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Edito : revanche et inconséquence

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Edito revanche inconséquence

 

Quelle belle revanche, d’un côté ; mais quelle inconséquence, de l’autre. Il faut remonter à l’an 2000, pour bien cerner les contours de ce qui vient de se produire samedi dernier avec le ralliement de l’ADEMA-PASJ à la candidature d’Ibrahim Boubacar Keïta.

Le 14 février 2000, ce dernier est démis de ses fonctions de Premier ministre. Il garde cependant espoir d’être le candidat du plus puissant parti politique de l’époque, l’ADEMA-PASJ car il conserve le poste de président du parti. Mais le prince du jour en a décidé autrement. N’oublions pas que ce dernier est au service de l’impérialisme français depuis son éviction, en août 1980, du gouvernement par Moussa Traoré. Il suffit de relire Jean-Paul Gourévitch pour s’en convaincre (Cf. L’Afrique, le fric, la France, Editions Le pré aux clercs, 1998).

Or, la France a fait son choix. Le prochain président de la République sera Amadou Toumani Touré. Il présente plus d’une garantie et a été, après son départ de la scène politique en 1992, préparé à y retourner ultérieurement. Le président sortant est appelé à œuvrer pour qu’il en soit ainsi. Cela sera fait sans état d’âme. Et méthodiquement.

Acte premier, Ibrahim Boubacar Keïta est poussé à la sortie, contraint de démissionner de son poste de président de l’ADEMA-PASJ  en octobre 2000.

Acte II,  malgré des primaires qui ont désigné Soumaïla Cissé comme candidat du parti, le prince du jour, pour empêcher ce dernier d’accéder à la magistrature suprême, le fragilise en suscitant, au sein de la même formation, deux autres candidatures.

Acte III, à l’issue du premier tour de la présidentielle de 2002, tout est mis en œuvre pour que s’affrontent, au second tour, Amadou Toumani Touré et Soumaïla Cissé. Aux dires de plusieurs observateurs dont le diplomate français Laurent Bigot, ce sont 500 000 voix qui sont annulées pour qu’il en soit ainsi. Exit Ibrahim Boubacar Keïta.

Ainsi, après de bons et loyaux services rendus au régime du « premier président démocratiquement élu du Mali », Ibrahim Boubacar Keîta est précipité  du Capitole à la Roche Tarpéienne. Il se reprend, fonde son propre parti, monte à l’assaut du pouvoir et finit par le conquérir en 2013.

Ce samedi 19 mai 2018, il peut savourer une belle revanche sur ceux-là qui l’avaient exclu de leurs rangs en octobre 2000. Ses adversaires de l’époque, comme qui se traîneraient pour passer sous les fourches caudines, viennent de lui faire allégeance et de lui apporter, comme sur un plateau d’argent, leur ralliement à sa candidature.

Ce que l’observateur retiendra de plus, à la suite de ce qui s’est passé à l’H$otel Maeva Palace samedi dernier, c’est le recours à des méthodes d’un autre âge pour tenir des assises. Et les questions que l’on est en droit de se poser sont les suivantes : « Comment peut-on, en tant qu’incarnation du vote des militants, en appeler aux forces de l’ordre pour se garder contre ces mêmes militants ? » « De quel crédit peut être un ralliement imposé par des caciques à la base du parti ? »

Le candidat Ibrahim Boubacar Keïta a tout raison d’être satisfait que l’ADEMA se soit mise hors de la compétition de juillet 2018. Il doit, toutefois, se poser des questions sur la portée réelle du ralliement dont il vient de bénéficier. Le peuple de l’ADEMA acceptera-t-il de suivre des consignes de vote données par une direction qui, sans vote, a accepté d’entériner une si lourde responsabilité ? Les jours à venir seront édifiants sur la réponse à apporter à cette question. En attendant, le CE de l’ADEMA aura donné au peuple malien une belle preuve d’inconséquence.

LA REDACTION

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Source : Le Sursaut

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