voile sur sa stratégie, l’expert des questions de sécurité et de défense a indiqué qu’il s’agira de soustraire la base de recrutements sur laquelle reposent ces forces, en essayant d’avancer ensemble. Toutefois, le Premier ministre avoue avoir la lucidité de se rendre compte que c’est une confrontation de longue haleine qui va se régler dans la durée.
«Pour notre part, nous allons continuer, au niveau de l’État, à accélérer la montée en puissance de nos effectifs sur le terrain, et puis je pense que d’ici quelques semaines, nous pourrions définitivement stabiliser la zone», a-t-il assuré. Interrogé sur la circulation des armes dans le centre du pays, le chef du gouvernement a reconnu que des armes, notamment les AK 47 se vendent partout.
Donnant un début d’explications à cela, il a rappelé qu’à un moment donné, les groupes armés, signataires ou non signataires de l’Accord, ont utilisé les communautés du Delta central pour renforcer leurs effectifs. Finalement, a ajouté M. Maïga, les populations elles-mêmes, pour se défendre, ont mis en place des groupes d’autodéfenses. Tout cela a abouti à une militarisation de la société civile.
«Nous allons, non seulement, combattre les groupes que nous combattons, mais nous allons aussi désarmer tous ceux qui ne doivent pas porter des armes, sans discrimination», a promis le Premier ministre. Avant d’insister sur le fait que l’armée est nationale, ayant en son sein toutes les composantes du pays, donc qui n’a aucun intérêt à s’appuyer sur qui que ce soit pour faire sa mission. «Cette flambée de violences prouve que les forces que nous combattons perdent du terrain, elles essayent d’enflammer un peu toute la zone», a analysé Soumeylou Boubèye Maïga.
Le député élu dans la circonscription électorale de Koro, Youssouf Aya confie avoir, avec ses collègues, demandé au gouvernement à ce que l’État occupe, à travers ses représentants et l’armée, le terrain. Parce que, a-t-il argumenté, c’est ce vide qui a vraiment contribué à l’installation des groupes armés qui manipulent les populations et les mettent dos-à-dos, ethnies contre ethnies.
«Ce que nous connaissons aujourd’hui dans le Cercle de Koro spécifiquement est très dur et ça nous coupe le sommeil. Parce que l’économie a été paralysée, les gens ne fréquentent plus les marchés et les hôpitaux. Il faut trouver rapidement une solution pour que cette partie du Mali puisse vivre en paix», a insisté le député.
À sa suite, le député élu à Ténenkou, Amadou Cissé a plaidé pour la présence de l’État et de l’armée dans l’ensemble des huit Cercles de la Région de Mopti. «L’administration doit être installée, car la nature a horreur du vide», a-t-il lancé, visiblement dépité.
Massa SIDIBÉ
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Source : L’Essor