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Élection présidentielle au Mali : Soumi-IBK: Forces et faiblesses

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Faut-il encore rappeler que la présidentielle de juillet 2018 aura lieu (ou tout au moins est prévue pour), le 28 courant .Cette élection pour le moins problématique est à la croisée de tous les chemins. Les sondages  et contre sondages vont bon train comme dans un match de football où partisans et adversaires des équipes se renvoient la balle.

Ainsi, il n’y a rien d’étonnant si dès l’ouverture de la campagne pour la présidentielle de 2018 partisans et adversaires du Président sortant, IBK, s’attirent la grâce de la victoire. A moins de vouloir jouer au charlatan, sinon l’issue du scrutin du 29 juillet reste une inconnue grosse comme le massif volcanique de Tanzanie, le Kilimandjaro.

Avant d’examiner les enjeux du scrutin et les surprises inattendues, il importe de faire un bref recul dans le temps pour comprendre qu’avant  le vote rien n’est joué d’avance et que toutes les alliances sont possibles ainsi que les revirements de circonstance. A cet effet, lisons ces passages d’Afrique Express, N°289, page 3 du mardi 9 mars 2004 sur la présidentielle de 2002 au Mali.

Tirant les enseignements dudit scrutin, le bimensuel Afrique Express a écrit: «… Aussi, lorsqu’arrive le scrutin présidentiel, en avril 2002, ATT a passé dix ans à faire le facilitateur pour tenter de régler divers conflits en Afrique, et a acquis une image d’homme qui met les mains dans l’humanitaire, en s’étant engagé très tôt dans un vaste programme de lutte contre la maladie du ver de Guinée, avec la Fondation Carter.

Sans aucun parti politique, tout juste une association de soutien dénommée le Mouvement Citoyen, il va affronter une kyrielle de vieux briscards de la politique, et non des moindres.

Au total, vingt-quatre (24) candidats sont en lice pour cette présidentielle inédite où l’on retrouve un ancien chef d’Etat (ATT), un ancien Premier ministre, Ibrahim Boubacar Keïta dit «IBK», Premier ministre sous l’étiquette ADEMA, de février 1994 à février 2000), mais aussi Soumaïla Cissé, candidat officiel et non sans peine de l’ADEMA. Dès le départ, on sait que la bataille se jouera entre ces trois- là…

Au premier tour de cette présidentielle disputée, le 28 avril 2002, ATT arrive en tête avec 28,7% des voix. Il devance Soumaïla Cissé (21,32%), candidat de l’ADEMA, mais qui s’est battu quasiment seul, non sans bénéficier toute fois d’importants moyens financiers. IBK, très en colère à l’époque, n’est crédité que de la troisième position avec seulement 21% des suffrages.

Entre le premier tour (28 avril) et le second tour (12 mai), l’on assiste à un formidable jeu d’artistes de la politique au sortir duquel l’électeur de base ne comprend pas grand-chose. Après avoir tant décrié la candidature d’ATT, arguant du retour des militaires au pouvoir, Ibrahim Boubacar Keïta appellera finalement ses électeurs à voter pour le général Amadou  Toumani Touré au second tour, non sans avoir entre temps menacé de faire «bouger» le pays lors d’un meeting dans un stade de Bamako.»

Le scrutin du 29 juillet mettra aux prises vingt-quatre (24) candidats, tous plus ou moins connus sur l’échiquier politique national, à quelques exceptions près.

A se fier aux sondages de l’organe français Ipso, IBK est crédité de 25% d’intentions favorables, suivi de très près par le chef de file de l’’’opposition’’, l’honorable Soumaïla Cissé avec 24%. Sans vouloir le dire, l’on comprendrait qu’à la lumière de ces sondages Ipso, les seconds rôles seraient joués cette fois par les autres candidats notamment le Premier ministre de la transition Cheick Mohamed Abdoulaye Souad dit Modibo Diarra, docteur Oumar Mariko, Choguel Kokala Maïga, Aliou Boubacar Diallo, Moussa Sinko Coulibaly, Dramane Dembélé, Kalfa Sanogo.

Il faut rappeler au passage que ces deux (02) derniers candidats sont les dissidents de l’ADEMA, parti dont les ténors ont donné leur caution au président sortant Ibrahim Boubacar Keïta. Me Mountaga Tall et l’ancien ministre de l’Economie et des Finances d’IBK, prendront part à ce combat pour Koulouba qui s’annonce titanesque avec à l’horizon des surprises possibles.

Si les sondages ne sont pas des calculs mathématiques, ils ne sauraient être aussi de simples conjectures.

Comment comprendre les 24% du président sortant IBK ?

– D’abord, sans nul doute, les médias d’Etat sont à sa disposition même pour ses simples déplacements dans des quartiers du district  et à l’intérieur du pays, sans compter les moyens de déplacements publics et financiers.

– Pour avoir occupé le trône pendant cinq ans, IBK est au cœur des rouages électoraux, des alliages façonnés dans le feu de l’action du pouvoir et de ses délices.

– Les inaugurations d’ouvrages entamés par ATT jouent quelque part en faveur du président IBK.

– La mobilisation à coût de billets de banques et la maîtrise du levier des cartes d’électeurs biométriques.

– Les cartes NINA dont le sort reste encore indéterminé pourraient être usitées pour d’éventuels doubles votes en faveur du camp présidentiel.

– Un atout non moins important, c’est l’appel du Rasta malien à soutenir le candidat de l’URD Soumaïla Cissé. Ici, il convient de se rendre à l’évidence que cet appel du chroniqueur de Renouveau FM n’a pas fait que des heureux, loin s’en faut et pour cause: au regard des jugements que les Maliens se font du candidat Cissé, le Collectif pour la défense de la République (CDR) ne pouvait pas ne pas connaître des fractures pour des interprétations diverses. A coup sûr, ceux des Maliens déçus par le choix de Ras Bath et qui juraient de desservir IBK à cause de son échec sur toute la ligne, seraient récupérés par celui-ci. L’argument convaincant à ce niveau est et reste: entre deux (02) maux, il faut choisir le moindre.

– L’occupation du terrain par le Rassemblement pour Mali (RPM) du fait de l’opportunisme politique à l’œuvre au Mali jouera quelque part en faveur du candidat sortant.

– … les nombreux voyages d’IBK à l’extérieur du Mali ont permis à celui-ci de se faire des amis hors de nos frontières. Ainsi, les visites du numéro 1 malien à Ankara, Abu Dhabi s’inscrivent sur ce tableau.

C’est au regard de cette réalité géopolitique en faveur d’IBK que l’on peut accorder du crédit aux sondages de Ipso de France (25%).

Mais en face de lui, le même organe de sondage place Soumaïla Cissé avec 24%. Ce retard est si léger qu’il peut être vite rattrapé et dépassé par le candidat de l’URD et bien de partis politiques et d’individualités qui ne se reconnaissent nullement en IBK et qui parient de le battre dans les urnes.

En fait, bien de circonstances concourent en faveur du chef de file de l’opposition Soumaïla Cissé, entre autres:

– Sur le plan communicationnel, il est plus technique et plus convainquant que son challenger IBK.

– Soumaïla Cissé a une aura internationale très importante notamment dans les milieux financiers.

– Le programme fleuve du candidat Cissé est admirable (en tout cas en théorie).

– La mobilisation décrétée par le CDR de Ras Bath en faveur du candidat Soumaïla ne peut rester lettre morte en dépit des troubles créés par cette annonce de soutien du Rasta malien au candidat Cissé.

– Lorsque IBK a déclaré s’être vu trahi par certains qu’il a bien servis, politiquement ceux-ci ne seraient pas avec lui (sauf qu’en politique au Mali la décence a peu de valeur).

– Par ailleurs en passant, les avions de guerre dits «achetés» par IBK soulèvent nécessairement des doutes et pour cause :

+ D’abord, la provenance des avions militaires reste un mystère entier pour bien de Maliens. Qui nous a vendu ces avions militaires ?

+ Le cinquantenaire organisé par ATT a vu des avions défiler dans le ciel malien, des chars peints. Après, des informations ont circulé sur ces engins aériens et terrestres. Il faut dire qu’ils sont restés inopérants face à la rébellion de 2012 qui a vu l’occupation de trois régions de notre pays. Certainement on nous les a prêtés. Dans le même ordre d’idées, on pourrait se dire que le président IBK, pour des besoins de campagne aurait procédé au tape-à-l’œil. Ce scénario ne peut que profiter au candidat Soumaïla. En tout cas, il est fort possible que les avions annoncés soient simplement prêtés au lieu de nous appartenir réellement.

– Un autre fait milite en faveur du candidat Cissé: lorsqu’IBK s’est rendu à Banamba la semaine dernière, il n’a pas été accueilli  avec pompe, comme si ses envoyés du RPM pour préparer le terrain n’ont pas joué le jeu.

Politiquement, ce clivage laisse entrevoir que bien de soutiens déclarés d’IBk ont un pied dans l’autre camp au bénéfice de Soumaïla Cissé.

– Selon certaines informations, la CMA aurait décidé de soutenir celui qui peut régler le problème de Kidal. Or, vraisemblablement, IBK est loin d’avoir une telle confiance.

Il  semble aussi évident que la France n’étant pas neutre dans la crise malienne pourrait être derrière le choix de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA).

– Enfin, l’autre argument qui circule, affiche que IBK ayant déçu, il n’est plus question de lui donner un autre mandat. Manière de signifier qu’il faut essayer Soumaïla en lieu et place d’IBK.

Cependant, si des sondages donnent Ibrahim Boubacar Kéita et Soumaïla Cissé au second tour, la politique ayant ces réalités propres, un troisième favori pourrait jaillir des rangs non encore soupçonnés. Ce troisième challenger, pour un besoin de changement véritable, pourrait être le candidat de l’Alliance pour la démocratie et la paix (ADP-Maliba), M. Aliou Boubacar Diallo; du parti Solidarité africaine pour la démocratie et l’Indépendance (SADI), l’honorable député Oumar Mariko, cet homme qui est resté le même toute sa vie politique durant: l’homme du peuple qui n’a jamais ménagé ses efforts et ses moyens pour être la voix des sans voix.

Et Cheick Mohamed Abdoulaye Souad dit Modibo Diarra ? C’est un homme crédible bien connu à l’extérieur notamment aux Etats-Unis. Les Maliens retiennent son franc parlé, sa probité morale, sa ferme opposition aux combines politiciennes. Il est l’américain type, selon bien de Maliens c’est-à-dire, un homme d’action, gros travailleur à l’antipode de la corruption et de la délinquance financière.

Rappelons que lors de son court passage à la Primature pendant la transition de 2012, il avait réussi à assurer aux fonctionnaires maliens la régularité des salaires sur fonds nationaux. Il a prouvé que le Mali peut être géré autrement.

Enfin, les leaders religieux de Bamako entretiennent jusqu’ici le suspens autour de la question: qui soutenir ? En tout cas, Chérif Ousmane Madani Haïdara a dit qu’il ne donne pas de consignes de vote.

Selon les informations qui nous arrivent de Nioro du Sahel, l’un des pliés du candidat IBK, en 2013, en l’occurrence le Chérif Bouillé Haïdara, a décidé de lâcher le président sortant, suite à des frustrations accumulées par les Maliens, pendant son quinquennat qui s’achève.

Il faudrait mettre au compte de ces possibles surprises celle du candidat de la plateforme, le général Moussa Sinko Coulibaly, qui gérait l’Administration territoriale lors de la présidentielle de 2013. Ses compagnons d’armes qui croupissent aujourd’hui dans les geôles d’IBK, ont œuvré à l’élection de celui-ci.

Et si Soumaïla Cissé était au second tour avec quelqu’un d’autre qu’IBK ! Il y a fort à parier que celui-ci viendra au secours de celui-là. Le scénario contraire entre IBK et un candidat du changement (non pas pour une simple alternance) attirerait à celui-là les faveurs de Soumaïla Cissé. Et si les deux IBK et Soumaïla sont écartés dès le premier tour parce qu’étant dans le même bateau? Le temps pourrait gérer cette éventualité.

Tout compte fait, le Mali a besoin d’un vrai changement car, depuis la chute de Moussa Traoré, en 1991, c’est le parti ADEMA qui reste aux affaires avec comme résultat patent : la désagrégation du tissu socioéconomique, politique et sécuritaire de notre pays.

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Que Dieu sauve le Mali !

Fodé KEITA

Source: Inter de Bamako

 

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