Mercredi 27 juin 2018, en visite à Paris depuis lundi dernier, le Premier ministre malien, Soumeylou Boubèye Maiga, répondait aux questions de Christophe Boisbouvier sur la situation qui prévaut au Mali au seuil de l’élection présidentielle du 29 juillet prochain.
Dans un entretien de cinq minutes, il a été d’abord question du slogan qui se trouve dans toutes les bouches, à savoir la restauration de l’autorité de l’État. Le Premier ministre tacle l’opposition en soutenant qu’il ignorait ce que cette dernière entendait par alternative, mais qu’au niveau du gouvernement, ils sont à la manœuvre et ont déjà réussi à déployer partout des représentants de l’État ! Il a tenu à faire comprendre que ce redéploiement se fera de façon graduelle. Quant aux concessions faites aux groupes armés et qui lui sont reprochées par l’opposition lors de son passage à Kidal, le chef du gouvernement dit ne voir aucun problème dans son geste, dans la mesure où ces groupes sont signataires de l’accord d’Alger.
Soumeylou Boubeye Maiga a condamné avec force les évènements de Boulkessy. Il rassure que les mesures disciplinaires nécessaires sont prises afin d’éviter que ce genre d’incidents se reproduise. Des sanctions seront prises à la suite des résultats des investigations. Le Premier ministre ne voit en rien l’incident que peut avoir cette action des groupes terroristes sur la confiance des partenaires sur le Mali dans la mesure où l’ordre a pu être rétabli sur les ¾ des zones sous menace terroriste.
Le chef se dit confiant à travers cette visite à Paris car, à ses dires, cela traduit la confiance que la France porte sur le gouvernement IBK. La stabilité du Mali étant la priorité de tous, celle-ci est en phase d’être une réalité. En ce qui concerne les opinions que beaucoup de Français se font sur le Mali en soutenant que c’est une terre de conflit dangereuse pour leurs soldats, le PM lâche que cela n’est pas le cas. « Le Mali n’est pas un pays en guerre », dit-il. Il poursuit en ajoutant que la présence des militaires français sur le sol malien n’est pas le « fruit d’une expédition militaire ». Le Mali a un taux de croissance de plus de 5%, rassure-t-il. La présence de la France sur le sol malien n’est ni une expédition militaire ni une expédition de charité, mais c’est juste parce que nous avons des intérêts communs, a tenu à expliquer le chef du gouvernement malien. À ses dires, la France est « un partenaire historique et constant» du Mali.
Fousseni TOGOLA
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« Le Mali n’est pas un pays en guerre »
Propos d’un Premier ministre indifférent à la crise de son pays
Lors de sa visite à Paris, le Premier ministre malien, Soumeylou Boubeye Maiga a accordé une interview à des médias français, notamment TV5 et RFI, dans laquelle il rassure le monde entier que la crise malienne n’est pas inquiétante. Cela relève d’une mauvaise foi de la part du dirigeant qu’il est.
« Le Mali n’est pas un pays en guerre ». Voici les propos tenus par le chef du gouvernement malien face à la communauté internationale. Alors, les guerres intercommunautaires qui viennent de faire près de 60 victimes en une semaine dans la région de Mopti relèvent du bon cœur des habitants ; les écoles fermées au centre du pays aussi bien qu’au nord ne sont aux yeux du PM que traductions du bon vouloir des populations victimes. Tout ceci, traduit-il la paix qui règne sur le territoire national ?
Ces propos de Soumeylou Boubeye Maiga relèvent d’une mauvaise foi. Si le « Mali n’est pas un pays en guerre », pourquoi les administrateurs civils ont-ils déclenché une grève d’une semaine en paralysant toutes les distributions de cartes d’électeurs ? Le PM fait mine d’oublier peut-être la cause de cette grève qui n’est autre qu’une dénonciation de l’insécurité à laquelle ils [les administrateurs civils] se trouvent exposés dans leurs zones de travail. Il n’y a pas de guerre au Mali, et pourtant, les préfets, les sous-préfets, les véhicules des travailleurs de l’État se trouvent enlevés à chaque fois. Des examens n’ont pas pu se tenir à Kidal ainsi que dans certaines zones du centre. Des écoles sont brûlées, des civils sont tués tous les jours, des soldats tombent chaque jour. Tout ceci ne constitue-t-il rien aux yeux du Premier ministre qui se permet de remuer le couteau dans la plaie en soutenant que le « Mali n’est pas un pays en guerre ». Or, ce qui se trouve sur toutes les bouches aujourd’hui au Mali et qui traduit une certaine crainte, c’est bien cette situation conflictuelle aussi bien au nord qu’au centre. Chacun se demande, société civile comme partis politiques, si l’élection présidentielle pourrait avoir lieu dans cette situation. Un pays qui perd davantage chaque jour le contrôle de son territoire, n’est-il pas un pays en guerre ? Un pays où l’armée s’adonne à des exécutions sommaires des populations civiles, à des enlèvements, n’est-ce pas encore un pays avec lequel il importe de s’inquiéter ? Une fois de plus, le Premier ministre vient de montrer aux Maliens et à la communauté internationale que la crise qui prévaut dans son pays n’est pas son inquiétude. Mais aussi, à travers ce propos, il a démontré son ignorance face à la situation qui prévaut actuellement sur toute l’étendue du territoire national.
Soumeylou Boubeye Maiga lors visite Paris Mali n’est pas pays guerre
Fousseni TOGOLA
Source: Le Pays