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Élection présidentielle de juillet 2018 : Avons-nous encore besoin de cette perversion de la jeunesse et de la pollution de l’espace politico-public pour arriver à ses fins?

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Makan DIALLO : Docteur en Droit Privé, Avocat inscrit aux barreaux de Paris et du Mali

 

Il est bien connu que les veilles d’élections sous nos cieux, constituent des moments de ferveur et d’effervescence au sein des chapelles politiques mais aussi d’intrigues de toutes sortes, de marchandages, de comportements abjects et indignes de la part de certains de nos compatriotes.

Au regard de la situation préoccupante que connait notre pays, on se  serait bien  passé à l’orée du scrutin présidentiel, de cette autre ignominie, cette autre humiliation  qui veut que désormais, certains de nos concitoyens, contre espèces sonnantes et trébuchantes  se « vendent » publiquement  aux plus offrants sans état d’âmes, au mépris de toute morale, ou changent de convictions, de postures et de camp à la vitesse du vent contre  d’hypothétiques intérêts égoïstes.

L’achat  des consciences, la nouveauté du moment, dans le mauvais sens du terme  bien sûr, s’installe insidieusement dans nos mœurs  et us politiques.  Et pire la manière dont il s’effectue, au delà de sa  nocivité foudroyante pour notre démocratie, constitue une véritable menace pour  l’homo malianus dans ce qu’il a de plus cher : sa dignité, son honneur.

Un pays atteint physiquement avec des crises multiformes aussi graves les unes que les autres, et malgré tout cela,  certains de ses fils ont encore le « courage », à travers leurs faits et gestes de préparer incroyablement sa déchéance morale en faisant impitoyablement du Malien un être vil, ignominieux, servile,  dépourvu de tout sens moral. La raison ? Le pouvoir et la politique. Les fautifs ? Une certaine catégorie de Maliens qui ont décidé de foutre le pays dans la merde.

Cette fois ci, il est bien clair que le problème c’est nous mêmes. Le Mali est tout simplement malade de certains de ses fils. Et c’est en dénonçant, en agissant que  les choses changeront afin que ce  pays meurtri retrouve enfin sa fierté d’antan.

La politique peut être faite et bien faite avec honneur et dignité. L’exercice du pouvoir peut s’effectuer dans la vertu, la probité et l’éthique requises.

D’ailleurs, il faut le dire sans fausse modestie, il reste  encore des personnes vertueuses, dignes et honnêtes  dans la sphère politique, dans l’espace public, qui ne demandent qu’à bien faire si tant on leur en  donnait l’opportunité.  Le hic, c’est que ces gens sont ostracisés, et ont du mal à se faire valoir, la société Malienne étant corrompue jusqu’aux os.

 

C’est avec affliction et  peine que nous assistons à la veille du scrutin présidentiel  de 2018 à un spectacle des plus hideux, des plus désolants, des plus honteux qui assombrit davantage l’horizon et nous ébranle dans nos certitudes pour dire finalement  que le renouveau tant vanté n’est pas pour demain.

Quand les choses se passent mal, il faut qu’on en parle car se taire serait synonyme de complicité. Ne rien dire ou  ne rien faire serait assimilable à une non assistance à peuple en péril.

L’on doit savoir que tout le monde n’est pas d’accord avec cette façon de faire, et ce « tout le monde » constitue la grande majorité silencieuse qui se trouve embarquée malgré elle dans une spirale de convulsions où nos valeurs fondamentales sont piétinées au quotidien, où les vrais repères sont brouillés, et les limites allègrement franchies.

Les faits, parlons- en : Depuis la déclaration de candidature d’IBK à sa propre succession, et bien avant d’ailleurs, un spectacle surréaliste de mauvais goût venant d’une certaine catégorie de Maliens nous rappelle piteusement que le Mali et les Maliens n’ont pas encore fini leur descente dans les bas fonds du déshonneur, de l’infamie et de l’indignité. Fasse Dieu que les uns et les autres se ressaisissent pendant qu’il est encore temps.

Du début de son premier mandat en 2013 jusqu’à tout récemment IBK et son régime ont été traités de tous les noms par une grande majorité de Maliens du fait de sa gouvernance catastrophique. Rarement un Président aura connu un tel désamour. D’aucuns pensaient que son mandat allait même être écourté, qu’il n’ira pas à son terme tellement les problèmes s’accumulaient, et aucune solution n’était proposée et pire on allait de scandales à scandales.

La tentative de révision de la loi fondamentale a été la goutte d’eau qui déborda le vase. La contestation a pris une telle ampleur que finalement le gouvernement n’avait d’autre choix que de reculer. IBK pouvait être balayé par la rue si jamais il s’entêtait dans son désir de révision constitutionnelle. Un répit, car nous étions à quelques encablures du scrutin présidentiel et la sanction allait fatalement tomber.

Mais il a  fallu que IBK annonce son intention de rempiler que patatras nous assistons à ce qu’il faut appeler, la ruée vers l’or. Comme si ce n’est plus la même personne que les uns et les autres  exécraient, fustigeaient, traitaient de tous les noms d’oiseaux tellement sa gouvernance a été une déception.

Aujourd’hui, on rallie le Président candidat en sachant pertinemment et en toute conscience (ce qui est extrêmement grave) qu’il n’a pas été  à la hauteur de la charge, pourvu qu’on ait de quoi se lécher les babines. Pensons-nous réellement qu’un pays se construit avec de tels comportements ?

On  achète carrément le soutien contre espèces sonnantes et trébuchantes ou contre un hypothétique poste de responsabilité. En cela, le Président sortant et ses amis ne font pas dans la dentelle : Les mouvements, associations, leaders d’opinion, activistes, journalistes, leaders religieux, artistes, griots, politiciens bref tout ce qui est « vendable » et « achetable » sont à prendre.

Aucune commune mesure avec ce qu’on voyait auparavant. On use et on abuse de tout  sans gêne aucune, sans retenue, au vu et au su de tout le monde et au mépris de la loi et de  la simple morale.

On remarquera que, notre  démocratie est prise en otage par l’argent- roi, l’oseille. Le jeu politique est biaisé et l’argent devient le seul et unique déterminant dans le suffrage. Et il n’est pas difficile de savoir la provenance de tout cet argent. Pauvre Mali !

Feu Omar Bongo, l’ancien Président du Gabon disait qu’en Afrique,  on n’organise pas les  élections pour les perdre comme pour dire tout simplement qu’il faut employer tous les moyens possibles et inimaginables pour triompher. Hélas, au  regard de ce qui se passe aujourd’hui, ces propos révèlent  tout leur sens.

On essaie par ces « ralliements » hétérogènes, hétéroclites, insensés, d’une ridiculité a nul autre pareil, de marquer les esprits pour faire croire que la majorité est avec nous, alors que la vérité des choses est connue de tous. Même ces pseudo soutiens savent que IBK a échoué et ne mérite pas un second mandat. Ils se rallient pour eux mêmes, pour leurs intérêts sans plus. Ce qui est très dommage et pour eux et pour le Mali, car personne n’a intérêt à ce que notre pays soit confié à quelqu’un qui n’est pas hauteur de souhait.

On a beau tenté de louvoyer, le vrai débat et les vrais enjeux sont  connus et se trouvent ailleurs. Ces spectacles de caniveaux ne doivent pas nous détourner de l’essentiel. Et l’essentiel c’est de faire en sorte que le pouvoir change de mains, l’actuel Président a échoué et il doit être sanctionné en conséquence de façon démocratique.

À cause de la politique politicienne, on est entrain de fabriquer un autre type de Malien encore plus vil, sans vergogne, insensible aux valeurs de probité et d’honneur. Déjà que la situation actuelle est problématique, il est clair que ces agissements éhontés ne sont pas pour nous rendre les choses faciles. Le plus grave, c’est le risque d’une contagion, l’impact de tels comportements sur d’autres, car cette situation anormale peut faire des émules. Et d’anormale, elle deviendra normale. Une autre étape de franchie dans notre auto destruction.

Ces « artistes » qui déçoivent par leur cupidité et leur manque de retenue.

Ils sont une poignée, ceux qui malgré le bilan du Président sortant ont accepté  contre espèces sonnantes et trébuchantes, matériels, promesses alléchantes, de battre campagne pour lui. Libre à eux de le faire.

Cependant ce qui est moralement réprouvant, politiquement incorrect, c’est la manière. La plupart d’entre eux fustigeaient le régime et son chef, sont conscients de l’incapacité de IBK, mais avec tout ça ils ont accepté de l’aider à rempiler. Le régime lui même sait pertinemment qu’il n’était pas en odeur de sainteté auprès de ces gens là. Ce qui n’a pas empêché les parties de s’entendre. L’on se demandera par quel miracle ? L’argent roi bien sûr. Et c’est ce qu’il faut dénoncer avec la dernière rigueur.

Par cupidité ils ont accepté de se vendre aux plus offrants., ces gens qui trouvaient des poux sur la tête d’IBK se sont subitement souvenus que ce dernier est le meilleur parmi les candidats déclarés et qu’il faut le soutenir.

D’ailleurs, ces artistes constituent ils des modèles pour notre jeunesse ? J’en doute fort.

Dire que parmi ces gens, il y avait des pourfendeurs du régime jusqu’à tout récemment :

Mylmo ou mille mots (c’est selon), n’avait il pas fait une chanson dernièrement (même si finalement il ne l’a pas  mis dans les bacs) pour fustiger ce régime ? Quelle duplicité. Le mec est versatile à l’image de beaucoup de Maliens d’ailleurs. Il a vite tourné casaque l’auteur de la chanson de Confession du Président, un morceau où IBK est bien brocardé.

Iba One (celui là même qui, il y a quelques jours faisait l’éloge de Soumaila  Cissé lors de son investiture dans un stade du 26 mars plein à craquer fait le show avec IBK aussi et le soutient visiblement). C’est à ne rien comprendre tellement les choses sont surréalistes.

Petit Guimba (qui risque de ne plus être grand …. tellement il s’est décrédibilisé par ses comportements à classer dans la rubrique des faits divers) peut rapporter quoi à la jeunesse consciente ?

Mémo star (le jeune de Lafiabougou qui s’est pris pour Rocco Siffredi dans une vidéo qui a  fait le tour du monde), la honte !

Gaspi (un caïd connu pour ses écarts de langage et ses addictions aux produits illicites). Il est loin d’être un exemple.

Hélas,  c’est dans ce vivier que le RPM a cru bon d’aller «  s’approvisionner ». Allah ka nogoya.

Ces jeunes artistes, au vu de leur « parcours » ne constituent nullement des modèles pour la jeunesse. Mais visiblement, on s’en fout de l’éthique et de la morale,  et tant que le superficiel prend, la vie est belle ! N’est ce pas que nous sommes à mille lieux de ce qui devrait être le RDV de l’espoir, de la belle fête électorale tant chantée ?

Ça frise l’inconscience tellement la situation est hallucinante. Finalement à se demander qui manipule qui entre les deux parties ? Une chose est sûre c’est que c’est le peuple Malien qui est floué pour des intérêts individuels et égoïstes.

Le cas des pseudo religieux : une immixtion qui a toujours été dénoncée mais en vain.

Sabati 2012 et son Président fantoche ont surpris plus d’un. Cette association musulmane a contribué à l’élection  de IBK en 2013. Par la suite, elle  s’est dit déçue par la gouvernance de IBK, a pris ses distances, et  manifesté  son mécontentement quant à la conduite du pays sous IBK,  et incroyablement c’est cette même association, je ne sais pas par quel miracle, qui revient aujourd’hui pour dire qu’il soutient la même personne.

Les pseudos religieux en mal de reconnaissance et se croyant doter d’une certaine légitimité, qui n’ont que leur grande gueule pour « faire peur » ont compris le business et fricotent indécemment  avec les politiques au gré de leurs intérêts.

Le cas récent  d’un certain Chouala Bayaya dénote du degré de la perversion et de l’indignité qui touchent certains de nos faux leaders religieux. Il n’y a pas longtemps ce quidam n’hésitait  pas à verser son venin sur le régime et son chef IBK. Il était parmi les plus virulents contestataires du régime et profitait à chacune de ses sorties de brocarder IBK et son régime. Un saut à Koulouba et quelques égards à son endroit et hop, il s’est retourné contre ses amis d’hier et pire il trouve subitement que son tocard d’hier n’en est pas forcément un, et mieux il  est le crack d’aujourd’hui, le  meilleur parmi les candidats déclarés et mérite de rempiler. Allah Akbar !

Comme nous pouvons le  constater, chacun mène son combat pour lui  même ! Peuples du Mali ouvrez  vos  yeux, on vous berne. Ne soyez point des moutons de Panurge !

Nos jeunes activistes s’en lèchent les babines.

Avec le chômage, les plus audacieux et les plus téméraires parmi les jeunes,  ont compris que l’on peut bien vivre autrement en ayant la langue mielleuse et l’utiliser à « bon escient ».

Mettre le pied dans le plat, comme on dit. S’en  prendre publiquement à certains responsables politiques ou publics à travers les réseaux sociaux et les autres médias. Un «  métier » qui a le vent en  pourpre et qui visiblement  nourrit bien son homme. Chaque jour que Dieu fait, on voit de  nouvelles têtes.  Et croyez moi il y en a de toutes sortes, et de toutes catégories. Des plus intelligents aux plus bornés. Des plus sérieux aux plus vils.

Les plus nombreux se comptent parmi ceux qui roulent pour eux mêmes, c’est à dire les «  ta gnini na ». Ce sont ces catégories qui sont utilisées pour «  manœuvrer ». De véritables mercenaires qui se vendent au plus offrant et œuvrent pour leur compte. A t on réellement besoin de ça pour choisir le premier responsable du pays ? Je dis Non.

On dépouille la vraie politique de sa quintessence et sur des bases erronées, on trompe la vigilance du peuple !

 

Ces jeunes, pour la plupart sans conviction, sans véritable éducation politique et citoyenne font du tort à la jeunesse. Beaucoup les prennent inconsciemment pour des modèles ce qui est très grave pour notre avenir. De tels comportements nous donnent, hélas un aperçu de ce que constituera dans quelques années nos responsables. L’on s’inquiète de la situation actuelle, mais le pire est à craindre au rythme où vont les choses.

Une épidémie de création de mouvements et associations pour le triomphe d’IBK

On assiste à la création de toutes sortes d’associations et de mouvements pour soutenir IBK. Il faut  juste se chercher un nom (Dieu seul sait qu’il y en a de toutes sortes et de toutes les couleurs Boua ta bla, Boua y’a kè tan, Boua Be tan, Boua tara, Boua nana, Boua Tchè Kagni. On aura tout vu et  entendu). Avec le récépissé et quelques badauds réunis, le compte est bon et il faut passer à la caisse pour empocher sa part. Un trésor de guerre est disponible, il suffit juste de rejoindre le camp présidentiel.

Voilà à quoi est réduite aujourd’hui notre campagne présidentielle. Les vraies questions sont occultées. Que du folklore, et visiblement, on s’en accommode.

Aussi, les ministres non affiliés à un parti politique ne sont pas en reste. Il faut justifier de sa présence au côté du président sortant par son  apport en termes de mobilisation, mouiller le maillot.

Rares sont les ministres de surcroît en exercice  qui ne descendent pas  d’une façon ou d’une autre, dans l’arène politique. Les cadres de l’Etat sont sollicités, chacun veut garder sa place. Question : Avec quel magot, ces personnes s’activent pour la réélection du Président sortant ? Pitié pour nos maigres sous.

Chers compatriotes, le choix du Président de la république ne saurait être l’affaire de quelques énergumènes qui n’ont que le Mali dans leur bouche mais pas dans leur cœur. La situation est sérieuse et chacun doit se ressaisir pour le Mali. Les vrais patriotes sont interpellés. Ensemble sauvons le Mali.

Mes pensées pieuses à l’endroit du journaliste Birama TOURE, porté disparu depuis plus de deux ans dejà. Ne l’oublions pas !

Makan Diallo

Docteur en Droit Privé 

Avocat inscrit aux Barreaux de Paris et du Mali

Chargé de Cours à l’UCAO.

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