En politique comme en football, les données changent en fonction de la capacité des acteurs à pousser le ballon au fond des filets ou jusqu’à la victoire électorale. Compte tenu des grands enjeux de cette campagne électorale, nous assistons à une véritable poussée des points qui se traduit par des alliances, des compromissions et des trahisons. De Nioro à Tombouctou, chacun a son chacun.
La politique n’est pas n’art, disait Voltaire mais compte tenu des enjeux stratégiques de l’élection de cette année, la religion est venue s’y greffer. Il faut pour chaque candidat poids lourd un leader religieux qui sera son intermédiaire auprès des forces occultes ou divines. C’est ainsi que dans ce nouveau jeu très comptable dans notre pays (immersion des religieux dans la politique), il faut pour se rassurer d’une quelconque victoire avoir son chérif pour des bénédictions. Le jeu de gag s’éclate pour amuser la galerie.
Celui qui était chargé de guider les esprits vers le locataire de Koulouba a du faire volteface : il a donné comme raison “les promesses conclues entre eux en 2013 n’ont pas été tenues”. Pour se venger ou plutôt pour le faire tomber, il a accordé sa bénédiction et son soutien à un autre revanchard, Aliou Boubacar Diallo, qui apparemment veut régler des comptes.
Le scénario peut être caricaturé de la sorte “il faut unir nos forces pour le faire tomber cout que cout car nous avons Dieu et les moyens financiers”. Pour montrer sa détermination, le saint a effectué le déplacement de son paradis à Bamako et faire la stratégie de la masse. “On est prince chez soi mais ailleurs on peut être considéré comme une simple personne sans valeur ni intérêt”. Chose qu’on n’a jamais vu dans notre pays depuis l’avènement de la démocratie. “Œil pour œil, dent pour dent”, telle est la loi de talion.
Pour lui rendre la monnaie, le locataire de Koulouba, dans un périple qui le conduit successivement à Mopti, Gao, Kidal et Tombouctou, en a profité pour faire une réplique foudroyante et médiatique qui décuple celui du saint transfuge.
D’abord Gao, IBK a été béni par le plus grand iman de ville. A Kidal, promesses dans sa valise de campagne, il fut accueilli en grande pompe.
Enfin, c’est à Tombouctou qu’il va faire le grand jeu de la contre-attaque, car au moins six grands, dont l’iman lui ont fait des bénédictions dans la Grande mosquée de Tombouctou, en un jour saint : le vendredi. Une stratégie payante qui faisait dire un confrère que “à Tombouctou, un message fort à l’autre du Sahel mauritanien […] IBK aussi vient d’avoir le soutien de l’imam Ben Essayouti de Tombouctou”.
Créer la différence pour faire la différence de voix
Avec cette longue tournée, son voyage a Kidal et sa revanche sur le chérif de Nioro, IBK vient de faire d’une pierre trois coups. Des coups qui auront certainement de retombées positives pendant le scrutin du 29 juillet. Son voyage sur Kidal : nul ne s’attendait à ce que le président fasse une visite non pas dans le cadre de l’exercice de sa fonction présidentielle mais dans un contexte de campagne électorale a Kidal. Par ce fait, il a été le premier candidat masculin à faire le déplacement dans la région de Kidal depuis le début de la campagne. Même si d’autres envisagent de lui emboiter le pas, il est par cet acte téméraire un “héros” aux yeux de ces électeurs et par la même occasion, un homme prêt à honorer ses engagements politique au moment opportun.
Présidentielle 29 Juillet A toi Chérif moi miens
Boncane Maiga
Source: Le Point