De Modibo Kéïta (” Père de l’indépendance “) à Ibrahim Boubacar Kéïta (l’actuel locataire du palais présidentiel) en passant par le Général Moussa Traoré (chef de file des tombeurs de Modibo Kéïta), puis le Lieutenant-colonel devenu Général Amadou Toumani Touré (l’un des acteurs majeurs de la chute du Général Moussa Traoré), ensuite le Pr Alpha Oumar Konaré (1er président directement élu du Mali) et le Pr Dioncounda Traoré (président par intérim après le renversement du pouvoir d’ATT), l’on a pu observer que tous les chefs d’Etat maliens ont servi à Koulouba. En y occupant des bureaux selon des circonstances de temps et d’espaces variables. Ils y ont, régulièrement et sans exception, présidé les sessions du conseil des ministres. Mais, tous les présidents du Mali n’ont pas, pour diverses raisons, logé en pleins temps et complètement à Koulouba.
Modibo Kéïta : Il a d’abord servi à Koulouba en sa qualité de président du Conseil du Gouvernement de la République Soudanaise (avril 1959 – septembre 1960). Chef de l’Etat du Mali indépendant, il est resté au Palais durant toute la période de son exercice présidentiel jusqu’au 19 novembre 1968, date à laquelle un coup d’Etat militaire mit fin à la 1ère République du Mali. Après l’avoir arrêté à Koulikoro où il transitait de retour de la conférence régionale économique à Mopti, les militaires ont voulu ramener le “Père de l’Indépendance du Mali” au Palais de Koulouba. Ils se sont ravisés en l’amenant plutôt à “La Maison du Peuple”, siège du parti unique Us-Rda. Sis à Bamako-Coura, ce bâtiment deviendra le QG de la junte dénommée “Comité militaire de libération nationale” (Cmln). Puis abritera les bureaux du nouveau chef de l’Etat, le Lieutenant Moussa Traoré, devenu colonel puis Général. Durant son temps au sommet de l’Etat, le président Modibo Kéïta a, à son actif, l’aménagement du rez-de-chaussée du Palais avec l’agrandissement des espaces de réception. Quelques mois avant le renversement de son régime, fut créé, le 6 février 1968, le poste de Secrétaire général de la Présidence. Ayant rang de ministre, son titulaire est chargé de la gestion de l’administration présidentielle et de servir d’interface avec les départements ministériels et autres Institutions étatiques.
Moussa Traoré : Il préside aux destinées du Mali du 19 novembre 1968 au 26 mars 1991. Pendant ses 23 ans d’exercice, il a présidé à Koulouba les sessions du conseil des ministres.
De sa prise du pouvoir à novembre 1988 (soit 20 ans), il réside d’abord au camp de Kati avant de s’installer à la Base aérienne de Bamako (en face de l’actuel Cicb). Pendant la même double décennie, le président Moussa Traoré n’a pas occupé les bureaux du Palais de Koulouba. Lui et son cabinet siégeaient à ” La Maison du Peuple ” qui deviendra aussi en 1979 le siège du parti unique Udpm. Après les travaux de restauration (1986-1988) par l’érection du second étage du bâtiment principal du Palais de Koulouba, le Général – Président Moussa Traoré y déménage complètement, du début novembre 1988 jusqu’aux premières heures, du 26 mars 1991. Ce jour-là, un commando des parachutistes procède à l’arrestation du président Moussa Traoré réuni dans son bureau avec certains dignitaires de son régime. Ainsi, prit fin la 2ème République et son parti unique constitutionnel (Udpm), vigoureusement mis en cause par une insurrection populaire réprimée dans le sang. Elle fut conditionnée par de fortes revendications sociopolitiques en quête de démocratie pluraliste.
Alpha Oumar Konaré : Il est élu en 1992 premier président de la 3ème République du Mali sous régime de démocratie pluraliste.
Il dirige le pays durant deux mandats quinquennaux (1992-2002). Durant toute cette décennie, il réside au Palais. Une première. Et jusque-là, le Pr Konaré est le seul chef de l’Etat à quitter sereinement le Palais présidentiel. Avant ses hautes charges présidentielles, Alpha Oumar Konaré connaissait Koulouba sur un double plan. D’abord en tant que Professeur en archéologie qui a mené des études et recherches sur plusieurs sites importants du pays. Ensuite, en sa qualité de ministre de la République (1978-1980) qui participait aux sessions hebdomadaires du conseil des ministres sous la présidence du Général Moussa Traoré. Vers la fin de ses mandats, le président Alpha Oumar Konaré laisse ses empreintes au Palais en y construisant une nouvelle salle (l’actuelle) de délibérations du conseil des ministres ainsi que la Salle des banquets. Mû par sa fibre d’historien – archéologue, il procède à de nombreux aménagements spatiaux au nom de la construction mémorielle. On peut en citer : le “Carré des Cités & Villes martyres du Mali”, la “Place des Explorateurs” et la “Place des Gouverneurs” coloniaux.
Amadou Toumani Touré (ATT) : L’officier para-commando connaissait le Palais car il était le commandant en chef de la garde présidentielle. C’est à ce poste qu’il a pu notamment diriger, le 26 mars 1991, les opérations militaires ayant mis fin à la 2ème République.
Devenu chef de l’Etat suite au changement de régime, le Lieutenant-colonel ATT préside les sessions du conseil des ministres à Koulouba. Il n’y a pas résidé durant les 14 mois (mars 1991 – juin 1992) de la Transition démocratique. Pendant cette période, il est resté au Camp-Para de Djicoroni avant de s’installer dans la résidence officielle de l’ex-Base aérienne, anciennement occupée par le président Moussa Traoré jusqu’en 1988. Revenu aux affaires par la voie des urnes en 2002, ATT (devenu Général à la retraite), loge au Palais de Koulouba durant deux mandats présidentiels inachevés (2002-2012). De manière particulière, le président ATT avait apporté sa touche à ce palais dans le cadre de son centenaire, célébré fin mai 2006 à travers plusieurs activités (remise de distinctions honorifiques, table ronde, exposition de photos, émissions radio-Tv). A la même occasion, le chef de l’Etat fit ériger dans la cour un monument dédié au Général De Trentinian. Au même moment, sont construits les nouveaux locaux du Secrétariat général de la Présidence, inaugurés par ATT, le 1er décembre 2007.
Mais, quatre ans après et surtout à deux mois et demi de la fin de son second mandat, le président ATT est destitué par un coup d’Etat suite à une mutinerie partie du camp de Kati. Dans la nuit du 22 mars 2012, des soldats de cette caserne envahissent le palais présidentiel soumis à des heures durant à d’intenses tirs nourris d’artillerie lourde. Le président ATT, sa famille et certains de ses plus proches collaborateurs en sont exfiltrés quand les putschistes démolissaient et pillaient systématiquement l’institution présidentielle à Koulouba.
Dioncounda Traoré : Après avoir dirigé les ministères chargés de la de la Modernisation de l’Etat (juin 1992 – avril 1993) et de la défense (avril 1993 – février 1994) le pr Dioncounda Traoré est devenu Ministre des Affaires étrangères (février 1994 – septembre 1997) dont les bureaux sont contigus au Palais présidentiel. Le Pr Traoré avait donc une idée sur Koulouba.
Devenu président de la République par intérim en avril 2012, suite à la démission du président ATT consécutivement aux graves événements du 22 mars 2012, le Pr Dioncounda Traoré ne résidait pas à Koulouba à cause de la destruction de la résidence officielle présidentielle par les militaires putschistes qui ont violemment délogé le président ATT. Pendant 17 mois de présidence (avril 2012 – septembre 2013), Dioncounda Traoré a occupé des bureaux non saccagés du Secrétariat général de la Présidence. Mais, le 21 mai 2013, il y subit une terrible agression physique sans précédent par des manifestants conditionnés qui l’ont laissé pour mort. Les agresseurs étaient à la solde de l’éphémère junte militaire soutenus par certains politiciens, tous voulant le faire démissionner au forceps au bout de 41 jours d’intérim présidentiel fixé par la Constitution. Revenu de deux mois de séjour médical en France, le Pr Dioncounda Traoré poursuit sa haute mission de président de la Transition jusqu’à la fin de l’élection présidentielle qui a consacré la victoire du candidat IBK.
Ibrahim Boubacar Kéïta (IBK) : Il connaissait déjà le palais présidentiel pour y avoir servi d’abord comme conseiller diplomatique et porte-parole du président Alpha Oumar Konaré en 1992.
Puis entre novembre 1993 et février 1994 comme ministre des Affaires étrangères. Et aussi comme Premier ministre (février 1994 – février 2000). Treize (13) ans après, IBK devient l’actuel président de la République en accédant à la magistrature suprême du Mali au terme de l’élection présidentielle de juillet – août 2013. Il est investi le 4 septembre de la même année. Depuis, il occupe son fauteuil présidentiel à Koulouba sans y résider en pleins temps. Il continue à occuper sa résidence privée de Sébénicoro. Quand il accédait au pouvoir, la résidence officielle du palais de Koulouba n’était pas habitable à cause d’importants dégâts occasionnés par l’invasion de l’artillerie lourde utilisée par les soldats putschistes dans la nuit du 22 mars 2012. Leurs tirs d’obus ont considérablement endommagé le bâtiment principal de l’institution présidentielle. Il a fallu des travaux de rénovation effectués entre 2015 et 2017 sous le président IBK. Il y resterait probablement pour un second quinquennat s’il venait à gagner l’élection présidentielle des prochains jours.
Six (6) Présidents maliens
Source: Aujourd’hui-Mali