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Gouvernance du Mali : Des analystes portent le fer dans la plaie

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Gouvernance Mali analystes portent fer plaie

 

Invités au débat par Serge Daniel, journaliste et écrivain, des analystes indépendants ont diagnostiqué sans complaisance la situation sécuritaire, sociopolitique et la gouvernance du Mali. Selon eux, il faut oser crever l’abcès pour aller vers une vraie paix.

« Où va le Mali?», c’est thème du débat télévisé animé, le dimanche 22 avril sur Africable télévision, par le journaliste de Radio France Internationale (RFI), Serge Daniel.

Acherif  Ag Mohamed, ancien diplomate, Habib Ouane, ancien ministre, Bally Moussadeck PDG du Groupe Azalaï, Kamissa Camara éditorialiste, Oumane N’Diaye, rédacteur en chef Afrique de TV5 Monde et Amara Maïga, universitaire étaient les invités.

Durant plus d’une heure de débats, ils ont  décortiqué les grands maux du Mali. A savoir: la mauvaise gouvernance, la corruption, la situation sécuritaire, la connexion entre le monde religieux et politique,  la situation géopolitique du pays, la réconciliation entre autres.

Selon  Kamissa Camara et Ousmane Ndiaye, la corruption existe dans tous les pays du monde, mais le cas du Mali est pire. «La corruption est  devenue une culture et ne gène plus personne» ont-ils constaté. Et pour mieux lutter contre ce fléau, selon eux l’exemple doit venir du sommet de l’État. A titre d’exemples  BALLY Mossadeck a cité le  Rwanda qui après les 800 000 morts du génocide a su se relever pour devenir  une référence en matière de développement.

Mossadeck propose un autre type de gouvernance décentralisé prenant en compte toutes les aspirations du peuple. Pour lui, une grande partie des fonds destinés au développement des régions du Nord a été détournée et investie dans l’immobilier à Bamako. «Toutes ces belles maisons construites dans l’ACI et un peu partout à Bamako, elles ne sont pas construites avec de l’argent économisé au compte goutte» croit savoir, Mossadeck. Le PDG de Azalaï va plus loin et assène «Je suis assez vieux pour avoir vécu la sécheresse de 1974. Le Mali a connu une famine et la communauté internationale a donné beaucoup d’argent pour aider les populations. Mais cet argent a été détourné pour d’autres fins. Des fonctionnaires ont construit des villas à l’actuel quartier hippodrome au tel  point qu’il a été nommé millionkin (le quartier des millionnaires en Bamanan)».

En clair, selon lui, Bamako absorbe l’essentiel de l’argent destiné au développement de l’ensemble du pays.

Et la corruption généralisée est, selon les analystes, l’une des causes de la crise sécuritaire.

Sur le plan géopolitique, Ousmane N’Diaye, pense que le Mali manque de politique des Affaires étrangères. «Si vous n’avez pas de politique des affaires étrangères vous subissez celle des autres. La France, l’Algérie, le Maroc … toutes les puissances impliquées dans la gestion de la crise malienne ont un agenda qui n’est pas forcement celui du Mali. C’est parce que la Mali n’a pas de position claire» a-t-il remarqué.

Par ailleurs, l’ancien ministre Habib Ouane pense que le Mali n’a pas été vigilant dans le contrôle des financements des pays du Golfe à destination des milieux religieux. Mais aussi, d’après les analystes la connexion entre les religieux et les hommes politiques est dangereux. «C’est malheureux que certains hommes politiques puissent se vanter d’avoir fait le tour de toutes les mosquées de Bamako. Des hommes politiques se prosternent à Nioro, pour se faire élire c’est dommage. Je n’en veux pas aux leaders religieux, c’est la faute aux politiques» a déclaré Ousmane N’diaye de TV5 Monde.  Et pour Habib Ouane, le Mali chemine vers une phase  dangereuse consistant à faire croire que les religieux sont une alternative à l’échec des hommes politiques.

Dialogue franc

A propos de la réconciliation, les invités de Serge Daniel, pensent qu’il faut mener un vrai dialogue, inclusif inspiré du modèle Sud africain ou Rwandais. Selon eux, les Maliens doivent faire table rase du passé pour regarder vers l’avenir.

«Les bourreaux et les victimes doivent discuter autour de la table et s’accepter. Ils doivent se regarder dans les yeux. Celui qui a commis des crimes doit reconnaître son tort et la victime doit pardonner» recommande, Bally Mossadeck.

«Je suis de Tombouctou, mon grand père est Marocain, ma grand mère est bela, ma femme est peule, c’est ça le Mali. Cinq de mes parents ont été égorgés lors des premières rebellions. Mais malgré tout je reste Malien et je suis fier de brandir mon passeport malien» a-t-il déclaré.  «Ceux qui sont revenus de la Libye avec les armes, ce sont des gens dont les parents ont été exterminés lors des rebellions précédentes. Ils sont retournés avec l’esprit de vengeance parce qu’il n’y a jamais eu de vrai dialogue» a-t-il ajouté

Pour Ousmane N’Diaye, le clivage géographique entre les régions du nord et du sud, ne facilite pas le dialogue entre les peuples. «Au Nord on peut vivre 58 ans sans rencontrer un représentant de l’État» déplore Mossadeck.  Le diplomate, Acherif  Ag Mohamed pense lui, que les populations des régions du Sud se déplacent très peu vers les régions du nord.  Malgré tout, pour Kamissa Camara, le Mali reste débout et il y a de l’espoir.

M.D

 

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Source : Tjikan

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