Lors du scrutin présidentiel qui a abouti à la réélection d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) à la tête du Mali, le nombre de bulletins déclarés « nul » était élevé, surtout au premier tour : plus de 220 000. Les voix de ces électeurs n’ont pas été donc comptabilisées. Comment expliquer ce taux élevé ?
Contrairement aux abstentionnistes, les bulletins nuls proviennent d’électeurs maliens qui se sont déplacés pour voter. Mais ils n’ont pas respecté les règles. Par exemple, leur empreinte portait sur quasiment deux visages de candidats au lieu d’un seul, ou carrément en bas du bulletin unique de vote. Leurs voix n’ont donc pas été comptabilisées.
Badié Hima est le directeur résident de la National Defense Industrial Association (NDIA), une ONG américaine qui s’est beaucoup investie ici pour la formation dans le cadre de la présidentielle. Il donne une explication au nombre élevé de bulletin « nuls ». « Deux ou trois mois avant, tout le monde s’engageait dans la logistique, pourpréparer des bulletins, le fichier électoral, déclare-t-il. Le citoyen, l’électeur n’est pas au centre. Si l’électeur n’est pas au centre, ne soyons pas surpris par l’énorme taux de bulletin nul ».
Analphabétisme
Abdoulaye Sall, lui, est le président du Cercle de réflexion et d’information pour la consolidation de la démocratie au Mali (CRI-2002), une association qui intervient dans le cadre du renforcement de la démocratie. Pour lui, la faute incombe aux partis et aux hommes politiques.
« La première mission d’un chef de parti, c’est la formation éducative des citoyens, estime-t-il. Si les populations ne sont pas suffisamment formées, informées, mobilisées, il y a de fortes chances que le jour du scrutin, elles votent mal ». Il pointe également du doigt le phénomène de l’analphabétisme : huit Maliens sur dix, dans un pays qui compte 18 millions d’habitants, ne savent ni lire, ni écrire.
Présidentielle Mali pourquoi tant bulletins nuls
Source: RFI