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Mali: une présidentielle sous tension aux multiples inconnues

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La campagne officielle va prendre fin dans quelques heures au Mali. Près de 8,5 millions d’électeurs seront appelés aux urnes ce dimanche pour un scrutin présidentiel qui se déroule dans un contexte tendu. Les attaques jihadistes n’ont cessé ces dernières semaines, notamment dans le centre du pays. A 48 heures du vote, nombre de questions restent encore en suspens.

A deux jours du scrutin, les questions restent nombreuses. Quelle sera la participation dimanche ? Combien de bureaux de vote seront réellement ouverts – le pays en compte 23 000 – ?. Les électeurs auront-ils pu retirer à temps leur carte d’électeur ? Les chiffres communiqués par le gouvernement donnent l’impression d’une vraie mobilisation. Plus de sept Maliens sur dix auraient déjà retiré le précieux sésame.

Des chiffres élevés auxquels ont toutefois bien du mal à croire certains observateurs. De toute façon, pour le politologue Gilles Yabi, fondateur de Wathi, il ne faut pas s’attendre à une participation élevée : « Le Mali a une sorte de tradition de participation faible. En 2013, on était à peu près à 4 5% [de participation] et les élections d’avant on était autour de 36 %. Quand on ajoute à cela l’état de désillusion d’une grande partie des Maliens, cela peut encourager une participation assez faible. Mais cela ne va pas remettre en cause fondamentalement la perception de légitimité du président qui sera élu. »

30 000 hommes mobilisés pour sécuriser le scrutin

Autre grande inconnue : la sécurité. Les électeurs pourront-ils se déplacer sans risque, notamment dans le centre et le nord du pays, des régions où la menace jihadiste n’a jamais été aussi forte ? L’accès aux bureaux les plus reculés sera-t-il sécurisé ? « A certains endroits, je me demande comment ça va se passer, s’interrogeait il y a encore quelques jours Baba Moulaye, le président du Forum régional des organisations de la société civile de Tombouctou. Je peux parler jusqu’à 90 kilomètres de Tombouctou, mais au-delà… En cette période-là, les forces de sécurité doivent être un peu partout. On ne peut pas faire 100 à 150 kilomètres sans rencontrer les forces de l’ordre ou les forces armées ! Pour moi, ce n’est pas normal. »

Le gouvernement assure qu’un dispositif complet de sécurisation a été mis au point. Le territoire étant immense, « nous avons fait appel à tous les partenaires, avance Salif Traoré, le ministre de la Sécurité. Nous avons mobilisé environ 30 000 hommes : les forces de sécurité intérieure, les militaires, les partenaires c’est-à-dire la Minusma [la force onusienne], Barkhane et les mouvements signataires et non-signataires.Et le ministre de préciser : Pour nous, la sécurisation a commencé le jour de l’arrivée des cartes d’électeurs ». Au total, 11 000 gendarmes et policiers et plus de 10 000 militaires (essentiellement dans le centre du pays) seront donc chargés de sécuriser les bureaux dimanche. La Minusma viendra renforcer le dispositif tandis que Barkhane se tient prête à intervenir en cas de besoin.

Un favori et plusieurs outsiders

Dernière crainte : la fraude. Certains candidats redoutent bourrages d’urnes et tricheries. La polémique cette semaine autour de l’existence d’un possible second fichier électoral montre que l’inquiétude grandit chez certains d’entre eux à l’approche du scrutin. Des candidats qui sont au total 24 sur la ligne de départ (23 hommes et une femme). Avec un favori, le président sortant Ibrahim Boubacar Keïta et plusieurs outsiders, dont Soumaïla Cissé qui était arrivé second en 2013.

Un grand nombre de candidatures que le politologue Gilles Yabi juge problématique : « C’est un signal important d’un des problèmes du Mali, cette très grande difficulté des élites maliennes qui se connaissent d’ailleurs généralement très bien, à pouvoir travailler davantage ensemble. Mais cette multiplicité de candidatures ne va pas dire nécessairement qu’on aura un éparpillement énorme des voix. Les voix vont sans doute se concentrer peut-être au niveau de trois ou quatre candidats. Cela veut dire aussi quand même, à mon avis, qu’une victoire au premier tour serait probablement un facteur de contestation assez fort. »

Un facteur de contestation assez fort car IBK présente un bilan pour le moins contrasté. Du coup, nombre d’observateurs doutent qu’il soit capable de l’emporter dès le premier tour.

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Par Pierre Firtion

Source: RFI

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