Pour accéder au pouvoir en 2013, le candidat Ibrahim Boubacar Keita avait, au cours de la campagne à l’élection présidentielle, tout promis à ses concitoyens. Ses grands engagements ? Ramener la paix et la sécurité, engager une lutte implacable contre la corruption, créer 200000 emplois… Mais cinq ans après, la réalité est tout autre. Alors que le chef de l’Etat s’apprête à se porter candidat pour un second mandat. Retour sur des promesses phares qui n’ont pas été (du tout) tenues au cours de ce quinquennat dominé par la mauvaise gouvernance, l’insécurité et le pilotage à vue.
En cinq ans de gestion du pays d’Ibrahim Boubacar Keïta, l’espoir a laissé place au désenchantement. La déception est d’autant plus grande qu’ils ont découvert dès les premiers actes du président des signes évidents de rupture entre son discours et la réalité. Ainsi, au cours de son mandat, le président de la République n’a posé aucun acte de développement. La faute est à situer dans sa mauvaise gouvernance, corollaire d’une gestion criblée de scandales financiers qui paralysent le fonctionnement de l’Administration, asphyxient l’économie. Pourtant, le président Ibrahim Boubacar Keita, pendant la campagne de juillet 2013, tenait invariablement le même refrain : « Pour l’honneur du Mali, je ramènerai la paix et la sécurité. Pour l’honneur du Mali, je veux construire une République exemplaire. Je rétablirai l’autorité de l’Etat. Je lutterai férocement contre la corruption. Je ferai émerger une société nouvelle fondée sur la justice et l’égalité des chances. Je créerai les conditions du vrai décollage économique du Mali…». Après presque cinq ans d’exercice du pouvoir, la réalité là. A la place des promesses : un régime abonné aux scandales.
Défense et Sécurité : Refonder le dispositif de défense et de sécurité du Mali
C’est la grande promesse qu’IBK a lancé au début de son mandat. Refonder le dispositif de défense et de sécurité : la crise malienne du Nord a mis en évidence l’incapacité de notre armée à assurer sa mission ; assurer la protection du territoire, de la population et des intérêts maliens. Une réforme s’impose pour que notre armée puisse connaitre et anticiper, prévenir, dissuader, protéger et intervenir. Les problèmes de nos forces de défense et de sécurité sont sans doute liés à des problèmes de moyens, à une mauvaise utilisation des ressources disponibles mais également à une absence d’autorité. Maliens, allons-nous avoir toujours besoin des soldats européens pour assurer la défense de notre territoire ?
Nos objectifs : Assurer efficacement la défense du territoire national et de la population ; réussir les missions de sécurité publique ; performer dans les opérations militaires spéciales ; faire honneur au Mali lors des opérations militaires à l’étranger ; garantir l’intégrité des institutions publiques et la sécurité des personnes et des biens ; protéger la population contre les risques ou fléaux de toute nature et contre les conséquences d’un conflit éventuel.
Parmi nos mesures prioritaires : Doter nos forces de défense et de sécurité des moyens humains, technologiques et matériels nécessaire à leur mission ; reformer la gestion des ressources humaines dans l’armée ; créer les conditions pour mieux utiliser les ressources financières des forces de défense et de sécurité ; améliorer les conditions de vie des troupes…
Diplomatie : retrouver le leadership
Le Mali s’est traditionnellement affirmé sur le plan international grâce à une diplomatie sans complexe défendant les intérêts de la nation et l’émancipation africaine. Aujourd’hui, notre diplomatie a été mise à mal par la crise du nord et institutionnelle. Nous devons retrouver notre leadership historique. Nous réhabiliterons l’outil diplomatique pour en faire un puissant levier pour l’accélération de notre développement économique. L’amplification de notre rayonnement culturel, l’affirmation de notre engagement inébranlable en faveur de l’intégration et de l’unité de l’Afrique et l’approfondissement de notre combat pour la démocratisation des relations internationales.
Nos Objectifs : Retrouver l’image du Mali sur la scène internationale ; le renforcement de la politique de bon voisinage et des relations bilatérales avec les autres pays d’Afrique non frontaliers du Mali et la promotion de la paix dans le monde ; promouvoir l’intégration économique de la sous-région, l’unité et le développement de l’Afrique ; contribuer au développement économique et social du Mali ; assurer une gestion plus efficace et mieux coordonnée des fonctionnaires internationaux maliens ; poursuivre la nationalisation des structures et des procédures ; coordonner l’action extérieure de l’état ; optimiser les moyens budgétaires ; être force de proposition dans les médias internationaux.
Parmi nos mesures prioritaires : Mettre en œuvre un plan de communication internationale ; lancer un programme de renforcement des capacités du personnel diplomatique ; actualiser la carter diplomatique et notre représentation diplomatique ; mettre en place un système d’évaluation individuelle permanente de l’action des représentations diplomatiques.
Apporter une solution définitive aux problèmes du nord…
Depuis plusieurs années, le Mali a démantelé son système de défense avec pour conséquence le délaissement progressif d’une partie du territoire. La zone nord a été depuis plusieurs années administrée par les réseaux de trafiquants, notamment narcotrafiquants. Depuis l’intervention des armées étrangères, l’unification fragile du territoire est en marche mais l’aide indispensable de la Mission des Nations Unies au Mali (Minusma), n’est pas destinée à s’installer durablement au Mali. Aujourd’hui, le départ des troupes étrangères aussi bien de l’Irak que l’Afghanistan, posent problèmes. « Notre souveraineté dépendra de notre capacité à apporter une solution définitive aux problèmes du Nord, à anticiper nos besoins futurs nécessaires à notre souveraineté durable mais également à prévenir d’éventuelles nouvelles sources d’instabilité pouvant venir d’ailleurs ».
Nos objectifs : Apporter une solution définitive aux problèmes du nord ; instaurer une culture de la prévention des crises et conflits ; réinstaller durablement les réfugiés ; stabiliser les populations nomades ; épauler l’action de la MINUSMA ; mettre en place une stratégie et un plan opérationnel de la gestion militaire du Mali après le départ de la MINUSMA.
Parmi nos mesures prioritaires : convoquer des assises nationales du nord ; constituer une nouvelle commission vérité, justice et réconciliation ; mettre les bases d’une justice traditionnelle post conflit (le droit à la justice, le droit à la vérité, le droit à la réparation, la garantie de la non récurrence) ; créer un institut de la prévention des crises et des conflits ; mettre en place une commission « Après MINUSMA » pour que dès maintenant, le Mali puisse réfléchir et prendre des mesures afin de bien gérer le transfert des responsabilités de la Minusma aux autorités Maliennes lors de son départ
Lutte contre la corruption : De beaux discours
Dans ce domaine, le chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar Keita est (encore) rattrapé par sa parole, ses promesses et ses engagements. Et à la place de la lutte promise, les Maliens ont eu droit à des discours creux, voire à des scandales financiers impliquant des barons du régime. Adepte des déclarations fracassantes, IBK s’engageait au début de son mandat à opérer un grand nettoyage au sein de l’administration. Une façon de rassurer les bailleurs de fonds internationaux et les populations. Mais force est de constater que la corruption n’a fait que croitre ces cinq dernières années. La preuve ! Les rapports 2013, 2014 2015, 2016 et 2017 du Bvg remisent au président de la République, mettent à nu la gestion catastrophique et chaotique d’IBK, ainsi que la corruption à ciel ouvert instaurée sous son mandat. Grosso modo, ces rapports révèlent un trou de plusieurs milliards de FCFA. Le mandat de IBK aurait été au contraire placé sous le sceau de l’impunité malgré les discours tonitruant. Ainsi à l’occasion du nouvel An 2014, IBK déclarait : «…au risque d’en faire une rengaine, j’insiste sur la gestion rigoureuse de nos deniers, ceux que l’Etat génère auprès du contribuable malien bien sûr, mais aussi l’aide que la communauté internationale met à notre disposition grâce aux sacrifices de ses propres contribuables. La gestion rigoureuse de nos ressources passe par le contrôle de la corruption sur deux fronts : la lutte contre l’impunité et les réformes systémiques… Oui, je dis et redis que l’argent des Maliens est sacré et qu’il faut désormais l’utiliser à bon escient ».
Où sont les infrastructures promises ?
En matière de réalisation d’infrastructures, IBK promettait monts et merveilles. Dans son programme, on peut lire ceci : Au-delà de l’assainissement macroéconomique, le Gouvernement s’attèlera à accroître la compétitivité globale de l’économie en mettant en œuvre une combinaison d’actions visant à développer les infrastructures et à renforcer les capacités de certains secteurs clés pour l’accélération de la croissance. Des actions décisives, intégrées dans des plans à moyen terme, seront mises en œuvre dans les domaines suivants:
Démarrer un projet pour Faire de Bamako un Hub ferroviaire d’Afrique de l’Ouest en le reliant aux 7 capitales des pays voisins (Réaliser le chemin de fer reliant Bamako – Kita- Conakry, Réhabiliter le chemin de fer Dakar- Bamako, etc.) ; l’accès à l’Internet (accroissement des débits, ajustement de la tarification) ; le développement des télécommunications (amélioration des infrastructures, distribution, tarification) ; l’extension du réseau routier (désenclavement intérieur, accès aux ports, gestion des entrepôts portuaires) ; le développement des ressources humaines (formation professionnelle ,formation continue, programme “cadres”, packages financement/garanties/formation) ; des programmes de mise à niveau des entreprises et renforcement de leurs fonctions critiques développer les infrastructures routières parmi lesquelles, réaliser le quatrième pont reliant Kabala à Sébénicoro, réaliser une autoroute reliant Kidal à Bamako, Accès au logement : Construction de 50 000 logements sociaux.
La première aspiration de chaque malien, sa première ambition, est de construire une maison, afin d’y loger sa famille et de la soustraire à l’incertitude de la location. Plusieurs logements sociaux ont été construits au Mali mais notre politique du logement social connait de nombreuses insuffisances: attribution inéquitable des habitations construites ; insuffisance de l’offre de logements sociaux faute d’une structuration viable et efficace de, la filière “construction” dans un environnement marqué par l’accroissement de la demande solvable ; exclusion des catégories sociales à bas revenus du fait du modèle de logement mis sur le marché…
Nous sommes au défi d’apporter à ces problèmes majeurs des solutions efficaces et justes.
Nos objectifs: Fournir des terrains constructibles, autant que possible viabilisés, en quantité nécessaire;
Combler les lacunes du marché de l’immobilier social, notamment, en répondant aux demandes solvables non satisfaites par le dispositif actuel, en particulier dans les capitales régionales et les villes moyennes ; réglementer les professions qui concourent à la production des logements sociaux, dont celle de promoteur immobilier ; définir des normes constructives cohérentes avec une extension viable du parc immobilier ; développer les capacités techniques dont le secteur du logement social a besoin pour se développer ; suivre et gérer les risques associés au développement du secteur du logement social ; Planifier le développement urbain, notamment, les affectations foncières et les infrastructures de façon à assurer à chacun un cadre de vie sain, sécurisé et agréable …
Parmi nos mesures prioritaires: L’informatisation et la transparence du cadastre malien ; la construction de 50 000 logements sociaux ».
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Mémé Sanogo
Source: L’ Aube