Le ministre allemand des Finances Olaf Scholz a estimé jeudi que les banques allemandes avaient décliné par rapport à leurs grandes rivales étrangères, dix ans après la crise financière de 2008, un “problème” pour l’économie du pays.
Les grandes banques en Allemagne – et en Europe – ont “perdu en importance” dans le gotha des adresses mondiales depuis la faillite de Lehman Brothers en septembre 2008 et cela “constitue un problème pour une grande économie comme l’Allemagne et pour l’économie européenne”, a déclaré le ministre social-démocrate lors d’un congrès bancaire à Francfort.
Les banques allemandes, en particulier, n’ont “pas la taille et la globalité nécessaires pour soutenir l’économie”, a-t-il souligné.
Le reflet de la perte de confiance des investisseurs dans la performance des grandes banques allemandes se lit dans leur parcours boursier calamiteux ces dernières années.
Deutsche Bank ne vaut guère plus de 21 milliards d’euros en Bourse, et ce alors que la banque a levé pour près de 27 milliards d’euros d’actions nouvelles en plusieurs augmentations de capital effectuées entre 2010 et 2017 pour consolider son bilan et financer la croissance.
Commerzbank, renfloué par l’Etat et qui a levé pour près de 13 milliards d’euros en actions nouvelles depuis la crise de 2008, ne vaut aujourd’hui qu’environ 10 milliards d’euros.
Si bien que deux coups durs attendent ces banques de manière imminente: Deutsche Bank pourrait perdre le 3 septembre sa place dans l’indice de référence de la zone euro, l’EuroStoxx 50, et deux jours plus tard Commerzbank devrait céder sa place dans le Dax, l’indice phare de la Bourse de Francfort où elle figure depuis 30 ans. Elle y sera remplacée par une fintech bavaroise, Wirecard, spécialisée dans le marché très porteur du paiement électronique.
Deutsche Bank, qualifiée en 2016 de “source majeure de risque” par le Fonds monétaire international (FMI), a décidé au printemps de se séparer de plus de 7.000 personnes dans la banque de financement et de se recentrer sur ses racines européennes.
Commerzbank entreprend de son côté une course à la taille, organique cette fois, en cherchant à compenser le recul des marges de crédit par des gains de clientèle, entre particuliers et entreprises, un actif censé lui rapporter les recettes de demain.
AFP