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Édito : comme un gout d’inachevé

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En l’espace de huit mois et vingt-un jours, deux Premiers ministres se sont succédé à la Cité administrative. Nommé le 10 avril 2017, Abdoulaye Idrissa Maïga démissionne le 31 décembre de la même année. Dans la foulée, Soumeylou Boubèye Maïga prend la relève. A propos de brusque changement, les Maliens en sont encore au stade des conjectures. Qu’est-ce qui a bien pu le motiver ? Le point sur lequel ils ne manqueraient pas d’être d’accord et que les deux hommes ont voulu rompre avec le système de gouvernance de leur prédécesseur : l’immobilisme.

Plusieurs endroits du pays, dans ce qu’il est convenu de nommer le Centre, sont désertés par l’Administration quand les quelques rares fonctionnaires qui y exercent, comme les populations qui y vivent, se sentent abandonnés par l’Etat. Abdoulaye Idrissa Maïga choisit de corriger le dysfonctionnement : il se rend à Kouakourou, à Soumpi et à Niafunké, malgré les risques d’attentat. Soumeylou Boubèye Maïga maintient la dynamique amorcée et choisit  de pousser plus loin en se rendant dans le Nord.

La mission a de quoi réjouir les Maliens. Tessalit et Kidal figurent parmi les localités à visiter. Nous nous sommes dit : il va réussir là où Moussa Mara a échoué ; il va affirmer l’autorité de l’Etat sur des localités qui, depuis bientôt cinq ans, la contestent. Cependant, la tournure prise par les événements n’est pas sans susciter des interrogations car, il y a ce que l’ORTM nous a permis de voir et d’entendre et ce que les réseaux sociaux nous ont apporté comme images.

Voici le Premier ministre à Tessalit, assis dans une salle de conférence, avec, bien visible, devant lui, le drapeau national. Cependant, pénétrant dans la salle et rejoignant sa place, n’aurait-il pas aperçu le tapis utilisé pour en décorer le fond ? Arrive l’étape de Kidal. Elles n’étaient pas nombreuses, ces dames qui se sont constituées en un comité d’accueil plutôt original. Mais leur manifestation intrigue : le drapeau de on ne sait quel pays à la main, les voilà qui s’avancent en scandant : « Azawad ! Azawad ! »

Plus étrange, à de centaines de kilomètres de Kidal et de Tessalit, c’est Bilal Ag Chérif qui a entrepris une vaste tournée. Pour inspecter « nos » positions dans la région de Tombouctou, n’a-t-il pas manqué de donner comme justification. « Nos » positions ! La surprise est poussée d’un cran à la vue de l’accueil qui lui est réservé : le même drapeau qu’à Kidal, et qui n’est pas celui de la République ; le même mot scandé et qui résonne comme un défi à notre conscience nationale !

L’Accord pour  paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger, n’a, lors de sa signature, donné satisfaction à personne, ni à l’Etat malien, ni aux groupes séparatistes. Mais, nous nous sommes dits : faute de mieux, il nous faut l’accepter. A la différence des autres accords signés depuis le 6 janvier 1991, il présente la particularité de se présenter comme un traité de paix sous garantie internationale. Aussi n’est-il pas question de s’en retirer au risque d’attirer sur soi les foudres de la Communauté internationale. Nous l’avons donc accepté, comme l’ont accepté, avec beaucoup de réticence, les groupes séparatistes.

En ce qui concerne sa mise en œuvre, l’Etat a fait des concessions dont certaines sont de nature à consacrer sa division en deux. L’application des dispositions du document Entente pour la mise en place des autorités intérimaires font songer à l’attelage consistant  à mettre la charrue devant les bœufs : plutôt que de commencer par le DDR suivi du redéploiement de l’Armée et de l’Administration avant l’installation des autorités administratives, intérimaires ou transitoires, c’est celles-ci qui ont été installées. Le chassé-croisé entre le Premier ministre et le Secrétaire Général du MNLA amène à se poser la question : les signataires de l’Accord…, le gouvernement malien et les « mouvements armés » ont-ils la même lecture du document ?

Ce qui est certain est que le chassé-croisé entre le Premier ministre et le Secrétaire Général d MNLA donne la preuve que le Mali se trouve dans une situation de ni guerre ni paix, très pernicieuse à la longue car, à terme, c’est le renforcement de la rébellion d’une part, la mort progressive et le pourrissement de l’autorité de l’Etat dans sa partie septentrionale, d’autre part.

Édito comme gout inachevé

LA REDACTION

Source: Le Sursaut 

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