«Malgré les discussions permanentes entre les Parties, qui n’ont abouti qu’à des déclarations de bonnes intentions et des chronogramme non réalistes, rien ne présage des avancées attendues». C’est par cette impression parmi tant d’autres que la Coordination des Mouvements de l’Azawad a pris de contre-pied celle des hautes autorités maliennes sur la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issue du processus d’Alger, à l’occasion du troisième anniversaire de sa signature le 20 juin dernier. Pendant que le président de la République magnifie les efforts du gouvernement et leurs résultats, le mouvement sécessionniste, dans une déclaration rendue publique pour la circonstance, a jugé pour sa part opportun de prendre à témoin la communauté internationale – et singulièrement la médiation algérienne – sur l’évidence d’un manque de volonté politique dans l’application dudit accord. La CMA en veut pour preuve le piétinement de nombreux préliminaires et actions transitoires dont le calendrier de mise en œuvre ne devait pas dépasser les trois mois suivant la signature du document. La Coordination admet par ailleurs certaines actions mais qu’elle juge trop timides pour ne pas être satisfaisantes. C’est le cas de l’installation des autorités intérimaires «sans transferts de ressources ni de compétences » ainsi que des Mécanismes Opérationnels de Coordination qualifiées de «partielles» et attribuées du reste aux efforts de la communauté internationale.
Pour argumenter son assertion, la Coordination rappelle, dans la même veine, les grands espoirs qu’elle a reposés sur la plus récente des feuilles de route passés avec le Gouvernement, chronogramme à l’appui, lors de la 23 ème session du Comité de suivi de l’Accord. Lequel document préconise la création des conditions administratives et
sécuritaires propices à la tenue des élections dans les régions du septentrion, en attendant l’effectivité des réformes et mesures institutionnelles mentionnées dans l’Accord. Bilal Ag Achérif et ses compagnons relèvent que c’est dans ce cadre que s’inscrit l’engagement des parties à mettre en œuvre, dans le sillage de l’élection présidentielle, des actions prioritaires au nombre desquelles : la mise en place et l’opérationnalisation des autorités intérimaires avec transfert des ressources et des compétences tant au niveau local que régional, le redéploiement des représentants de l’Etat chargés de l’organisation des élections, la prise en charge des combattants des mouvements armés en prélude au redéploiement de l’armée reconstitution, la définition des modalités pratiques de participation des mouvements signataires de l’Accord à l’organisation des élections, etc.
Avec les sons de cloche similaires en provenance de voies très autorisées de la communauté internationale, on ne saurait dire que la CMA est isolée dans ses réserves et reproches en rapport avec la mise en œuvre de l’Accord. Une certaine tonalité de ses récriminations, toutefois, leur confère plus une posture opportuniste qu’une
véritable affectation par les retards accusés. À quelques encablures de la présidentielle, enjeux expliquent, il n’est point exclu que le Mouvement fortement implanté dans les trois régions du nord-Mali soit en train de prévenir d’une possible menace sur l’effectivité du scrutin du 29 juillet dans ses zones d’influence, au cas où son implication n’est pas assurée dans le dispositif sécuritaire. Une mise en garde qui apparaît pour le moins assez clairement dans certains passages de sa déclaration où le gouvernement est invité à redoubler d’effort à travers des mesures urgentes de «concrétisation des activités prévues avant lesdites élections». Lesquelles consultations, dans l’entendement des leaders du mouvement armé autonomiste, participent au confort des orientations institutionnelles contenues dans l’Accord issu du processus d’Alger dont la mise en œuvre est un gage exclusif de paix durable, prévient la CMA. Et d’insister sur la responsabilité des garants de l’Accord dans son application intégrale.
Sécurisation Présidentielle 2018 CMA hausse ton monte enchères
A Keïta
Source: Le Témoin