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Le président de la CENI à propos du 1er tour de la présidentielle : «Globalement, nous sommes satisfaits»

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Dans l’attente de la proclamation des résultats provisoires du premier tour de l’élection présidentielle, le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Amadou Ba, livre ses premières impressions dans cet entretien exclusif

L’Essor : Quelles sont vos impressions sur le déroulement du scrutin du 1er tour de la présidentielle?
Amadou Ba : Ce n’est pas de l’auto satisfaction, mais globalement nous avions des inquiétudes puisque ce jour était attendu par nous les organes de gestion des élections, l’ensemble de la classe politique malienne, les concitoyens et les candidats eux-mêmes. Il y a eu des difficultés de démarrage en ce qui concerne le processus dans son ensemble. En réalité, l’Etat s’y est pris très tardivement puisqu’on a commencé à préparer les élections à partir de janvier 2018, alors qu’on aurait dû s’y prendre beaucoup plus tôt. Pour preuve, à l’époque nous avions produit des rapports pour prévenir que si l’option des cartes biométriques devait être choisie au profit de la carte NINA, il fallait que lesdites cartes biométriques soient disponibles à partir de janvier 2018, idem pour les rapports de la Délégation générale aux élections (DGE) sur la question.

Nous avons constaté que le fichier électoral a été audité entre le 15 et 25 avril, et c’est le 2 mai qu’on a déposé le fichier sur le serveur de l’imprimerie nationale de France. Les premiers lots de cartes sont arrivés le 5 juin et la distribution n’a commencé que le 21 juin, ce qui nous a amené à travailler sous une grande pression, naturellement avec un brin de pessimisme. Mais, Dieu merci tout le monde s’y est mis et le 29 juillet est passé. Globalement, nous sommes satisfaits du déroulement même si, par moment, il y a bien eu des soucis ça et là, tels que les électeurs qui n’avaient pas pu retirer leurs cartes dans les centres de distribution, qui ont dû attendre l’après midi pour la plupart, pour enfin retrouver leurs cartes dans les bureaux de vote au niveau de plusieurs centres de vote.

Un retard qui était plutôt dû à un problème logistique que de mauvaise foi, à en croire les maires concernés que nous avons interpellés. Ces maires ont dû recourir à un constat d’huissier avant de procéder au dépôt des cartes restantes non retirées par leurs titulaires, et cela par souci de traçabilité, la question électorale étant très sensible.

Quid du respect de la loi électorale par les différents acteurs ?
Amadou Ba : Nous sommes restés très constants auprès de tous les acteurs pour que chacun veille au respect de la loi électorale durant tout le processus. Nous avions rappelé au ministère de l’Administration territoriale qu’il fallait choisir entre le bulletin unique ou multiple quand il avait été tenté de vouloir varier le bulletin entre les deux tours, et il s’est ravisé pour opter pour le bulletin unique définitivement, conformément à notre avis et à la réaction des acteurs politiques.

Également, concernant l’interprétation de l’article 202 de la loi électorale par rapport à la force majeure, un arrêté avait été pris par le ministre de l’Administration dans lequel il était censé, après constat de la force majeure par la commission qu’il avait mise en place, demander l’avis de la Cour constitutionnelle et nous avions fait remarquer à la Cour que l’interprétation de cet article n’étant pas un contentieux électoral, que nous ne voyions pas l’opportunité pour qu’elle se prononce là- dessus . C’était aussi le cas concernant l’interprétation de la procuration autour de laquelle la classe politique avait montré beaucoup d’inquiétudes. Nous pensons que ce sont toutes ces situations qui font avancer notre démocratie d’autant plus que la loi ne peut dévoiler ses insuffisances que lorsqu’elle est mise à épreuve. Donc, puisque nous sommes dans une matière très sensible, il faut réélire la loi pour être plus précis à l’avenir.

Mais, malheureusement les acteurs qui travaillent avec la loi ne sont pas consultés au moment de faire des réformes. Il faut rappeler que la loi électorale a été révisée cette année en avril mais sans que la CENI ait été consultée sur cette relecture, et nous l’avons fait savoir. Par rapport à la campagne électorale, nous avons constaté que les candidats ont fait beaucoup d’efforts par rapport au respect de la loi électorale, surtout quant à l’utilisation des instruments de publicité tels que les tee-shirts, les legs, les dons, les prêches dans les lieux de culte, l’utilisation des personnes morales aux fins de campagne, de l’administration publique, des institutions, bref, nous n’avons été saisis d’un cas avéré de toutes ces interdictions jusqu’à l’heure où je vous parle. C’est le lieu de saluer les candidats, leurs mandataires, la classe politique, les médiateurs, l’ensemble des groupes d’observateurs, les organisations internationales qui, sur la dernière ligne droite, ont permis de gérer le problème du fichier électoral mis en ligne et qui comportait des erreurs évidentes reconnues par les techniciens, mais nous, nous étions convaincus qu’on n’allait pas pouvoir présenter une carte d’électeur sortie du circuit officiel de personnalisation des cartes d’électeur et pouvoir voter avec.

Quel appel avez-vous à l’endroit des Maliens qui sont dans l’attente des résultats provisoires ?
Amadou Ba : D’après nos informations, les tendances qui se dessinent déjà sont de nature à prouver la sincérité du vote des Maliens puisque c’est le même quatuor qui se démarque à peu près sur l’étendue du territoire national. A l’heure où je vous parle, les tendances qui se dégagent à Bamako sont pratiquement les mêmes à Kidal si on enlève les écarts des différences de voix. Il y a un groupe de quatre candidats qui tiennent la tête partout. Ce qui démontre que les Maliens ont librement exprimé leur choix et chacun avec ses raisons.
Pour ma part, je demande aux uns et aux autres de regarder le Mali et de ne pas regarder les hommes, car les hommes passeront toujours et le Mali demeurera. Il faudrait que tout le monde sache que l’on élit un président pour cinq ans, mais que l’on ne doit pas détruire un pays pour l’éternité.

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Propos recueillis par Aboubacar TRAORÉ

Source: L’Essor

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