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Le Mali est classé parmi les pays les plus pauvres et très endettés. Un classement qui se justifie selon l’homme d’affaires Aliou Boubacar Diallo par la mauvaise gouvernance des dirigeants actuels du pays. Il pense qu’un pays qui dispose de ressources naturelles inestimables ne doit pas être pauvre. Il l’a dit lors d’une conférence économique à Berlin le 17 mai 2018. Une conférence à laquelle ont participé des opérateurs économiques et hommes d’affaires de France et d’Allemagne.
Devant un parterre d’hommes d’affaires et d’opérateurs économiques de France et d’Allemagne, l’homme d’affaires malien Aliou Boubacar Diallo n’est pas allé avec le dos de la cuillère. Selon le candidat de l’Adp/Maliba, «nous avons un immense bassin sédimentaire dans le nord du Mali dénommé Bassin de Taoudeni qui est reparti entre la Mauritanie, le Niger et l’Algérie dont 30 à 40% du bassin se trouve au Mali». Les autres pays qui sont dans le bassin du Taoudeni ont tous découvert le gaz et le pétrole, a-t-il ajouté.
«Ça serait une malédiction sans précédent, dira-t-il, que le Mali ne puisse pas découvrir du gaz et du pétrole. Le Mali dispose aussi des fleuves Sénégal et du Niger qui font plusieurs milliers de kilomètres au Mali et le delta de fleuve qui font des millions d’hectares cultivables. Aussi, dans le sud du pays, il pleut pendant 3 à 4 mois dans l’année. Ce qui peut faire du Mali, de l’avis de M. Diallo, un grand pays agricole.
En plus de cela, le pays dispose de ressources naturelles qui sont reparties dans tout le pays de manière très horizontale. Ce qui fait que chaque région du Mali a une chance de développer des projets et de les produire afin de réduire la pauvreté dans le pays. Il s’agit entre autres de l’or, de l’uranium, du fer, de l’hydrogène, de la phosphate, du manganèse, de la bauxite».
Et M. Diallo de dire que sa société Petroma a fait la découverte de l’hydrogène dans le sud du pays et qu’un village est électrifié depuis 2012 grâce au courant provenant de l’hydrogène. C’est pourquoi il se pose cette question : «Comment un pays qui est aussi incroyablement riche en potentialité reste étonnamment pauvre et même très pauvre ?»
L’explication, selon lui, est dans la mauvaise gouvernance. Et surtout les relations que les gouvernants ont développé avec l’ex-colonisateur et avec les puissances européennes. C’est dire tout simplement que les gouvernants ont failli et mieux, ils n’ont même plus de crédibilité auprès de la communauté malienne. Selon Aliou Boubacar Diallo, les pays et le continent africains sont riches en potentialité mais restent très pauvres parce que la gouvernance a failli.
Que propose Aliou Boubacar Diallo aux Maliens ?
L’homme d’affaires malien non moins candidat à l’élection présidentielle du 29 juillet 2018 pense que le développement du Mali passe nécessairement par l’exploitation des ressources naturelles, en partenariat avec les communautés de base. Cela pour leur permettre non seulement de bénéficier de la richesse naturelle de leur localité, mais aussi de réduire considérablement la pauvreté et le chômage des jeunes.
Permettre de fait de rétablir le pacte de confiance entre l’Etat et les citoyens. Aliou Boubacar Diallo préconise des conditions dans les futures conventions afin de mettre les communautés en contact direct avec les investisseurs. Et donc une relecture du code minier afin que les investissements se fassent directement dans les régions en partenariat avec les conseils de cercle, l’Assemblée régionale et les communautés.
M. Diallo estime ainsi obtenir un moyen efficace pour rétablir la confiance entre l’Etat et les communautés. Aliou Boubacar Diallo pense que le schéma actuel, qui consiste à utiliser les pays africains comme des marchés d’exportation, n’est plus la solution. Puisqu’il passe par des gouvernants désavoués par les citoyens.
Pour ce faire, le candidat Diallo pense qu’il faut des investissements directs dans la production. Il faut, pour lui, délocaliser non seulement la conception mais aussi la production. Cela pour créer plus de valeur ajoutée, pas seulement dans la production mais aussi dans le volet scientifique, la conception de tout le processus de production, de valorisation et d’exportation. M. Diallo se dit convaincu qu’un pays comme le Mali peut être le grenier de l’Afrique de l’Ouest ; il peut être un pays avec un excédent commercial très important, peut s’affranchir de l’aide du Fonds monétaire international et peut s’affranchir de l’aide des bailleurs classiques.
Faut aller vers un partenariat gagnant-gagnant, préconise-t-il, parce qu’il y a des ressources à exploiter. Et l’exploitation de ces ressources peut faire gagner de l’argent aux sociétés d’exploitation, peut créer des emplois et peut régler le problème de radicalisation des jeunes.
En somme, l’homme d’affaires malien Aliou Boubacar Diallo dit oui à la coproduction, oui à la valorisation des ressources, mais il pense qu’il faut aussi transférer la conception des ressources pour que le Mali et l’Afrique ne soient «que» des usines.
André TRAORE
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Source : Soleil Hebdo