C’est au moment où les pays anglophones amorcent un véritable tournant démocratique, économique et socioculturel, que les ex-colonies françaises peinent à trouver un juste équilibre pour des élections apaisées et transparentes. La quasi-totalité de ces pays sont confrontés à un sérieux déficit démocratique qui provoque des crises pré et post électorales aux conséquences souvent dramatiques. Si les dirigeants de ces pays doivent être indexés, il n’en demeure pas moins que leur mentor, la France, a sa part de responsabilité dans les crises liées aux élections dans son pré-carré.
Malgré plus d’un demi-siècle d’indépendance, les pays francophones ne se sont pas encore défait du joug de la France qui, en fonction de ses intérêts, soutient ou met en quarantaine les régimes. Ces pays, qui peinent à se frayer un chemin sur le plan économique, financier, en dépit de leur potentiel, semblent se soumettre au diktat de la France qui détient le dernier mot lorsqu’il s’agit de placer quelqu’un à la tête des pays. C’est pourquoi les élections sont pipées d’avance et ne permettent pas aux peuples de choisir librement leurs dirigeants ; d’où des troubles avant, pendant et après les élections. Au même moment, les pays anglophones comme l’Afrique du sud, le Ghana, le Nigéria, le Libéria, la Sierra Leone, sont en passe de devenir des modèles en matière de transparence et de crédibilité dans les élections. Les institutions de ces pays sont beaucoup plus républicaines et ne sont inféodées à personne, fut-il le président de la République. Ces anglophones sont arrivés à la conclusion que sans des institutions fortes, pour trancher les contentieux ou organiser des élections crédibles, ils n’amorceraient pas le virage pour le développement. Même le Libéria, qui a connu de longues années de guerre civile, a pu organiser l’élection présidentielle sans grande contestation. A quand la fin de la Françafrique tant sur le plan économique que politique ? Les élections ont toujours été une occasion pour la France de mettre à la tête des pays sous son obédience, des personnes malléables et corvéables à souhait. C’est le cas du Mali, où en dépit du bilan largement en deçà des attentes des Maliens, la France a préféré IBK aux autres candidats, au seul motif qu’il a promis de mettre en œuvre l’accord pour la paix et la réconciliation. Au Sénégal, elle fermera les yeux sur la politique de Macky Sall consistant à éliminer tous les concurrents potentiels. En Mauritanie, elle permettra Abdoul Aziz de se présenter pour un troisième mandat,. En Côte d’Ivoire, après avoir chassé Laurent Gbagbo qui a refusé que la Côte d’Ivoire soit une préfecture de l’Hexagone, elle a placé Alassane Ouattara qui, a tout accepté à la France ; aujourd’hui, ce dernier a même des velléités pour se maintenir au pouvoir à la fin de son second et dernier mandat. Au Tchad, Idriss Deby peut massacrer son peuple, pourvu qu’il reste un instrument privilégié de la politique française dans la lutte contre Boko haram et les terroristes dans le sahel. Au Congo Brazzaville, Sassou Nguésso peut demeurer président à vie, tant que Total continue à être le premier exploitant de l’or noir du Congo. Au Gabon, Ali Bongo Ondiba, qui a voulu tourner le dos à la France au profit de la Chine en a appris à ses dépens, quand la France a monté Jean Ping pour le détrôner. Il doit son maintien au pouvoir à sa largesse vis-à-vis de la France. Quant à Paul Biya du Cameroun, il peut continuer à séjourner longtemps dans les hôtels de luxe aux frais du contribuable camerounais, tant qu’il permettra à la France d’avoir la mainmise sur son économie.
En conclusion, la France a été on ne peut claire, lorsqu’elle affirmé qu’elle n’a que des intérêts, mais pas d’amis. Il est temps à la nouvelle génération africaine de s’assumer et dire non à la tutelle de la France. Cela passe par la monnaie d’abord ensuite par le choix des dirigeants.
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Youssouf Sissoko
Source: Inf@Sept