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Le Mali dans l’attente du résultat de la présidentielle

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Le Mali aborde lundi une délicate période de plusieurs jours pour la compilation des millions de votes du second tour de la présidentielle, un scrutin entaché d’accusations de fraude et de quelques violences qui devrait déboucher, sauf surprise, sur un second mandat pour Ibrahim Boubacar Keïta.

Les résultats officiels du scrutin, le deuxième depuis l’intervention française qui avait mis en déroute les jihadistes dans le nord du pays en 2013, ne sont pas attendus avant le milieu de la semaine.

Le vainqueur du duel entre le président sortant Ibrahim Boubacar Keïta, dit “IBK”, et l’opposant Soumaïla Cissé, entrera en fonction début septembre avec la lourde tâche de relancer l’accord de paix conclu en 2015 avec l’ex-rébellion à dominante touareg, dont l’application accumule les retards.

Dimanche, les bureaux de vote n’ont pas connu de forte affluence en raison d’une météo pluvieuse, des risques de violences ou encore du manque de suspense. Le taux de participation s’annonce donc faible avec une estimation de 22,38% par l’ONG locale POCIM, qui disposait de plus 2.000 observateurs sur le terrain. Au premier tour, la participation avait été de 42,7%.

Les opérations de dépouillement ont débuté dès la fermeture des bureaux et le gouvernement doit désormais compiler les résultats provenant des quelque 23.000 bureaux de vote répartis dans cet immense pays du Sahel. L’UE a appelé à la “transparence” dans chaque étape de la compilation.

Un agent électoral tamponne une carte d’électeur dans un bureau de vote de Bamako lors du 2e tour de la présidentielle, le 12 août 2018 au Mali / © AFP / Michele CATTANI

Le jour même de l’élection, le président-candidat et son adversaire, qui s’apprécient peu, se sont livrés à une nouvelle passe d’armes sur la fraude électorale.

Selon le camp de M. Cissé, des bulletins de vote ont “circulé” en dehors des circuits normaux depuis plusieurs jours, preuve que des bourrages d’urnes étaient en préparation.

Des journalistes de l’AFP ont pu constater que dans au moins six bureaux de vote de Bamako, les procès-verbaux électoraux avaient été préremplis et signés avant même la fin du vote. “C’est comme signer un chèque en blanc, on peut imaginer ce qui se passe dans le reste du pays”, a observé une source proche de l’organisation du scrutin.

Ibrahim Boubacar Keïta a répliqué en dénonçant des “manoeuvres” de l’opposition visant à faire “croire que nous serions dans une logique de fraude”. “Comment frauder quand on a l’assurance de l’estime de son peuple?”, s’est-il interrogé.

Une électrice dépose son bulletin dans l’urne dans un bureau de vote à Bamako, au 2e tour de la présidentielle au Mali, le 12 août 2018 / © AFP / Michele CATTANI

A 73 ans, M. Keïta est en position de force pour remporter un second mandat de cinq ans. Au premier tour, il avait rassemblé 41,70% des suffrages, contre 17,78% pour M. Cissé, un ex-ministre des Finances de 68 ans qui n’a pas su unir l’opposition pendant l’entre-deux tours.

En 2013, déjà opposé à M. Cissé, “IBK” avait été plébiscité avec un score de plus de de 77%.

– L’avenir du Sahel –

L’élection, déterminante pour l’avenir du Sahel, a été émaillée de violences, dont la plus grave a eu lieu au sud de Tombouctou (nord), dans la localité d’Arkodia où le président d’un bureau de vote a été tué par balles par des jihadistes présumés venus “interdire le vote”.

Une femme vote lors du 2e tour de la présidentielle, le 12 août 2018 à Bamako, au Malin / © AFP / Michele CATTANI

Hormis ce “cas dramatique”, “le scrutin s’est globalement déroulé sans incidents”, a jugé le gouvernement malien.

Des chiffres provisoires du gouvernement ont évoqué 1,23% des bureaux de vote restés fermés dimanche, contre 3,77% au premier tour le 29 juillet, quand les violences avaient empêché quelque 250.000 Maliens de voter.

Le déploiement de quelque 36.000 militaires maliens, soit 6.000 de plus qu’au premier tour, semble donc avoir porté ses fruits, au moins partiellement. Ils étaient assisté des Casque bleus de l’ONU, des forces françaises de l’opération Barkhane et, dans le Nord, où l’Etat est peu ou pas présent, de groupes armés signataires de l’accord de paix.

Le scrutin n’a guère passionné la population, lassée par plus de six ans de violences et dont près de la moitié vit sous le seuil de pauvreté malgré un taux de croissance supérieur à 5% et une place de premier producteur africain de coton.

La mission des observateurs de l’UE, premier bailleur international du Mali, a cette fois pu se déployer à Gao (Nord), mais toujours pas à Tombouctou et à Kidal (Nord), ni à Mopti (centre). Dans les 300 bureaux de vote vérifiés dimanche par l’UE, “on n’a pas observé d’incidents majeurs”, s’est félicité la cheffe de mission européenne, Cécile Kyenge.

AFP

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