Les choses ne sont pas encore définitivement tranchée ! Plus de 20,5% de ceux qui ont l’intention de voter n’ont pas encore choisi leur candidat. Le score de IBK sera compris entre 28.29% et 38,26% ; celui de SOUMAÏLA CISSE entre 16,07% et 25,14% ; Cheick Modibo Diarra sera entre 15,91% et 27,06%.
Dans la perspective de prédire les résultats des élections présidentielles du 29 juillet 2018, nous avons réalisé un sondage d’opinion auprès de la population. Nos sondages sur les élections sont motivés par trois raisons :
- se mettre au diapason (ou à la même échelle) que les autres pays démocratiques : les méthodes de sondage occupent une bonne place dans la prédiction des résultats des différentes élections dans les pays démocratiques ; Il n’y a donc pas de raison que le Mali se dérobe à cette règle.
- Motiver nos dirigeants à accorder plus d’importance à la statistique : alors que les partis politiques dépensent des sommes importantes pour les campagnes électorales, nombres d’entre eux ne semblent pas être convaincus de l’importance des méthodes statistiques dans leur stratégie. Au Mali, l’importance accordée aux statisticiens et aux statistiques laisse à désirer.
- Défi intéressant pour un jeune statisticien : en tant qu’Ingénieur Statisticien Économiste (ISE), chercher à prédire les résultats de ces élections par des méthodes statistiques est un défi intéressant à relever.
Qui a commandité le sondage ? Ce sondage se veut neutre vis-à-vis des partis politiques et des organisations internationales. Il s’agit d’un exercice scientifique visant à améliorer l’image de notre pays.
Mise en garde : dans un pays en crise comme le nôtre, il importe de noter que l’enquête statistique par sondage est un exercice scientifique. Les résultats de ce sondage s’inscrivent donc dans le cadre de cet exercice. Par conséquent, aucun parti politique, aucun gouvernement, aucune organisation ou personne physique ne peut se baser sur nos résultats pour réclamer quoi que ce soit sur les résultats sortis des urnes. Pour garder le principe de neutralité vis-à-vis des partis politiques, les réponses des questions envoyées à guindosidiki@yahoo.fr auront droit à une réponse publique sans préciser celui qui a posé la question.
Le sondage d’opinion a été réalisé du 20 au 28 juin 2018 sur un échantillon représentatif des 18 ans et plus. L’enquête est réalisée par téléphone, sur 5 525 personnes tirées de manière aléatoire dans les différentes régions. Pour cette phase du processus de prédiction, l’objectif est de fournir une bonne tendance des résultats des élections présidentielles du 29 juillet 2018.
La population est-elle motivée pour aller aux urnes ?
À la question de savoir si vous comptez voter (sous l’hypothèse que vous ayez votre carte électeur) le 29 juillet 2018 ? Nous avons trouvé que plus de 80% répondent par l’affirmative. Cependant, par expérience et selon nos résultats, le taux de participation sera très loin de ce chiffre : au Mali, très généralement, les intentions de vote estimées par sondage sont nettement supérieures au taux de participation. Contrairement aux élections présidentielles de 2013, une bonne partie de la population, plus de 20.5% des votants n’ont pas encore choisi leur candidat. On peut donc déduire que la population était plus motivée en 2013 qu’en 2018.
Score des différents partis
À la question de savoir : si les élections se déroulaient la semaine prochaine, pour qui allez-vous voter ? Nous avons trouvé qu’une partie non négligeable de la population est encore indécise (au moins 20.5% d’indécis). Le pourcentage d’indécis atteint 27.8% en milieu rural. Les candidats auront donc intérêt à ne pas rester sous les climatiseurs de Bamako, ils doivent faire une vraie descente sur le terrain !
Malgré un pourcentage élevé d’indécis, après imputation de certains indécis par des méthodes statistiques, nous avons estimé des intervalles de confiance des scores des différents candidats. Pour un candidat donné, on fournira le minimum et le maximum qu’il peut avoir. A l’état actuel de la situation, il n’est pas prudent de fournir une estimation (ponctuelle) des scores des candidats.
- Concernant les scores des candidats, même après imputation de certains indécis, nos résultats montrent que : la situation n’est pas encore tranchée. Nos résultats, ne permettent pas de savoir qui et qui iront au second tour. Cependant, en termes de rang, selon les intentions de vote exprimées, son Excellence Ibrahim Boubacar Keïta, viendra en première position. La deuxième place sera disputée entre l’honorable Soumaila Cissé et le premier ministre Cheick Modibo Diarra.
En termes de score, IBK aura plus de 28.29% et son score ne dépassera pas 38.26%; l’honorable Soumaila Cissé aura un score compris entre 16.07% et 25.14% alors que l’ancien premier ministre Cheick Modibo Diarra aura un score compris entre 15.91% et 27.06%. Tous les autres candidats (Modibo Sidibé, Oumar Mariko, Aliou Boubacar Diallo, Modibo Koné, Mohamed Aly Bathily, Harouna Sankaré, Dramane Dembelé, Housseini Amion Guindo, etc.) auront chacun moins de 4.5%. Le futur Président du Mali se trouve entre IBK, Soumaila Cissé et Cheick Modibo Diarra.
Y aura-t-il un deuxième tour pour les élections présidentielles ?
En observant nos résultats, sauf un très grand changement, on se rend compte qu’aucun candidat n’aura plus de 50%. IBK qui occupera la première position n’aura pas plus de 38.26%. On peut donc affirmer qu’il y aura inévitablement un second tour pour les élections du 29 juillet 2018. Le second tour opposera IBK à Soumaila Cissé ou bien il opposera IBK à Cheick Modibo Diarra. Donc, cette élection se joue entre les « trois grands » : IBK, Soumaila Cissé et Cheick Modibo Diarra. Les autres candidats n’iront pas au deuxième tour. Pour l’instant, nos résultats ne permettent pas de savoir qui sera au second tour entre Soumaila Cissé et Cheick Modibo Diarra. Il appartient aux candidats de se donner à fond lors des campagnes.
- Le cas IBK : le Président IBK viendra probablement en tête dans les régions de Sikasso et Ségou avec des scores qui peuvent dépasser les 35%. Il aura probablement un score relativement faible à Bamako, Tombouctou et Gao (généralement moins de de 25%). Concernant le milieu de résidence, IBK aura un peu plus de score en milieu rural qu’en milieu urbain (plus de 33% en milieu rural contre moins de 31% en urbain). Un des points forts du candidat IBK est que son parti est installé dans tout le pays, le point faible à noter est que la population n’est pas très satisfaite de son premier mandat.
- Le cas Soumaila Cissé : l’honorable Soumaila viendra probablement en tête dans les régions de Mopti (environ 29%), Tombouctou et Gao (plus de 35% dans ces régions). Il aura probablement un score faible à Bamako et Koulikoro (moins de 14%). Concernant le milieu de résidence, Soumaila aura un peu plus de score en milieu rural qu’en milieu urbain (plus de 19% en milieu rural contre moins de 17% en urbain). Comme point fort, Soumaila a un parti bien installé dans le pays et il a fait ses preuves lors de différentes élections. Le point faible à retenir est qu’il peine à améliorer (de manière significative) son image auprès de la population.
- Le cas Cheick Modibo Diarra : l’ancien premier ministre Cheick Modibo Diarra viendra probablement en tête à Bamako (plus de 35%). Il aura probablement un score faible à Mopti, Tombouctou et Gao (moins de 14%). Concernant le milieu de résidence, Cheick Modibo Diarra, aura nettement plus de score en milieu urbain qu’en milieu rural (plus de 25% en milieu urbain contre moins de 18% en rural). Comme point fort, ce candidat bénéficie du soutien du premier ministre Moussa Mara. Aussi, les personnes qui ne sont pas satisfaites du mandat d’IBK et qui n’ont pas confiance à Soumaila Cissé peuvent voter pour Cheickh Modibo Diarra. Comme point faible, il faut noter que ni son parti ni celui de Moussa Mara n’est bien installé dans tout le Mali. Enfin, ce candidat n’est pas pour le moment assez populaire en milieu rural.
- Les autres candidats: hormis les trois grands (IBK, SOUMI, CMD), les autres candidats n’ont pas la chance d’avoir plus de 4.5%. Ils n’auront donc pas la chance d’aller au second tour. Cependant, il n’est peut-être pas impossible que certains d’entre eux tire leur épingle du jeu.
- Prise en compte des consignes de vote : cette étude a pris en compte les consignes de vote données par le CDR en faveur de Soumaila Cissé et celles données par Moussa Mara en faveur de Cheick Modibo Diarra.
- Limites de l’étude : comme tout travail scientifique, le nôtre n’est pas sans Comme limite à ce sondage, nous pouvons citer quatre aspects:
- La distribution des cartes d’électeur ne fait que commencer, alors que les intentions de vote ne peuvent se concrétiser que si la population a reçu les cartes d’électeur.
- Le pourcentage élevé d’indécis peut faire changer les tendances.
- Le sondage a été réalisé à environ 40 jours des élections, il n’est donc pas impossible que les intentions de vote changent avant le jour
- Le sondage n’a pas concerné les maliens de l’extérieur.
Guindo Sidiki,
Ingénieur Statisticien Economiste.
Ancien Élève des Écoles de Statistique et d’Économie appliquée d’Afrique
guindosidiki@yahoo.fr