Nous sommes au cinquième jour de la campagne électorale du scrutin présidentiel du 29 juillet 2018. Chacun des 24 prétendants à la Magistrature suprême déroule ses arguments aux 17 millions de Maliens pour 8 461 000 électeurs. Sans anticiper sr les résultats des urnes et le verdict de la Cour constitutionnelle, on peut déduire aisément que la gagne devrait se jouer entre le président sortant, Ibrahim Boubacar Kéïta, et le Chef de file de l’Opposition, Soumaïla Cissé. Cependant, attention (3 fois) : un duo émergent constitué de l’opérateur minier Aliou Diallo et de l’ingénieur en télécoms Hamadoun Touré pourrait créer la surprise, l’un d’eux pouvant tout à fait venir coiffer au poteau les grands favoris de l’épreuve. Arguments !
Ibrahim Boubacar Kéïta : le favori logique
En Afrique et au Mali, d’habitude, la question n’est jamais à l’ordre du jour ou tout au moins ne devrait pas l’être : un président sortant qui se présente à sa propre succession est toujours le grandissime favori d’une élection. Du coup, pour le scrutin présidentiel du 29 juillet, le président-candidat Ibrahim Boubacar Kéïta est au-dessus de la mêlée jusqu’à ce que les urnes et la Cour constitutionnelle prouvent le contraire.
Plusieurs facteurs entrent en ligne de compte. Elu en 2013 avec le meilleur score depuis l’avènement de la démocratie pluraliste au Mali, IBK peut compter sur les inconditionnels et ceux qui lui restent fidèles de cet électorat. Ceux qui pensent que malgré la crise multidimensionnelle qui frappe le Mali bien avant son arrivée aux affaires, il a su maintenir le pays debout. Avec d’autres, le Mali aurait peut-être chaviré.
Ensuite, le président sortant met en avant son bilan, jugé positif. 15% du budget d’Etat alloué à l’Agriculture, construction de routes et d’infrastructures diverses, construction de centres de santé, augmentation des salaires des fonctionnaires, création de plus de 200 000 emplois, équipement des Forces Armées maliennes, amélioration des conditions des veuves et orphelins des militaires, extension de la desserte en eau et électricité etc. sont autant de réalisations avancées pour magnifier le bilan quinquennal 2013-2018 d’IBK.
Enfin, autre atout et non des moindres, le Chef de l’Etat dispose des moyens publics (ressources humaines, matérielles et financières) pour mener à bien sa campagne.
Soumaïla Cissé : 2018, la bonne ?
On le surnomme « Champion » ; pourtant Soumaïla Cissé a toujours échoué au pied de Koulouba, sur la dernière marche. Sera-t-il définitivement couronné en cette année 2018 ? Très possible ! D’autant plus qu’il semble être le seul candidat capable de réaliser l’alternance à partir de septembre prochain. Même ses adversaires politiques en sont conscients.
Pour la présidentielle du 29 juillet, la candidature de Soumaïla Cissé suscite toutes les attractions. Des dizaines de partis politiques ; des centaines d’associations et de mouvements se ruent vers le candidat de l’URD et de la CAC. Ils font confiance au patriotisme, à la clairvoyance, au nationalisme de Soumaïla Cissé et en ses capacités à pouvoir rassembler les Maliens et rehausser l’image du Mali.
Est-ce les prémices d’un réel séjour présidentiel à Koulouba pour Soumaïla Cissé? En tout cas, sans même ces nombreux soutiens actuel à sa candidature, il avait réussi à tenir tête au président sortant lors du 1er tour de la présidentielle de 2013.
Au-delà, le candidat de l’URD demeure, sans doute, l’adversaire le plus redouté par tous les prétendants à la magistrature suprême en République du Mali depuis 2002.
Cette conviction de l’opinion malienne repose sur des performances réalisées par le candidat de 2002 à nos jours. Pour rappel, sur deux participations à une élection présidentielle, Soumaïla Cissé a disputé deux finales, une contre le président Amadou Toumani Touré en 2002 et la deuxième contre le président IBK en 2013, avant de les perdre sans perturber la quiétude des populations. En août 2013, il a même innové dans le fair-play en effectuant le déplacement, en compagnie de son épouse, au domicile du gagnant pour le féliciter.
D’ailleurs, l’histoire des élections au Mali retient de lui qu’à chaque fois qu’il participe à une élection, il faudra s’attendre à un deuxième tour.
Aliou Diallo : la surprise du chef ?
Soumaïla ou IBK ? Telle est l’interrogation logique. Mais, est-il possible que le futur président ne soit ni l’un, ni l’autre ? Si tel est le cas, la surprise pourrait bien venir d’Aliou Diallo, un messie sorti de nulle part pour bousculer la hiérarchie politique. Ses atouts ? En premier lieu, la bénédiction du Chérif de Nioro qui vient de lui accorder officiellement son soutien. Les Maliens savent ce que signifie et surtout ce que vaut l’appel à voter de ce vieux religieux dont les adeptes se comptent par millions dans le pays. Le président Ibrahim Boubacar Kéïta peut aisément le témoigner avec l’expérience heureuse de 2013.
Autre soutien de taille : celui de Mahmoud Dicko. Le président du Haut Conseil islamique du Mali vient de faire allégeance au candidat d’APD-Maliba et de « Ensemble Pour le Renouveau du Mali ». Dicko appelle ses adeptes de Sabati 2012 à voter Aliou Diallo.
A cela s’ajoutent ces nombreuses contrées du pays om les activités minières de Diallo font le bonheur des populations.
Soutenu par un parti politique, l’Alliance démocratique pour la Paix (ADP Maliba), qui a fait, l’année même de sa création en 2013, un très bon score aux élections législatives en plaçant 4 députés à l’Assemblée nationale, le PDG de Wassoul’Or séduit par son image d’un « Architecte du développement ». L’association « Benkadi » composée des chasseurs des sept cercles de Ségou a promis de voter pour le candidat de l’ADP Maliba.
Pendant cette campagne électorale, l’homme a les moyens pour parcourir tout le Mali de Kayes à Kidal et un carnet d’adresses international assez fourni pour obtenir l’accompagnement des partenaires techniques et financiers du Mali.
Enfin, lors du lancement de sa campagne, samedi au Champ hippique de Bamako (un autre symbole qui renvoie au Chérif Bouyé), Aliou Diallo a dévoilé comment il compte drainer des milliers de milliards dans notre pays s’il est élu président.
Hamadoun Touré, le meilleur choix ?
Si les Maliens sont réellement francs avec leur conviction et leur logique de changement, alors le futur président est tout trouvé : Hamadoun Touré !
Tous les prétendants au fauteuil présidentiel conviennent que l’ancien Secrétaire général de l’Union internationale des Télécommunications (UIT), qui s’est fait remarqué en si peu de temps sur la scène politique malienne, a un carnet d’adresses bien fourni qui force l’estime et le respect des hommes politiques maliens et étrangers.
En outre, les Maliens semblent vouloir prendre un nouveau départ, avec un nouveau type de dirigeant.
Qui parmi les 24 candidats peut aujourd’hui jurer qu’il ne traîne pas derrière lui une vieille casserole qui pourrait faire voler en éclat son rêve ?
Alors, le consensus doit prévaloir autour de l’ancien Secrétaire général de l’Union internationale des Télécommunications et non moins Conseiller spécial du président Kagamé du Rwanda, Dr Hamadoun Touré. Car, l’alternance au Mali passe obligatoirement aussi par un changement de comportement dans le milieu politique.
Pour faciliter leur tâche avant le 29 juillet, les électeurs doivent seulement procéder par élimination sur la base de critères bien définis. Principal critère d’élimination : ceux qui n’incarnent pas le changement. Deuxième critère : ceux qui trainent derrière eux des scandales politico-financiers.
Dès lors, le nombre de candidats se réduirait, naturellement, à la seule personne de Hamadoun Touré.
Ce serait un choix avisé d’autant plus que nous pensons que le candidat de l’Alliance KAYIRA 2018 a les meilleures chances de faire honneur à ses compatriotes.
Aujourd’hui, Dr Touré dispose des meilleurs atouts pour rivaliser avec les grands ténors de la politique malienne, à savoir les candidats Ibrahim Boubacar Kéïta et Soumaïla Cissé, parce que les Maliens n’ont plus confiance en ces hommes politiques qui sont là depuis plus d’un quart de siècle.
Les Maliens revendiquent le changement intégral, avec un nouvel homme, pour un nouvel ordre économique malien. En plus, sa collaboration avec le président Rwandais, Paul Kagamé, cité parmi les meilleurs présidents du continent africain, et plusieurs autres chefs d’Etat, lui donne plus de crédit auprès des électeurs maliens.
En plus, et ce serait la cerise sur le gâteau : il se murmure que Hamadoun Touré est le candidat de la France, parce que sa politique malienne de la France n’est pas du tout négative.
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Sékou TAMBOURA
Source: Infos Soir