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Gouvernance actuelle et situation tendue au sein des APM : Mohamed Ali Bathily dévoile le vrai visage d’IBK

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L'ancien ministre Mohamed Ali Bathily

 

Depuis plus d’un mois, la question de la crise au sein  des Associations Pour le Mali(APM)  est cœur de l’actualité au Mali. Son président, l’ancien ministre des domaines de l’Etat et des affaires foncières, Me Mohamed Ali Bathily nous a accordés une interview dans laquelle il s’est prononcé sur beaucoup de sujets : sa sortie dans le gouvernement, la tentative de déstabilisation des APM,  ses relations avec le président IBK, les rumeurs sur sa candidature et la question du complot d’assassinat de Ras Bath.

Lisez l’interview

Le pays : Pouvez-vous nous dire les raisons de votre sortie du gouvernement ?

Mohamed Ali Bathily : J’ai appris que je suis sorti du gouvernement comme tout le monde en écoutant la radio. Je n’ai jamais rencontré le chef de l’Etat. Il ne m’a pas dit pourquoi il me sortait  du gouvernement ni avant ni après. Et depuis que je suis sorti, nous ne nous sommes pas rencontrés. Je ne peux donc pas inventer des raisons.

Quelle est votre analyse par rapport à la situation actuelle du pays ?

La situation est identique à celle que je connais. On ne peut pas dire qu’elle s’est détériorée. Elle est marquée par les remaniements multiples qui ne laissent  pas le  temps aux ministres de démontrer s’ils ont la capacité de s’initier à la hauteur des fonctions qu’on leur confie. Tous les neufs, dix mois, il y a un remaniement. Il est difficile quand un ministre commence un budget, et qu’il ne le termine pas. L’Etat est en train de patiner depuis toujours parce qu’il n’arrive pas à se stabiliser. Les départements ministériels, l’institution gouvernementale, elle-même n’est pas stable. L’instabilité est  chronique vu le défilé  on ne peut plus impressionnant des ministres et leurs changements de postes sans qu’une raison ne l’explique. Donc, ça n’a pas évolué.

Depuis plus d’un mois, un groupe d’individus  a créé une division au sein des Associations Pour le Mali (APM) dont vous êtes le président. Quelle explication pouvez-vous donner ?

Vous savez, les gens qui sont partis faire des déclarations n’ont même pas pu le faire à notre siège. Quand vous suspendez un président, ça veut dire que les militants sont d’accord avec vous et c’est au siège de l’association que vous devez  vous exprimer mais ça n’a pas été le cas. Quelqu’un leur a donné de l’argent. Moi je connais même le nom des ministres qui ont cotisé pour leur donner de l’argent afin de déstabiliser les APM parce que Ibrahim Boubacar Keita et ces gens ont pensé qu’il faut déstabiliser Bathily. Le premier ministre Soumeylou Boubeye Maiga l’a claironné, peut être ça fait même  partie des raisons pour lesquelles il est devenu premier ministre, qu’il va éliminer Bathily et les APM. Tant mieux pour lui s’il arrive, tant pis pour moi s’il y arrive  mais tant mieux pour moi s’il n’y arrive pas, tant pis pour lui s’il n’y arrive pas. Ma peau, je la vendrais chèrement. Les APM, je les ai construites. Ce n’est pas pour Ibrahim Boubacar Keita, je les ai construites pour l’aider, le soutenir et je l’ai fait avec mes initiatives et avec mes propres moyens. Ce n’est pas pour lui mais ce n’est pas pour moi non plus. C’est pour des gens qui ont cru en une cause et il faut respecter ces gens-là. Ils ne sont pas à vendre. Ceux qui sont partis voulaient vendre les APM. La dernière fois que j’ai entendu parler du président qu’ils ont mis, M. Bah  devant les APM, c’était au mois du carême passé. On avait reçu du lait et du sucre pour les donner à des familles pauvres et il y avait un lot qui était destiné à une communauté. La nuit, M. Bah a volé ce lot.  Bienvenue au RPM et au soutien de  M. Ibrahim Boubacar Keita,  le voleur Bah.

Parmi ces gens qui créent la division dans les APM, il y a vos anciens proches collaborateurs. Quel jugement faites-vous ?

Je pense que l’adhésion est libre comme le départ. Ils sont libres de partir. Je ne cherche pas à les salir. Je pense que les faits parlent mieux que les mots. Je laisse l’appréciation aux autres. C’est comme un non évènement chez moi. Je ne suis même pas déçu parce qu’on devient déçu quand on a de la considération pour  la personne. Je cesse simplement de les considérer.

Pouvez-vous nous parler des résolutions prises lors de l’assemblée générale des APM en fin de la semaine dernière à son siège à Kalaban Coura ?

L’assemblée générale qu’on a tenue la semaine dernière était prévue il y a deux mois. L’un de ceux qui sont partis était même en charge de l’organiser. La question qu’il s’agissait  était simple. Nous avons les Associations pour le Mali et non pour IBK. Le président IBK arrivera bientôt au terme de son mandat de 5 ans. Il ne peut poursuivre la magistrature suprême qu’en renouvelant la confiance que le peuple serait prêt à lui donner. A cet égard, nous avons aussi le droit de nous interroger sur le soutien qu’on va lui donner puisqu’il va demander au peuple de  lui  renouveler la confiance. Ceux qui l’ont soutenu pour le premier mandat, ont aussi le droit de savoir s’ils vont poursuivre le soutien ou pas. Ils sont partis inscrire au front des Associations pour le Mali : « APM, pour le bonheur du Mali ; pour le bonheur des Maliens, avec Mohamed Ali Bathily, soutient le président Ibrahim Boubacar Keita ». Je pense que même devant le siège du RPM, on n’a pas écrit une telle chose. Donc, quand j’ai vu cela, je les ai demandé d’enlever la partie pour seulement mettre :  « APM ;Siege Kalaban Coura  et ensuite l’adresse ».Quand on a enlevé cette phrase-là, certains se sont dit que je ne suis plus pour le soutien à IBK et qu’ils ne sont pas d’accord. Ce sont trois personnes qui l’ont dit. Parlant très sincèrement, parmi mes proches collaborateurs, le colonel Niana Dembélé m’a toujours dit : « Je ne soutiens pas IBK. Je  ne le soutiens pas. On n’est pas d’accord avec lui pour  la prochaine fois parce qu’il ne s’est pas soucié des APM. Sans vous, M. le ministre, l’APM serait mort ». Quant à Bakary Berthé, il a dit ceci : « restons dans le soutien à IBK parce que je crois qu’il ne va pas se présenter. Ses résultats sont tellement mauvais qu’il ne va pas se présenter  mais voudra confier le pouvoir à quelqu’un qui peut protéger lui et sa famille. Et ce  quelqu’un pourrait être vous, M. le ministre ». Sylvestre, lui, il n’a pas parlé. Ceci était la position de mes trois proches collaborateurs. Je leur ai dit  que la question sera tranchée lors d’une assemblée générale. J’ai aussi dit que je suivrai la décision qui serait prise par cette assemblée générale. Le fait qu’on a enlevé sur la plaque la partie ‘’on soutient IBK’’, Ils ont monté Koné pour vouloir déstabiliser l’association.

Le nommé Koné est venu à l’APM  récemment et c’est Sylvestre Kamissoko qui l’a amené et lui  a mis à la place de celui qui assurait la permanence au sein de notre association. Je sais que Koné est affilié à une personne dont son père fut le gardien. Cette personne est un  membre du RPM. Mais en fait, tout ce que j’entends mon attaché dire sur moi, je n’y répondrai pas. Je lui demande de se rappeler tout simplement à ce que sa grande mère qui l’a élevé lui a dit et m’a dit ; à ce que son père lui a dit  et m’a dit ; à ce que sa femme m’a dit à Paris et à ce que son fils m’a dit. Je lui dis de se rappeler à cela et ça me suffit. Puisse Dieu trancher  entre lui et moi. Je ne lui dis rien du tout.

Pour revenir à l’assemblée générale, Sylvestre serait parti en disant qu’il fallait ne pas effacer la phrase du soutien à IBK qui était à la porte du siège des APM, chose qui ne se trouve pas au siège du RPM. La raison profonde est qu’il y avait cette coalition entre eux peut être pour m’imposer quelque chose. Je refuse qu’on m’impose quelque chose. Ces gens-là savent que je n’ai jamais souhaité pour eux autre chose que du bien. Ce n’est pas que j’ai seulement souhaité. J’avais le choix de ne pas les prendre dans mon cabinet. S’ils me combattent seulement deux mois après la sortie au ministère alors pendant quatre ans, ils ne m’ont jamais combattu, Dieu tranchera. Je ne leur en veux pas mais je n’aimerai pas rester à leur place aujourd’hui. C’est une question de conscience et moi, ma conscience ne m’amènera jamais là où ils sont.

L’assemblée générale s’est prononcée clairement. Elle a dit qu’elle refusait son soutien à la candidature de M. Ibrahim Boubacar Keita. L’assemblée a été jusqu’à me proposer  d’être candidat à la présidence. Je leur ai dit que j’examinerai cette question et que dans tous les cas, je ferais en sorte  d’être avec eux quelle que soit la décision que je prendrais. Vous savez, au Mali, nous n’avons pas l’habitude de croire qu’on peut dire ce qu’on pense d’un chef d’Etat en poste et sur sa politique sans courir de risques. Pas de risque à parler de M. Ibrahim Boubacar Keita. Moi, je l’ai choisi librement. On ne m’a pas ballonné pour aller chez lui. Je n’ai jamais perdu cette liberté même étant dans le gouvernement. J’ai toujours dit ce que je pensais. Aujourd’hui, si je ne veux pas le soutenir, je ne le soutiendrais pas. Je sais que les gens vont dire que nous étions ensemble. Mais j’ai dit une chose au président IBK avant de quitter  et il se le rappellera. Ça s’est passé devant le premier ministre Abdoulaye Idrissa Maiga. Je l’ai dit que j’ai voulu moderniser l’outil de travail du ministère des Domaines. J’ai séparé le travail domanial strict du travail cadastral. J’ai créé deux directions car l’une des raisons de chevauchements est que le directeur du cadastre était toujours placé sous l’autorité du directeur des domaines. J’ai créé ces deux directions pour que le directeur des domaines n’impose plus au directeur des cadastres. Quand le premier AIM a été nommé, j’ai vu dans la répartition qu’ils ont pris les services de la direction des domaines pour l’amener aux finances et   m’ont laissé la direction du cadastre. Chose que j’ai refusé. Et au moment de créer les deux directions, pendant six mois, Boubou Cissé a été le seul ministre qui s’est opposé au projet. Quand j’ai créé, sans même que je puisse travailler avec ça, on prend cette direction pour confier à Boubou Cissé qui refusait sa création. Ce jour-là, j’ai dit au palais devant le premier ministre  AIM ceci : « M. le président, je considère que cela constitue une insulte pour ma personne ». Je lui ai dit que c’est une façon d’humilier un ministre pour un autre. Je lui ai aussi dit que ça fausse toute ma démarche de modernisation des domaines et des terres au Mali et on revient  à une solution qui était appliquée depuis 2000. Et le matin, j’étais allé dire au premier ministre Abdoulaye Idrissa que je démissionnais. Quand je préparais la démission et la passation, vers 15 heures, le chérif Ousmane Madani Haidara m’a appelé pour me dire que le  président souhaitait que j’arrête la démission et qu’à 16 heures, on allait se voir à Koulouba. C’est donc lors de cette rencontre  que je lui ai dit : « si vous amenez les domaines au ministère des Finances, considérez qu’il y a une rupture avec moi». Ce jour-là, il m’a demandé de ne pas démissionner et après il m’a sorti du gouvernement. Il m’a sorti du gouvernement pour faire ce que je lui ai dit que je n’aimais pas et que je considérais comme une marque de défiance et d’humiliation. Finalement j’ai compris qu’il m’a demandé de ne pas démissionner car il pensait que c’était une  humiliation pour  lui. Il fallait que je reste dans le gouvernement pour qu’il me chasse pour faire ce que je n’aime pas. Je considère que c’est de l’enfantillage. Il joue avec les institutions de l’Etat. Moi, je croyais qu’il était à un niveau de responsabilité un peu plus avéré mais si c’est comme ça, je ne le soutiens pas. Après ma sortie, je me posais la question si je devais le soutenir mais dès qu’il a fait ça, je dis que je ne suis pas un homme comme ça. Il ne m’a pas fait de cadeau en m’emmenant au gouvernement, j’ai travaillé. S’il voulait, il pouvait ne pas m’emmener mais quand j’y ai été aussi, je ne dis pas qu’il m’a fait un cadeau, je l’ai mérité. J’ai fait sa campagne, j’ai contribué à son élection activement. Il ne m’a fait aucun cadeau. Ceux-là à qui il a fait de cadeaux sont beaucoup qui sont dans son gouvernement maintenant mais qui n’étaient pas avec lui. Certains d’entre eux disaient qu’il était le plus mauvais candidat et qu’il ne fallait pas le prendre.

A titre de rappel, quand j’étais dans le gouvernement aussi, lors des conseils de ministre, on me filmait  dans la salle mais ma tête ne sortait même pas sur les écrans de l’ORTM. Or le président dit qu’il regarde toujours la télé et que rien ne l’échappe mais apparemment ça lui a échappé que la tête du ministre Bathily ne sortait pas à la télé.

Imaginez une télé qui refuse de faire sortir un ministre et qui va sortir un chômeur recruté bénévolement comme secrétaire permanent des APM. L’ORTM se déplace pour aller l’écouter quelque part ailleurs dans la ville, ça veut dire qu’elle a été commandée d’y aller. Ça ne me choque pas.

Nous avons tenu notre assemblée générale à notre siège et nous avons souverainement pris nos décisions. Moi, lorsque je suis avec quelqu’un et qu’il tient parole, je le respecte mais lorsque je vois qu’il y a une sorte de duplicité, je ne suis pas preneur. M. le président doit le savoir ; j’ai travaillé avec lui  avec conviction et lorsqu’il veut brader mes convictions dans ses décisions, je ne suis pas avec lui. Je ne serais pas avec lui. Je dis que c’est mon grand frère mais même entre frères, il y a un minimum de respect qu’on doit faire. Il devait ce minimum à moi et à mon travail. Ce n’est pas ma sortie du gouvernement, c’est cette décision dans laquelle j’ai trouvé du mépris qui m’a fait mal. Par rapport à la décision, lui-même avait dit : « cette donnée m’avait échappé ». S’il est revenu sur la décision en ayant compris la donnée, il ne devrait pas la répéter mais s’il la répète, ce qui veut dire qu’il persiste à faire ce que moi je lui ai dit que je n’admettais pas.

Les rumeurs de votre candidature circulent sur les réseaux sociaux. Etes-vous candidat à la présidentielle prochaine ?

Une candidature, c’est une chose  qu’on réfléchit même lorsqu’on se déclare candidat, on doit quand même donner des raisons. A la limite, je dis que les gens ont raison de proposer d’autres candidatures que celle du président de la république Ibrahim Boubacar Keita. Pas forcément la mienne mais d’autres candidatures parce que le président IBK a beau dire, l’opposition a beau dire le Mali mais qui est celui qui peut réussir dans l’instabilité qu’il crée lui-même ? C’est une chose que je lui ai dit. Cinq (5 ) premiers ministres en  5 ans. Lui-même, il a été premier ministre, en combien d’années il a eu des résultats pour que les gens l’apprécient ? Il a fait six ans. Nous pouvons au moins remercier le président Alpha Oumar Konaré pour lui avoir fait confiance mais lui, il n’a pas été capable d’avoir confiance à ses ministres. C’est lui qui les prend librement mais il les change comme on change de chemise. Chaque année, il nous donne un premier, on ne  sait pas si c’est même fini. On dirait   qu’il a logé la fonction présidentielle juste dans le droit de remanier le gouvernement, c’est tout. Les ministres viennent et défilent comme des petits soldats devant lui. Ils se mettent au gardez-vous, il leur dit repos et il continue. C’est comme au défilé militaire. IBK n’a pas eu d’équipe gouvernementale mais la  troupe gouvernementale.

Lors de son émission cartes sur table, Ras Bath annonçait un complot d’assassinat à son encontre par la famille présidentielle. Que dites-vous ?

Moi, je suis serein par rapport à ce type de situation. Je vous dis avec beaucoup de sourire. Je crois qu’on ne doit pas en arriver là. Si on en arrive là, ça ne s’arrêtera pas là. C’est tout ce que je dis.

 Gouvernance actuelle situation tendue sein APM Mohamed Ali Bathily dévoile vrai visage IBK

Réalisée par Boureima Guindo

Source: Le Pays

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