A l’occasion de la fin du mandat du président Ibrahim Boubacar Kéita, je me permets ce titre provocateur car des questions me taraudent l’esprit et je souhaiterais les partager avec tous Maliens…
Des questions que très peu de personnes ne se posent. Pourtant, il le faut afin de sauver notre jeune démocratie : Pourquoi il n’est retenu en priorité chez nos candidats à l’élection présidentielle que le seul critère de leurs poids financier ? Lorsqu’un candidat donne des espèces sonnantes et trébuchantes par dizaine de millions pour obtenir notre soutien, aurions nous le courage après de lui demander des comptes sur sa mauvaise gestion dans l’exercice de son mandat ?
Un candidat élu par la grâce de l’achat des consciences serait-il en capacité de combattre les malversations de ceux auxquels il doit sa honteuse victoire ?
Deux faits m’ont marqué à Bamako lors des municipales de 2016. Je me souviendrai longtemps d’un échange surréaliste avec un policier a qui je reprochais les comportements inciviques des hommes en tenue qui rançonnent à longueur de journée les pauvres citoyens.
Réponse terrible du policier: «Mon frère, nous agents des douanes, de la gendarmerie et de la police nous nous sommes endettés à hauteur de 1,5 millions à 3 millions pour être incorporés. Voyez-vous, il faudrait bien que nous rentrons dans nos sous pour pouvoir rembourser nos dette» !
Et cette scène que j’ai suivie lors de ma visite quotidienne à mère dans un quartier populaire de Bamako. Le jour de l’élection, une dame qui vend du poisson grillé dans le «Carré» (Rue) cherchait désespérément sa fille vers 11h pour qu’elle s’occupe de sa marchandise. Et cela le temps quelle aille accomplir son devoir civique à la mairie de la commune.
Sachant qu’elle s’apprêtait à allé voter, un jeune l’interpelle pour lui dire qu’en ce moment ceux qui sont devant les bureaux de votes avec des sacs d’argent ne donnent que 3 000 F Cfa pour voter pour leurs partis et qu’il lui conseille d’attendre entre 18h/19h car il a des échos que le montant à corrompre passerait du simple au double.
Effectivement la dame toute heureuse est revenue avec 6 000 F Cfa en s’exclamant : «ne ka soukoudjignara bi» (J’ai fais de bonnes affaires aujourd’hui).
Et ce sont les mêmes qui se plaignent que leur maire à vendu tous les espaces réservés au sport et à la détente. Tout est comme ça et à tous les échelons de la société malienne.
Pourquoi le Malien manque à ce point de patriotisme, de conviction et de civisme pour la bonne marche de notre démocratie ? Tout le monde semble aimer le Mali en théorie. Mais, dans nos comportements de tous les jours, nous l’abimons au point que nous nous retrouvons sous tutelle sans gêne.
Nous sommes en «démon-cratie» et non en démocratie ! Nous nous accommodons au point que la rigueur morale est devenue un handicap pour être président. Mon pays me fait peur.
Tâchons d’y penser car personne ne viendra relever ce pays à notre place !
oeil Matin Aimons-nous vraiment notre pays
M.B
Source: Le Matin