Des combattants russes figurent parmi des dizaines de forces progouvernementales tuées ces derniers jours dans une série d’attaques du groupe Etat islamique (EI) dans l’est de la Syrie, zone désertique où le groupe ultraradical reste présent après la chute de son califat autoproclamé.
Chassé de ses autres bastions, cible de deux offensives distinctes dans cette région qui court jusqu’à la frontière irakienne, l’EI a accéléré ses opérations contre des positions du régime de Damas, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
L’attaque la plus meurtrière a eu lieu mercredi lorsque des jihadistes ont visé des troupes du régime et des combattants russes alliés près de la ville de Mayadine, dans la province riche en pétrole de Deir Ezzor, a rapporté dimanche l’ONG, basée en Grande-Bretagne mais qui dispose d’un vaste réseau de sources dans le pays.
“Trente-cinq forces progouvernementales ont été tuées, et parmi elles figurent au moins neuf combattants russes. Une partie de ces Russes sont des soldats, mais pas tous”, a dit à l’AFP le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane.
Les 26 autres appartiennent aux forces du régime, a-t-il ajouté.
– Soldats et mercenaires –
Engagée militairement dans le conflit syrien, dans les airs et au sol, depuis septembre 2015, la Russie a permis au pouvoir de Bachar al-Assad d’engranger une série de victoires face aux rebelles et aux jihadistes.
En plus de ses milliers de soldats, Moscou compterait aussi des mercenaires sur le sol syrien.
Dans un communiqué, le ministère russe de la Défense a reconnu la mort de quatre soldats lors d’affrontements dans la province de Deir Ezzor, sans mentionner de date et de lieu. Mais, d’après l’OSDH, il s’agit bien de l’attaque survenue près de Mayadine.
Jeudi, l’EI avait pour sa part affirmé avoir attaqué, la veille, des forces du régime dans l’est de la Syrie, sans fournir de détails.
Deux des soldats russes tués étaient “des conseillers militaires commandant l’artillerie syrienne” et sont morts sur place, a précisé le ministère russe de la Défense, cité par les agences russes.
Selon Moscou, les affrontements ont éclaté de nuit quand “plusieurs groupes terroristes mobiles ont attaqué l’artillerie gouvernementale syrienne”.
La veille de ces affrontements, une autre attaque éclair de l’EI, dans la province voisine de Homs, avait déjà coûté la vie à 26 membres des forces du régime, selon l’Observatoire.
Et, entre samedi soir et dimanche, un double assaut des jihadistes a de nouveau tué au moins 11 combattants prorégime, dans la province de Deir Ezzor, d’après la même source.
Au total, cela fait “au moins 76 membres des forces du régime et de leurs alliés iraniens et russes tués” en moins d’une semaine, a indiqué Rami Abdel Rahmane.
Selon lui, les attaques se sont accélérées au lendemain du départ des derniers combattants de l’EI du sud de Damas, notamment du camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk, à la faveur d’une évacuation négociée.
Beaucoup ont rejoint la badia (désert), qui s’étend de la province de Homs à la frontière orientale avec l’Irak, en passant par la province de Deir Ezzor.
– ‘Prendre l’initiative’ –
D’après l’OSDH, les combattants évacués du sud de Damas sont impliqués dans les dernières attaques.
“L’EI essaie de prendre l’initiative et de montrer qu’il peut encore menacer le régime et ses alliés malgré les pertes essuyées” ailleurs, a avancé M. Abdel Rahmane.
Les positions du régime dans cette zone désertique s’avèrent des cibles relativement faciles, tant elles sont peu nombreuses et éloignées les unes des autres.
A ce jour, le régime Assad tient toute la rive ouest de l’Euphrate, qui coupe la province de Deir Ezzor en deux, tandis que des forces arabes et kurdes soutenues par les Etats-Unis sont stationnées sur la rive orientale.
Une ligne dite de “déconfliction” qui longe le fleuve Euphrate, en place depuis 2017, est destinée à empêcher tout affrontement entre ces deux camps antijihadistes.
Une source militaire syrienne basée dans l’est a assuré à l’AFP que les troupes du régime avaient repris de larges territoires à l’EI qui cherche, selon lui, à “entraver les opérations de ratissage de l’armée dans la badia en menant ces attaques”.
Elle a par ailleurs confirmé que des conseillers russes avaient été tués dans l’attaque de mercredi.
Officiellement, 92 militaires russes ont péri en Syrie depuis le début de l’intervention de Moscou dans le conflit en 2015. Environ 3.000 soldats russes se trouvent en Syrie, en grande majorité déployés sur la base aérienne de Hmeimim, dans le nord-ouest du pays.
Dimanche, un journal local de la ville de Chita en Sibérie a de son côté fait état de l’enterrement dans l’intimité de quatre soldats russes tués, selon ce journal, le 23 mai en Syrie.
AFP