Le président américain Donald Trump se retrouvait mardi isolé jusque dans son propre camp, après une tournée européenne jugée désastreuse qui l’a vu tourner le dos aux alliés des Etats-Unis et donner des gages au maître du Kremlin, Vladimir Poutine.
Lui qui a si souvent qualifié de “faible” ses opposants était taxé de faiblesse par des voix émanant de tout l’échiquier politique, lui enjoignant de reconnaître ses torts.
Mais, semblant imperméable à ce déluge de critiques et fidèle à lui-même, le président s’est accordé un auto-satisfecit sur son compte Twitter.
“Bien que j’ai eu une excellente rencontre avec l’Otan, levant d’importantes sommes d’argent, j’ai eu des entretiens bien meilleurs avec Vladimir Poutine de Russie. Malheureusement, les médias n’en font pas état – les médias +Fake News+ sont déchaînés”, a tweeté M. Trump, qui devait s’exprimer mardi à 14h00 locales (18h00 GMT).
Cela n’a pas dissipé l’impression d’isolement entourant M. Trump, confortée par un précédent tweet dans lequel il avait remercié le sénateur Rand Paul, l’un des seuls républicains à avoir ouvertement défendu sa prestation au sommet d’Helsinki.
M. Paul a mis les critiques du président américain sur le dos d’un “syndrome mental anti-Trump”, qu’il a opposé à un supposé harcèlement judiciaire du dirigeant des Etats-Unis.
“Merci Rand Paul, vous saisissez bien les choses !”, a écrit Donald Trump, au lendemain de cette première rencontre bilatérale entre le 45e président américain et le président russe.
– Avalanche de critiques –
Dans les jours précédant, à Bruxelles ou Londres, M. Trump a de l’avis général distendu les liens transatlantiques, avec notamment des charges contre l’Allemagne, l’Union européenne ou le Royaume-Uni.
L’hommage adressé par Donald Trump à Rand Paul contraste avec une avalanche de commentaires négatifs émanant de multiples élus et experts géopolitiques, allant de “surréaliste” à “traître”, en passant par “embarrassant”, “indéfendable”. “irréfléchi”, “antipatriotique” ou encore “honteux”.
En adoptant un ton conciliant aux côtés de son homologue russe, et en mettant de nouveau en doute la justice et les services de renseignement américains qui ont conclu à la réalité d’une interférence russe dans la présidentielle de 2016, M. Trump a consterné jusqu’à des républicains du Congrès qui, d’habitude, ne se sentent pas autorisés à critiquer publiquement le président.
Lors d’une conférence de presse succédant à leur tête-à-tête d’environ deux heures, M. Trump a même semblé valider les dénégations de M. Poutine sur cette ingérence russe.
Signe de l’ampleur du malaise, la télévision préférée des conservateurs, Fox News, a laissé une place inédite aux détracteurs de la tournée présidentielle. Une demi-douzaine de journalistes vedettes de la chaîne ont critiqué le président dans leurs commentaires.
“Aucune négociation ne justifie de sacrifier votre propre peuple et votre propre pays”, a tweeté Abby Huntsman, une chroniqueuse de Fox News.
M. Trump “doit immédiatement renverser la vapeur”, a de son côté estimé Anthony Scaramucci, un éphémère ancien directeur de la communication de la Maison Blanche.
M. Scaramucci a estimé urgent que les alliés du président s’assoient avec lui pour lui expliquer combien il a fait fausse route.
Un message également adressé par Newt Gingrich, un proche du président et ancien président du Congrès, selon qui M. Trump a commis “la pire erreur de sa présidence, qui doit être rectifiée sur le champ”.
– L’avis d’Obama –
Dans une conférence de presse mardi sur la colline du Capitole, le président républicain de la Chambre des représentants a enfoncé le clou.
“Vladimir Poutine ne partage pas nos valeurs”, a martelé Paul Ryan. “Nous venons de conclure une enquête d’un an sur l’interférence de la Russie dans notre élection. Ils ont bien interféré. C’est clair comme de l’eau de roche. Aucun doute n’est permis”.
Depuis l’Afrique du Sud où il est en voyage, l’ex-président démocrate Barack Obama a lui regretté une “époque incertaine”, dans laquelle “chaque nouveau cycle d’actualité apporte son lot de titres préoccupants et donnant le tournis”.
“Actuellement le président n’a pas de rôle moteur, nous avons négocié hier en position de faiblesse et Vladimir Poutine est reparti d’Helsinki en ayant remporté la partie. C’est un désastre”, a pour sa part résumé Ben Sasse, sénateur républicain du Nebraska.
AFP