Le président syrien Bachar al-Assad s’est dit ouvert aux efforts de réconciliation dans son pays ravagé par plus de sept ans de guerre, mais n’a pas exclu le recours à la force contre les forces kurdes soutenues par les Etats-Unis pour reprendre les régions sous leur contrôle.
Dans une interview à la chaîne de télévision Russia Today, diffusée jeudi, M. Assad a par ailleurs affirmé qu’une confrontation directe entre la Russie et les Etats-Unis avait été évitée de justesse en Syrie, où les deux grandes puissances interviennent dans le conflit.
“Le seul problème qui reste aujourd’hui en Syrie, c’est les Forces démocratique syriennes (FDS)”, a dit le président syrien dont les troupes ont réussi à reprendre plus de 60% du territoire aux rebelles et jihadistes grâce principalement à l’aide de l’allié russe.
“Nous avons deux options pour régler ce problème: Nous avons d’abord ouvert la voie à des négociations car la majorité des membres (des FDS) sont des Syriens. Si cela ne marche pas, nous allons libérer nos territoires par la force. Nous n’avons pas d’autre choix”, a-t-il souligné.
Soutenues militairement par les Etats-Unis, les FDS, une coalition composée de combattants kurdes et arabes, ont joué un rôle crucial dans la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI) qu’elles ont chassé de plusieurs régions de Syrie dont son fief de Raqa, et qu’elles continuent de combattre dans une partie de la province orientale de Deir Ezzor.
Elles contrôlent de larges territoires dans le nord et nord-est syrien.
“C’est notre terre et c’est notre droit et notre devoir de la libérer. Les Américains doivent partir et ils partiront d’une façon ou d’une autre”, a ajouté M. Assad.
“Après la libération d’Alep (nord), par la suite (la ville de) Deir Ezzor et avant cela Homs (centre) et maintenant Damas, les Américains perdent en réalité leurs cartes”, selon lui.
– Accrochage russo-américain évité –
Des combats inédits ont éclaté fin avril entre les prorégime et les FDS dans la province de Deir Ezzor riche en pétrole.
Une offensive des prorégime soutenus par l’aviation russe et une autre distincte des FDS appuyées par la coalition internationale emmenée par Washington, sont en cours pour déloger l’EI de ses derniers retranchements dans la province.
Aujourd’hui, le régime contrôle la ville de Deir Ezzor, chef-lieu de la province du même nom, mais aussi toute la rive ouest de l’Euphrate, tandis que les FDS sont stationnées sur la rive orientale.
L’intervention militaire russe en Syrie, à partir de septembre 2015, a permis au régime de reprendre des territoires conquis par l’EI et d’affaiblir significativement les groupes rebelles, les chassant tout récemment des secteurs de la Ghouta orientale près de Damas.
La Russie peine néanmoins à transformer ces succès en règlement politique du conflit.
Sur un autre plan, M. Assad a affirmé qu’une confrontation russo-américaine avait été évitée.
“Nous étions près d’une confrontation directe entre les forces russes et celles des Etats-Unis, et heureusement elle a été évitée”, a dit le président syrien.
Il a loué “la sagesse de la direction russe” qui a permis selon lui d’éloigner le spectre d’un tel conflit car “personne au monde et en premier lieu les Syriens n’a intérêt à ce que cette confrontation se produise”.
– “Pas de troupes iraniennes” –
Sur la question de l’implication de l’allié iranien dans le conflit et les récentes frappes israéliennes sur des positions militaires présentées comme iraniennes en Syrie, M. Assad a affirmé qu’il n’y avait “pas troupes iraniennes sur notre sol”.
“Nous ne pouvons pas les cacher (les iraniens) et nous n’avons pas honte de dire clairement s’il y en a”, a-t-il dit. “Seuls des officiers iraniens aident l’armée syrienne”.
“Ils (Israël) disent avoir attaqué des bases et des camps iraniens. Mais en fait nous avons eu des dizaines de Syriens tués ou blessés, et pas un seul Iranien”, a poursuivi M. Assad.
Déclenché en 2011 par la répression par le régime de manifestations pacifiques pro-démocratie, le conflit en Syrie s’est complexifié au fil des ans avec l’implication de pays étrangers et de groupes jihadistes, sur un territoire morcelé.
Il a fait plus de 350.000 morts et jeté à la rue des millions de personnes.
Sept ans après le début du conflit, M. Assad a solennellement répété que ses forces “n’abandonneront aucun territoire”. “Si nous n’arrivons pas à récupérer (l’ensemble) du territoire par des accords de réconciliation, nous le ferons par la force”.
AFP