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Le front social bouillonne ! Après les commerçants, les cheminots, les syndicats des magistrats, le syndicat des travailleurs des douanes et les syndicats des blouses blanches, c’est celui des sapeurs-pompiers qui viennent de rallonger la liste des préavis de grève. Ces mouvements annoncés risquent de perturber fortement la fin du mandat chaotique d’IBK.
La fin du quinquennat du président IBK et son régime s’annonce difficile et surtout au niveau du front social où les acteurs affûtent de plus en plus leurs armes contre un gouvernement accusé par tous de non-respect des multiples engagements pris lors de différentes négociations avec les syndicats. En clair, le régime actuel est indexé de ne pas se soucier des conditions de travail et de vie des travailleurs.
Ainsi, la table du gouvernement ne désemplie guère avec des préavis de grève émanant des différents syndicats de plusieurs secteurs. Il s’agit du Syndicat autonome de la magistrature, le Syndicat libre de la magistrature, le Syndicat des greffiers, la Plateforme des syndicats de la santé au Mali (Pla.ass.ma), regroupant l’ensemble des organisations syndicales de la santé et la section syndicale de la Protection civile.
En effet, la Section syndicale de la Protection civile (SSPC), affiliée au Syndicat national des travailleurs des administrations d’Etat (Syntade), a observé un arrêt de travail le 28 mai dernier.
Par cette grève qui a pris fin le jeudi 31 mai 2018, les soldats du feu entendaient protester contre « l’abandon de tout projet d’avancement en grade, initié en violation des dispositions de la loi n° 2015-002 du 30 janvier 2015 portant statut des fonctionnaires de la Protection civile, en matière d’avancement ».
La section syndicale de la Protection civile conteste aussi le projet de redoublement de deux stagiaires sapeurs-pompiers et réclament l’accélération du processus de relecture du statut des fonctionnaires de la Protection civile. Autres revendications de la SSPC ? L’application correcte de l’arrêté n°2018-0334/MSPC-SG du 19 février 2018 portant ouverture d’un concours de recrutement et l’annulation de la décision n°2018-0288/DGPC-SG du 12 mars 2018 portant nomination d’un président de la commission nationale de recrutement à la protection civile au titre de l’année 2018. La régularisation des fonctionnaires de la Protection civile évoluant au sein de la Minusma, la dotation du personnel en équipement de protection individuelle, l’organisation des concours d’avancement de catégorie, l’abandon de tout projet de mise en réforme des véhicules en bon état de fonctionnement et la réponse par écrit aux différentes correspondances adressées aux autorités par la SSPC…
Le secrétaire à la nouvelle technologie de l’information et de la communication de la section syndicale de la Protection civile, Namanké Dembélé, explique : «A notre entendement, ces violations de textes n’ont fait qu’engendrer le favoritisme, l’injustice et la discrimination dans la gestion de la carrière du personnel de la Protection civile. Face à la mauvaise gouvernance, la section syndicale est dans l’obligation d’assumer sa mission de défense des intérêts matériels et moraux des fonctionnaires du secteur ».
Namanké Dembélé précise : « après le dépôt du préavis de grève, le ministère en charge de la Fonction publique a mis en place une commission de conciliation et les négociations se sont tenues, le vendredi 25 mai dernier. Nous avons montré notre disponibilité à aller au dialogue social et à la concertation pour dénouer la crise parce que notre volonté était d’exposer nos problèmes à des représentants du gouvernement et d’y trouver des solutions». En vain.
Les syndicalistes de la protection civile s’apprêteraient à élaborer une nouvelle plateforme qui sera sur la table du gouvernement dans les jours à venir et qui fera aussi l’objet d’un nouveau préavis de grève avec une demande d’autorisation de marche des sapeurs pompiers de Kayes à Ménaka.
La justice et les hôpitaux à l’arrêt ?
Aussi, les magistrats et les greffiers projettent une grève qui risque de paralyser le secteur de la justice, du 4 au 12 juin prochains. Les syndicats exigent que l’Etat s’investisse pour faire libérer le juge de Niono, enlevé depuis 6 mois par des terroristes. Aussi, ils exigent l’adoption de la nouvelle loi portant statut de la magistrature.
Le Syndicat autonome de la magistrature, le Syndicat libre de la magistrature, le Syndicat des Greffiers et secrétaires de greffe, ont tenu le jeudi 10 mai dernier à la Cour d’Appel de Bamako une assemblée générale autour du cas Soungalo. En définitive, il semble qu’un accord a été trouvé entre le gouvernement et les syndicats de la justice.
De leurs côtés, les différents syndicats de la santé accusent le gouvernement de ne pas respecter certains engagements « pris par les autorités politiques, administratives et sanitaires dans le procès-verbal du 16 avril 2017 »…
Ainsi, le tragique scenario de l’année dernière où nos hôpitaux étaient devenus des mouroirs pour faute de médecins se dessine à nouveau si le gouvernement et les blouses blanches ne trouvent pas un accord.
Selon le syndicat des médecins de la santé, Dr Chaka Diarra, toutes les conditions sont réunies pour revivre la situation de l’année dernière où les médecins sur toute l’étendue du territoire malien avaient observé une grève illimitée de plus de 30 Jours. « Aucune reforme n’aboutira dans le secteur de la santé sans mettre les principaux acteurs que sont les médecins dans les meilleurs conditions de travail. Le Mali compte aller vers des hôpitaux de 4eme référence mais avant de penser à ces reformes il faut surtout penser à mettre les médecins dans les meilleures conditions et cela garantira des résultats probants », affirme-t-il.
Dr Diarra a précisé que les principaux points d’accord n’ont pas été exécutés et que face à l’indifférence du gouvernement et son refus manifeste à respecter ses engagements qu’ils ont déposé un préavis de grève sur la table du ministre du travail de la fonction publique et des relations avec les institutions avec comme revendications : l’application des points d’accords du procès-verbal de conciliation du 16 avril 2017 ; l’intégration des contractuels sur fond ASACO dans la fonction publique des collectivités ; l’intégration des contractuels des hôpitaux dans la fonction publique de l’Etat ; la création d’une passerelle entre la fonction publique des collectivités territoriales et l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique etc. « Si les lignes ne bougent pas nous observerons une première grève du 05 au 06 juin 2018, après un temps d’arrêt nous recommencerons du 12 au 14 juin 2018 et nous allons enchainer du 19 au 22 juin 2018. Rien ne nous met à l’abri des 38 jours de l’année dernière, voire même plus », indique-t-il.
Aussi, Dr Seydou Cissé de la Fédération des Syndicats de la Santé et de l’Action Social (FESYSAM) a dénoncé les conditions de travail des médecins du Mali. Selon lui, ces conditions doivent changer afin de permettre aux maliens de se soigner dans des centres et hôpitaux répondant à leurs attentes. « Les 20 milliards de FCFA de frais d’évacuations sanitaires de la plupart des autorités maliennes peuvent servir à combler ce trou mais ils préfèrent se pavaner entre le Maroc, la Tunisie et des hôpitaux d’Europe laissant les médecins maliens dans l’indigence et la souffrance.. », affirme Dr Cissé.
Le scénario de la grève illimitée des médecins de 2017 qui avait paralysé le secteur de la santé au grand désarroi des populations se dessine et les médecins sont déterminés à avoir entière satisfaction avant de revêtir les blousses blanches.
Aussi, les cheminots sont descendus dans les rues, le mercredi 16 mai dernier à Bamako, bloquant certaines voies à l’aide de barricades ou des wagons. Le mouvement a paralysé la circulation à plusieurs endroits de la capitalependant une bonne partie de la journée. Certaines artères stratégiques ont été barricadées à l’aide des wagons. Selon le porte-parole des manifestants, ce mouvement avait pour but de « nous faire entendre et passer le message ». Les manifestants ont dénoncé « l’inertie » des autorités face aux difficiles conditions de vie et de travail des cheminots qui n’ont pas perçu de salaire depuis quatre mois. Aussi ils s’insurgent contre l’absence d’une vraie politique ferroviaire. Les travailleurs de Dakar-Bamako ferroviaire demandent l’organisation des assises sur le chemin de fer. Pour le collectif des cheminots, les travailleurs ne doivent pas payer pour l’échec de la privatisation du chemin de fer. Il affirme vouloir poursuivre le mouvement jusqu’à la satisfaction de leurs doléances. D’autres manifestations d’envergure sont attendues prochainement.
Mohamed Sylla
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Source : L’Aube