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L’ex-ministre Mamadou Ismaël Konaté le prédit : “L’élection… n’a de chance de se tenir régulièrement que dans les six communes de Bamako”

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Dans une tribune publiée par le Monde Afrique, l’ancien ministre de la Justice, Me Mamadou Ismaël Konaté, évoque les conditions dans lesquelles la présidentielle sera organisée en juillet. Pis, il craint les dangers d’une élection ratée et fait remarquer que  l’opposition risque de se brûler.

Selon l’avocat et ancien ministre d’IBK, le contexte du Mali de 2018 est marqué, comme en 2012, par un environnement sécuritaire particulièrement abîmé malgré la signature de l’accord d’Alger. Cet accord paraît désormais décalé tant ses prescriptions jurent avec la réalité du terrain. De nouveaux leaders émergent et semblent supplanter les figures initiales des groupes rebelles. Les caisses du Trésor public ont été utilisées pour financer l’accord et la rébellion, sans véritable contrepartie.

A en croire Me Konaté, le constat s’impose : la situation actuelle, délétère, ne donne pas le moindre signe d’apaisement. Comment organiser une présidentielle dans un tel environnement ? Comment acheminer et installer les urnes et toute la logistique électorale lorsque des bombes sautent et que des mines explosent ?

Par ailleurs, souligne l’ancien garde des Sceaux,  le contexte social n’est-il pas suffisamment mauvais pour prendre conscience que ce vote est impossible ? Coût de la vie, chômage, état d’esprit de la jeunesse à l’abandon et qui n’a que l’exode comme porte de sortie, absence d’infrastructures de base dans les zones rurales et dans le Nord, corruption gangrenant la vie économique… Le décalage est patent entre les attentes des Maliens et les satisfecit exprimés par les pouvoirs publics.

Des indicateurs alarmants

Pour illustrer le malaise qui existe dans le pays, l’avocat fait cas des dernières études sur le Mali réalisées par la Fondation Friedrich-Ebert et par l’Afrobaromètre qui en disent long sur ces questions. “On retrouve l’image d’un pouvoir déconnecté, fonctionnant en vase clos, incapable de parler avec les masses. Dans un tel contexte, ce sont près de 4 millions de personnes qui sont en ‘situation d’insécurité alimentaire modérée’ si l’on en croit les chiffres officiels”, a-t-il rappelé.

Sur le contexte politique stricto sensu, Me Konaté explique que les choses ne sont pas plus brillantes. “On trouve d’un côté les soutiens indéfectibles du président Ibrahim Boubacar Kéita (IBK), plus que probable candidat à sa réélection, et de l’autre une opposition qui prône une union sacrée pour l’instant chimérique. Les principaux leaders-opposants en sont réduits à lorgner tout simplement le fauteuil présidentiel, pensant que surfer sur une vague anti-IBK suffit pour y parvenir. A leurs côtés apparaissent de nouveaux acteurs politiques plus véhéments, s’exprimant principalement sur les réseaux sociaux. Ils ne sont pas toujours porteurs de propositions alternatives et n’ont pas de réelle prise sur les événements et les populations. Là encore, rien de neuf”, analyse-t-il.

Plus loin, Me Konaté craint les dangers d’une élection ratée. Si l’on s’en tient à ses propos, “la situation sécuritaire plus que dégradée dans le Nord du pays, dans le Centre et au-delà. Fort risque d’affrontements communautaires souvent commandités, absence de leadership et de vision, perte de lien avec les populations, colère sourde de la rue… C’est dans un tel contexte que la communauté politique et les organisations de la société civile maliennes appellent à la tenue du scrutin présidentiel”.

Que dit et fait la communauté internationale ? s’interroge l’ancien ministre qui estime qu’elle assiste à la chose avec l’envie d’y croire, même si le représentant spécial du secrétariat général des Nations unies au Mali a exprimé comme un doute afin de mettre en garde les autorités sur les dangers d’une élection ratée. Les prémices de ce scénario sont déjà perceptibles, même si les voix officielles laissent entendre leur détermination à tenir le scrutin quoi qu’il advienne et quoi qu’il en coûte, alors que ce pays peine à préserver ne serait-ce que 10 km2 de “territoire de liberté absolue”.

L’élection, telle qu’envisagée, n’a de chance de se tenir plutôt régulièrement que dans les six communes de Bamako, et encore. Pour les tenants de l’organisation du scrutin, peu importent ces risques, dès lors qu’il est loisible à tous les candidats d’y prendre part. Pourvu qu’il y ait des urnes, des isoloirs, des bureaux de vote et des listes électorales, peu importent le nombre des électeurs qui viendraient à s’exprimer, leur qualité et leurs circonscriptions.

Les conséquences d’un scrutin mal organisé sont perceptibles par tous, sauf aux yeux des organisateurs. Elles sont pourtant aussi néfastes que son annulation. L’histoire électorale récente de notre continent est là pour nous instruire.

Et que signifie l’attitude de l’opposition malienne, qui, bien que sceptique quant à la capacité réelle des autorités à préparer convenablement l’élection, continue de mettre la pression sur le gouvernement pour qu’il l’organise par tous les moyens ? A croire qu’elle n’attend que d’acter le constat d’échec du pouvoir. Reste qu’à trop jouer avec le feu, l’opposition risque de se brûler et d’entraîner dans l’incendie toute la maison Mali.

 

Achat des voix manquantes

Il n’y a pas besoin de fournir beaucoup d’efforts pour imaginer le déroulement de l’élection et ses suites éventuelles. Ne parlons pas de la campagne, où l’on retrouvera le néant habituel : slogans creux émanant d’agences publicitaires recrutées à coups de millions, staffs incompétents mais courtisans, empoignades pathétiques entre candidats, porte-parole aux messages inaudibles, projection programmatique faible au vu de la situation du pays, discours à mille lieues des attentes des populations, critiques des ingérences française, européenne ou autres via un patriotisme dévoyé, sans oublier les reportages radiotélévisés démontrant que les conditions de vote seront impeccables et que tout sera prêt le jour J.

Tout le monde mettra le paquet sur les régions du centre riches en électeurs, et notamment les plus grands candidats. On sécurisera, bien sûr, quelques bureaux de vote dans le Nord, dans lesquels on placera des observateurs “indépendants”, nationaux ou internationaux. Face aux inévitables actions terroristes, on mettra en avant, fort à propos, quelques réussites des Forces armées maliennes, voire du G5-Sahel.

Pour Me Konaté, mais peu importe puisqu’on achètera les voix manquantes à coups de F CFA, l’essentiel étant d’être (ré) élu, même mal… Le dépouillement sera ou non contesté, on ergotera à n’en plus finir sur les taux d’abstention et de participation et, finalement, on aura un “vainqueur” et plusieurs “vaincus”. Ces derniers finiront par se liguer en vue d’organiser un lynchage verbal du vainqueur forcément mal élu à leurs yeux. Le vainqueur sera adoubé par ses partisans mais également par ses pairs du continent les plus acquis à sa cause. Les chancelleries se fendront du télégramme de circonstance.

L’ex-ministre Mamadou Ismaël Konaté prédit L’élection n’a chance tenir régulièrement six communes Bamako

A. M. C. avec Monde Afrique

Source: L’Indicateur du Renouveau 

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