Mali Ibrahim Boubacar Keïta route second mandat après large victoire
Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta a été largement élu pour un second mandat à la tête d’un pays toujours confronté à la menace jihadiste, une victoire contestée par les partisans de l’opposant Soumaïla Cissé.
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, qui avait rendu visite en mai aux Casques bleus de la Minusma engagés au Mali, a appelé M. Keïta et son adversaire à régler leurs différends par le “dialogue et les moyens légaux”.
Le président français, Emmanuel Macron a immédiatement félicité par téléphone le vainqueur et “réitéré l’engagement de la France à se tenir aux côtés des autorités et du peuple malien pour surmonter le défi de la lutte contre le terrorisme et favoriser l’investissement et le développement économique”, selon l’Elysée.
Le chef de l’Etat sortant, surnommé “IBK”, a recueilli 67,17% des voix au second tour du 12 août, contre 32,83% à Soumaïla Cissé, un ancien ministre des Finances de 68 ans, qu’il avait déjà battu en 2013, selon des résultats officiels qui doivent encore être validés par la cour constitutionnelle.
Avec ses 41,70% des suffrages récoltés au premier tour, il disposait d’une confortable avance sur Soumaïla Cissé (17,78%). Comme attendu, la participation a été faible, de 34,54%. En 2013, IBK l’avait emporté avec 77,6% des suffrages sur, déjà, Soumaïla Cissé.
A 73 ans, le chef de l’Etat dirigera donc pour cinq années supplémentaires ce pays vaste du Sahel où sévissent toujours des groupes jihadistes malgré cinq années d’opérations militaires internationales.
– ‘Lutte contre le terrorisme’ –
M. Guterres a quant à lui rappelé aux deux finaliste “la nécessité de toujours penser en premier lieu aux Maliens et de ne pas faire machine-arrière sur la réconciliation à un moment crucial”, selon le porte-parole de l’ONU, Farhan Haq.
Pour son second mandat, qui débutera le 4 septembre, Ibrahim Boubacar Keïta aura en priorité la lourde tâche de relancer l’accord de paix conclu en 2015 avec l’ex-rébellion à dominante touareg. Sa mise en oeuvre accumule les contretemps et n’a pas empêché les violences de se propager du nord vers le centre du pays et vers le Burkina Faso et le Niger voisins.
“Je vous remercie du fond du coeur pour la confiance renouvelée”, a déclaré le président Keïta dans une première réaction sur Facebook.
– ‘Trucage monstrueux’ –
M. Cissé devrait s’exprimer vendredi. Mais son chef de campagne, Tiébilé Dramé, a dénoncé un “trucage monstrueux” et indiqué que des recours seraient déposés devant la cour constitutionnelle.
Une “caravane” d’une centaine de motos et de voitures de partisans de M. Cissé a traversé Bamako pour protester. “Nous sommes comme des orpailleurs à qui on a volé la pépite d’or qu’ils viennent de trouver. Nous, on nous a volé notre vote”, a déclaré à l’AFP l’un des participants à la manifestation.
Dans le quartier général de campagne de M. Keïta, une cinquantaine de cadres de la majorité avait accueilli l’annonce avec des cris de victoire et des accolades. Mais les habitants de la capitale ont normalement vaqué à leurs occupations tout au long de la journée et aucune tension ou signe d’euphorie n’était perceptible.
Le scrutin n’a pas passionné une population lassée par la persistance des attaques jihadistes, auxquelles se mêlent souvent des violences intercommunautaires. Près de la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté bien que le Mali soit redevenu le premier producteur africain de coton et que son économie enregistre une croissance supérieure à 5% depuis plusieurs années.
– Les ‘encouragements’ de Hollande –
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda, en grande partie chassés ou dispersés par une intervention militaire lancée en janvier 2013 à l’initiative du président français François Hollande, qui se poursuit actuellement.
“Je l’ai encouragé à rassembler les Maliens dans le cadre de l’accord de paix et à assurer à tous la sécurité et le développement”, a indiqué jeudi M. Hollande après avoir félicité M. Keïta pour sa réélection.
Grâce à un renforcement de la présence militaire, le second tour s’est déroulé dans un climat plus apaisé que le premier. Un président de bureau de vote a bien été tué près de Tombouctou (nord) par des jihadistes présumés, mais seuls 490 bureaux –sur 23.000– n’ont pu ouvrir, soit moitié moins que le 29 juillet.
AFP