Focus glas
Même à l’époque de sa gloire mythique de 2013, il n’avait pu en définitive mobiliser au premier tour de la présidentielle, qu’environ 39% de l’électorat. Un très modeste score reflet de son insignifiant poids politique réel, que les 77, 62% du second tour ont contribué à cacher sous le tapis.
On le sait pourtant. Ni l’appui dont il avait opportunément bénéficié de la Junte, ni ses accointances douteuses avec les milieux religieux qu’il a instrumentalisés au mépris de la laïcité, ni les légendes préfabriquées montées autour de sa personne sans lien quelconque avec la vérité des faits, n’auront suffi à le créditer d’un score de premier tour équivalent qui aurait dû frôler au moins la barre de la moitié des suffrages. IBK n’a manifestement pas compris les 39, 79% du premier tour dont le message pourtant clair avait été de l’inviter à un triomphe plutôt modeste et contenu, face aux 77, 62% du second tour. Il a beau à chaque occasion se trémousser lui et ses affidés, en brandissant les 77, 62% du second tour, son score modeste de 39, 79% du premier tour est là pour rappeler que 38% des 77, 62% sont à inscrire au compte des apports de voix de sa coalition politique hétéroclite de soutien. Dans le fond, IBK n’a jamais été cet homme politique en qui les Maliens se reconnaissent et font confiance. D’ailleurs, jusqu’au coup d’Etat de 2012, il n’était plus que l’ombre de lui-même projetée dans les abîmes de sa traversée de désert. Deux débâcles électorales avaient fini par le contraindre à l’évidence que les Maliens ne voulaient pas de IBK en boubou présidentiel. A la présidentielle de 2002, il est dès le premier tour battu à plate couture et à la régulière avec ses maigres 18, 84%, face aux deux poids lourds ATT (28, 22%) et Soumaïla CISSE (24, 59%).
Son échec est encore plus cuisant, voire humiliant, à la présidentielle de 2007 confortablement remportée dès le premier tour par ATT avec 71,20% des voix, pendant que lui s’est contenté de 19,15%.
Totalement laminé par deux fois lors de joutes électorales, IBK s’était vu rangé au placard des éternels prétendants présidentiels, toujours partants mais jamais gagnants. Pour le grand malheur des Maliens, c’est la Junte avec son coup d’Etat qui va contribuer à recycler Boua en le tirant du profond sommeil politique d’où il n’aurait plus jamais dû sortir. Le président IBK est un homme politique ressuscité qui ne doit sa seconde carrière de trop qu’à la rupture constitutionnelle de 2012. Son accession à la présidence de la République n’apparait à cet égard que comme un accident de l’histoire politique du Mali.
En 2013, les Maliens ont commis l’erreur historique de confier à IBK un destin national qu’il n’a pas la capacité de porter et dont on se surprend à se demander aujourd’hui s’il méritait réellement. D’ores et déjà, l’histoire ne retiendra de l’homme que le souvenir d’un Président en échec flagrant et total sur toute la ligne de la gouvernance de l’Etat. Il restera, sans doute pour toujours, à la fois le Président du « malheur des Maliens » et le Président du « déshonneur du Mali ». Pour l’instant, c’est un Président qui a atteint toutes ses limites. IBK lui-même ne saurait le nier : ce quinquennat qui s’achève fut pour lui mais aussi et surtout pour les Maliens le sacerdoce de l’épreuve de trop. Son désastreux mandat aura suffi à lui tout seul à briser à jamais les mythes et légendes qu’il s’est fabriqués autour de sa personne tout au long de sa carrière. Le président IBK affiche depuis ces derniers temps, tous les signes d’un homme politique fatigué, esseulé puisque lâché par tous, en échec cuisant de gouvernance, ne sachant plus trop, ni que faire, ni quoi dire. Alors, il s’amuse avec les moyens de l’Etat. Mais surtout hélas, tout en ayant fracassé tous les codes éthiques en la matière, il lâche bien souvent des propos qui ne sont pas à la hauteur d’un chef d’Etat. Sans retenue aucune, il semble résolu à en découdre non seulement avec ses opposants politiques, mais aussi même avec ses enfants de la société civile, leur rendant coup pour coup comme sur un ring sans se demander si la fonction présidentielle devrait y prendre sa part d’uppercuts ! C’est d’autant plus décevant de la part de quelqu’un qui se réclame de référents culturels que cette culture enseigne justement que le leader se doit en toute circonstance, de ne point perdre son sang-froid et de toujours prendre de la hauteur. IBK ressemble aujourd’hui à un roi assis sur un trône, qui ne cesse de se demander ce qu’il fait là. Un Président qui, à coup d’invectives et de propos inappropriés pour la fonction, affiche tous les symptômes d’un homme intérieurement atteint, blessé par la médiocrité de son parcours politique et par l’échec de son premier mandat. Il est en passe de rendre son tout dernier souffle, politiquement parlant. Car, il est à peu près certain que le Mali ne pourrait aucunement supporter davantage un mandat de plus de la part de celui qui lui a infligé sans aucun état d‘âme, cinq ans de détournements de deniers publics, de malversation, de surfacturations, de délabrement juridique et institutionnel de l’Etat, d’intrusion de la famille dans la gestion de l’Etat et d’impunité totale et absolue. IBK est d’office écarté de tout second mandat auquel à l’évidence il ne pourrait accéder que par une mascarade électorale frauduleuse. Même son éventuelle présence au second tour de la présidentielle prochaine paraît incertaine. La défaite annoncée du candidat IBK à la présidentielle du 29 juillet de cette année sonnera infailliblement le glas d’un régime totalement discrédité par sa mal gouvernance. Pour le vrai bonheur des Maliens. Pour le vrai honneur du Mali.
La Rédaction
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Source : L’Aube