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Le régime chinois est “condamné” à disparaître mais pas de sitôt

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Un régime “dévoyé” et “condamné” à disparaître… mais pas tout de suite. Observateur sévère du communisme chinois depuis quatre décennies, Jean-Pierre Cabestan écarte une disparition prochaine du régime de Pékin, qui jouit selon lui d’un soutien au moins passif de la population.

Il est l’un des rares sinologues français à diriger un département dans une université étrangère. Depuis Hong Kong, Jean-Pierre Cabestan fait autorité dans le petit monde de la pékinologie, dominé par des Américains parfois prompts à annoncer la débâcle d’un système politique écartelé entre ses fondements marxistes et sa réalité capitaliste.

A la différence d’un Gordon G. Chang, qui prédisait en 2001 “le proche effondrement de la Chine” dans un livre du même nom (“The coming collapse of China”), cet héritier de la vieille école française de sinologie ne nourrit aucune illusion sur la fragilité du régime chinois.

Sous la férule du président Xi Jinping, “le régime actuel est solide, soutenu par une grande partie de la population et des élites”, explique le sinologue lors d’un entretien accordé à l’AFP à l’Université baptiste de Hong Kong, où il dirige depuis 2007 le département de science politique et d’études internationales.

Le Parti communiste chinois (PCC), qui gouverne le pays le plus peuplé du monde depuis 1949, “est parvenu à rallier de larges segments de la société à l’idée qu’il doit conserver à jamais le monopole du pouvoir politique”, écrit Jean-Pierre Cabestan dans un livre qui paraît jeudi en France “Demain la Chine, démocratie ou dictature?” (Gallimard).

La République populaire “n’est pas plus éternelle que l’URSS” ou d’autres régimes autoritaires, poursuit-il. Mais pour l’heure, “la crainte du chaos ou simplement de l’incertitude continue de convaincre la plupart des Chinois de soutenir le régime actuel”.

Croissance économique, hausse du niveau de vie, sécurité: à la différence de l’Union soviétique, “la plus vaste société secrète au monde”, comme il appelle le PCC, a su s’adapter au monde moderne tout en continuant à contrôler étroitement la société civile d’une main de fer, à coup de propagande nationaliste et d’une surveillance de plus en plus “orwellienne”.

Mais à plus long terme, “20 ou 30 ans”, la montée des entrepreneurs privés, l’urbanisation et un possible divorce du parti avec une jeunesse davantage ouverte sur le monde pourront forcer le régime à évoluer.

– “En guerre contre nous” –

Parmi les batailles susceptibles de se profiler à l’horizon figure un accès plus libre à internet et aux sites étrangers, note Jean-Pierre Cabestan, qui est également directeur de recherche au CNRS.

“Tant que les jeunes restent apolitiques et égocentriques, rien à craindre. Mais gare au jour où ils changeront, se politiseront et demanderont des comptes à leurs gouvernants”, prédit-il dans son livre.

Or les dirigeants actuels prennent tout sauf le chemin de l’ouverture.

“En repoussant aux calendes grecques toute réforme politique véritable, Xi Jinping et ses collègues prennent le risque de payer plus cher le prix de la transition démocratique: au lieu d’être pacifique, celle-ci peut s’avérer violente”, avertit Jean-Pierre Cabestan.

La vraie question est de savoir ce qui succédera au régime actuel.

Faute de culture démocratique, ce spécialiste de la question taïwanaise, auteur d’une dizaine d’ouvrages, redoute une évolution “à la russe”, avec la perpétuation en Chine d’un régime “encore largement autoritaire, élitiste, paternaliste, impérial et sans doute dictatorial”.

Et le pékinologue d’appeler les Occidentaux à la vigilance.

“Il faut être aveugle pour ne pas constater que le PC chinois est en guerre contre nous, nos valeurs et nos idéaux”, écrit-il, dénonçant les élites politiques et économiques qui, à l’Ouest, ont abandonné la défense de la démocratie et des droits de l’homme alors qu’il faudrait refuser “d’être sermonnés par le discours de plus en plus arrogant de Pékin”.

A 62 ans, ce Parisien d’origine qui se présente comme “un étudiant de la Chine depuis plus de 40 ans”, continue envers et contre tout à vouloir trouver les valeurs universelles derrière “le rempart culturel” que cherchent à élever des communistes chinois atteints de “paranoïa croissante”.

AFP

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