Le chef du groupe Etat islamique (EI) Abou Bakr al-Baghdadi a appelé ses partisans à poursuivre le “jihad” dans un message diffusé mercredi sur Telegram par des comptes pro-EI, le premier enregistrement qui lui est attribué en près d’un an.
Dans son message, diffusé à l’occasion de l’Aïd al-Adha, la fête musulmane qui marque la fin du grand pèlerinage à La Mecque, le “calife” auto-proclamé appelle à “frapper pour terroriser”, exhortant ses partisans en Occident à mener des attaques à l’explosif ou à l’arme blanche “sur leurs terres”.
Cet enregistrement est diffusé alors que l’EI est acculé en Syrie et a été chassé de tous les centres urbains d’Irak après avoir contrôlé de vastes territoires dans ces deux pays.
“Ceux qui oublient leur religion, la patience, le jihad contre leurs ennemis et leur certitude dans la promesse du Créateur s’effondrent et tombent. Ceux qui s’y tiennent sont fiers et victorieux même après un certain temps”, y affirme celui qui est présenté comme Abou Bakr al-Baghdadi par un message de propagande au début de cet enregistrement d’une durée de près d’une heure.
Le dernier message sonore attribué au chef de l’EI remontait au 28 septembre 2017.
Il y appelait déjà ses combattants qui enregistraient défaite sur défaite en Syrie et en Irak à “résister” face à leurs ennemis, notamment après la perte de la “capitale” autoproclamée de l’EI en Irak, Mossoul.
Dans l’enregistrement de mercredi, il affirme que “l’Etat du califat se maintiendra si Dieu le veut (…), fera triompher la religion, combattra ses ennemis”.
Il en appelle à ses partisans dans plusieurs pays arabes, en Asie et en Afrique, où différents groupes radicaux lui ont prêté allégeance. Il revendique en outre la fusillade survenue fin juillet à Toronto, au Canada, dont l’EI a déjà dit être responsable mais au sujet de laquelle la police locale s’est montrée circonspecte.
Abou Bakr al-Baghdadi, donné mort à plusieurs reprises, serait encore vivant et se trouverait en territoire syrien, le long de la frontière avec l’Irak, selon des responsables irakiens.
Cette année, au début du mois de juillet, les services de renseignement irakiens avaient annoncé que le fils du chef du groupe ultraradical, Houdhayfah al-Badri, avait été tué en Syrie par trois missiles téléguidés russes ayant visé une grotte où il se trouvait.
– 25 millions de dollars –
Les Etats-Unis ont offert 25 millions de dollars pour la capture du chef de l’EI qui avait proclamé en 2014 un “califat” sur des pans entiers de Syrie et sur près d’un tiers de l’Irak.
Aujourd’hui, après une vaste opération militaire des forces irakiennes appuyées par une coalition antijihadistes conduite par les Etats-Unis, l’EI n’aurait plus que des cellules dormantes clandestines en Irak.
En Syrie, il est combattu à la fois par une force arabo-kurde appuyée par la coalition antijihadistes, mais aussi par les forces du régime de Bachar al-Assad soutenues par la Russie. L’EI n’est plus présent que dans certaines zones désertiques du centre et de l’est du pays en guerre.
C’est à Mossoul, deuxième ville d’Irak, que Baghdadi a fait sa seule apparition publique connue, en juillet 2014, à la mosquée al-Nouri, détruite depuis.
En juin 2017, la Russie avait dit l’avoir probablement tué dans un raid de son aviation près de Raqa, l’ex-capitale du groupe, en Syrie. Selon Moscou, le raid avait eu lieu fin mai. La Russie avait ensuite souligné qu’elle continuait de vérifier s’il était bien mort.
Trois mois plus tard, un haut responsable militaire américain avait affirmé que le chef de l’EI était sans doute encore en vie et se cachait probablement dans la vallée de l’Euphrate, dans l’est de la Syrie.
L’EI a commis de nombreux attentats en Syrie et en Irak ainsi que des atrocités –tortures, exécutions– contre les populations civiles. Il a aussi revendiqué des attaques en Asie, aux Etats-Unis et en Europe dont les attentats de Paris et Saint-Denis en 2015 qui avaient fait 130 morts.
Malgré ses importants revers en Syrie et en Irak, il a commis en juillet des attaques meurtrières coordonnées dans le sud de la Syrie qui ont fait plus de 250 morts.
AFP