Istanbul – La Turquie, acteur clef dans le dossier syrien, a exhorté mercredi la Russie et les Etats-Unis à cesser leur “bagarre de rue” au sujet de possibles frappes contre le régime syrien à la suite d’une attaque chimique présumée.
“L’un dit +J’ai de meilleurs missiles+, l’autre dit +Non, c’est moi qui ai de meilleurs missiles. Allez, chiche, envoie-les !+ (…) C’est une bagarre de rue, ils se bagarrent comme des caïds”, a déploré le Premier ministre Binali Yildirim lors d’un discours à Istanbul.
“Et qui en paie le prix ? (…) Les civils”, a poursuivi le chef du gouvernement turc.
Ces déclarations acerbes surviennent alors que les tensions entre la Russie et les Etats-Unis sont montées d’un cran ces derniers jours au sujet d’une présumée attaque chimique en Syrie, que plusieurs pays occidentaux imputent au régime de Damas, soutenu par Moscou.
Le président américain Donald Trump a averti mercredi la Russie de frappes imminentes contre la Syrie, peu après que Moscou eut mis en garde contre tout acte pouvant “déstabiliser la situation déjà fragile dans la région”.
“La Russie jure d’abattre n’importe quel missile tiré sur la Syrie. Que la Russie se tienne prête, car ils arrivent, beaux, nouveaux et +intelligents!+”, a lancé M. Trump sur Twitter.
La diplomatie russe a répliqué que les missiles avec lesquels M. Trump menace la Syrie devaient viser “les terroristes” et non le “gouvernement légitime” de Damas.
“Ces jours-ci, les membres permanents du Conseil de Sécurité ont une responsabilité encore plus grande”, a déclaré M. Yildirim. “Or, que font-ils ? Ils se menacent à coups de tweets”.
“Le moment n’est pas celui de la rivalité, c’est le moment de panser les plaies dans la région (…) C’est le moment de mettre de côté la bagarre pour savoir qui est le plus fort”, a ajouté le Premier ministre turc.
Dans cette dispute, la Turquie est coincée entre son allié américain, avec qui les relations se sont dégradées depuis deux ans, et son partenaire russe, avec qui les rapports sont de plus en plus chaleureux, malgré une rivalité pluriséculaire.
La Turquie soutient l’opposition syrienne qui cherche à renverser depuis 2011 le régime de Bachar al-Assad.
Mais Ankara semble depuis plus d’un an plus préoccupé par les activités des milices kurdes dans le nord de la Syrie, et coopère étroitement avec la Russie et l’Iran, parrains du régime syrien.
AFP