Edito Seul bilan patent chaos
Tout mandat est fait de haut et de bas. Ce qui est bon à comprendre, on ne peut satisfaire tout le monde à hauteur de souhait. C’est l’ordre naturel des choses. Cela ne peut être aussi nullement un motif rationnel pour justifier l’échec jusqu’à un certain degré, puisqu’une équipe vient au pouvoir avec un certain nombre de secteurs prioritaires. Elle doit parvenir à apporter des réponses appropriées, à plus de 50%, aux maux qu’il a lui-même identifiés et promis de combattre.
Sous la gouvernance d’Ibrahim Boubacar Keïta, les gouvernants tentent de faire croire au peuple que la couleur rouge est forcément le noir. Leur bilan est désastreux, mais ils refusent de le reconnaitre. En plus, ce qui est inadmissible, c’est le fait de conditionner l’échec du régime aux pouvoirs précédents. Ils aiment à le dire tout le temps, qu’ils sont venus trouver que la crise du nord était déjà là et que les responsables ne sont autres que les prédécesseurs. Qu’ils comprennent que se dérober de sa responsabilité n’est pas le signe d’un homme exemplaire, voire d’un homme d’honneur.
Le Mali d’aujourd’hui, ça ne va pas ! Le constat est unanimement partagé par tout le monde, citoyens et partenaires du Mali. Et à la lecture des causes qui nous ont conduits à un tel désastre, on ne peut accuser rationnellement quelqu’un d’autre si ce n’est IBK lui-même. Il a critiqué les autres. Dieu et les hommes lui ont confié le pouvoir. Dans l’exercice de sa fonction, il a fait pire. Il n’a rien apporté pour restaurer l’espoir et il est la source principale de la dégradation de la situation. Ayant détruit le peu d’acquis qui était là avant son arrivée, il déchire le tissu social malien avec sa politique qui a mis dos à dos les Maliens, à un moment crucial de la survie de la Nation qui nécessite l’union.
Que reste-t-il du Mali ? Rien ! Absolument rien ! L’économie est à l’agonie, le panier de la ménagère est désespérément vide, l’autorité de l’Etat est absente sur la quasi-totalité du territoire, la corruption et le favoritisme sont monnaie courante, les conflits intercommunautaires impactent dangereusement sur la cohésion des communautés qui vivent ensemble depuis des siècles. C’est le cas dans le centre du pays où Peul-Dogon, Peul-Bambara, etc. s’entretuent sous le regard impuissant de l’Etat. Justement, c’est cet Etat qui est responsable de la situation. Depuis très longtemps, il a été interpellé afin de faire barrage à la menace terroriste et djihadiste dans le centre, mais rien n’y fit. Du coup, la nature ayant horreur du vide, l’amalgame s’est installé.
De soupçon en soupçon sur une ethnie d’être importatrice du mal, les bonnes relations ont cédé la place à la haine, à la chasse à l’homme. La situation est déplorable car le climat de confiance s’est dissipé entre l’armée et des communautés et entre les communautés elles-mêmes.
Ce qui est choquant, cette atmosphère inquiétante, reconnue même sur le plan international, n’impacte en rien la politique de propagande d’IBK et son clan. A Bamako et dans les zones où l’insécurité n’a pas encore pris le dessus, ils parlent du bilan d’IBK qu’ils estiment positif ; ils promettent la réélection d’IBK dès le premier tour. Il est bon de se poser la question : bénéficient-ils encore de toutes leurs facultés ? En effet, même la case sous laquelle ils se trouvent est menacée, mais ils n’en sont pas conscients. Au lieu de s’agripper à la réélection d’IBK via des méthodes folkloriques, qu’ils se posent la question si dans ces conditions-là il est possible d’organiser l’élection présidentielle. Tous les ingrédients sont en tout cas réunis pour croire qu’il y a une véritable menace sur la tenue de cette élection, le 29 juillet. A ce niveau, j’ajouterai aux questions terroristes et au conflit intercommunautaire, la grève des administrateurs civils et la levée de boucliers du Collectif des régions non opérationnelles. Des menaces, parmi tant d’autres, qui pèsent lourdement sur le processus électoral.
En des mots simples, IBK a tout foutu en l’air au Mali !
Boubacar Yalkoué
Edito Seul bilan patent chaos
Source : Le Pays