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Entre nous : Accord pour la paix et la réconciliation : Trois ans après, ni paix ni réconciliation

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Ce mardi 15 mai 2018 marque le troisième anniversaire de la première cérémonie de signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger. Il y a trois ans exactement, le 15 mai 2015, la salle Djeli Baba Cissoko du Centre International de Conférence de Bamako abritait la cérémonie de signature de cet accord né au bout de plusieurs mois de va-et-vient entre Bamako et Alger en présence de nombreux chefs d’Etat. La Coordination des mouvements de l’azawad qui a boycotté cette première rencontre, finira par apposer le 20 juin 2015 sa signature au bas du document. Cette signature en deux temps, 15 mai et 20 juin, était-elle le présage aux difficultés d’application des engagements pris par le gouvernement de la République du Mali et les groupes rebelles ?  Ce qui est évident trois ans après sa signature, c’est que l’accord issu du processus d’Alger est dans l’impasse.

Trois ans après, le pays se trouve dans une situation de ni paix ni réconciliation. Toute chose qui a fini par irriter le Conseil de sécurité des Nations Unies l’amenant à brandir, depuis quelques mois, une menace de sanctions sur la tête des différentes parties qui empêchent le processus d’avancer. Une véritable fuite en avant de la communauté internationale qui, après avoir imposé un accord à notre pays, joue au dilatoire. Trois ans après la signature de l’accord, il est inadmissible que le gouvernement de la République du Mali fasse le pied de grue à la porte du président mauritanien et du chef de la Minusma pour obtenir une visite de 4 heures de son Premier ministre à Kidal.

Les efforts financiers consentis par le gouvernement ainsi que les mesures législatives et réglementaires prises dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord apparaissent comme une goûte d’eau dans un océan, au regard de l’inquiétante situation sécuritaire sur le terrain. Dans tout cela, les populations sont les grandes perdantes.

La bonne foi manifestée par les rédacteurs de l’accord en son article 2, a cruellement fait défaut au cours des trois ans écoulés. La période intérimaire devrait s’étaler sur une durée allant de dix-huit à vingt-quatre mois. Elle avait pour fonction de favoriser la mise en place des conditions de nature à réconcilier les Maliens et à jeter les bases d’un Mali nouveau, démocratique et uni, grâce, entre autres, à la promotion de la paix, de la démocratie et à l’acceptation de la diversité culturelle.

Le Mécanisme Opérationnel de Coordination (MOC) qui devrait être institué dans les 60 jours suivant la signature de l’accord est au stade embryonnaire, trois ans après. Des retards importants ont été accusés dans l’opérationnalisation des patrouilles mixtes, la construction des sites de cantonnement, les opérations de cantonnement et d’intégration, le démarrage des activités du DDR.

Qu’est-ce qui entrave la mise en œuvre de l’accord ? Le manque de volonté politique ? Le manque de moyens financiers ? Le manque d’engagement des signataires ? Quid du double jeu de certains pays étrangers engagés dans le processus de paix ? Est-ce que l’accord est trop ambitieux et trop pauvre à la fois ? La situation sécuritaire sur le terrain est-elle quelque chose dans la non-application de certains engagements ? Pourquoi y-a-t-il plus de morts après la signature de l’accord qu’avant ? Comment la sécurité au centre du pays s’est nettement dégradée pour aboutir à des affrontements intercommunautaires pouvant déboucher sur une guerre civile ? Le Mali a-t-il les moyens de mettre en œuvre tous les engagements contenus dans l’accord ? Pourquoi la communauté internationale ne s’engage-t-elle pas assez dans le financement de l’accord ? Faut-il relire l’accord ?  Les autorités maliennes prendront-elles leur courage pour discuter avec d’autres forces qui sèment la terreur sur le terrain ?

Les parties signataires, la Minusma et la communauté internationale doivent profiter de ce troisième anniversaire pour se poser des interrogations légitimes dont les réponses permettront de franchir des pas de géant dans le processus de retour à une paix progressive.

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Par Chiaka Doumbia

Source: Le Challenger 

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