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Élections générales 2018 : Après l’incertitude de la présidentielle, le grand dilemme des législatives

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Un report des législatives est-il inévitable ? En dépit de la convocation du collège électoral y afférent, les protagonistes de l’arène politique malienne n’accueillent qu’avec beaucoup de circonspection l’annonce de ce second épisode des élections générales. On ne les voit pas s’y perdre avec l’ardeur habituelle au combat et ils s’illustrent par un manque d’entrain vraisemblablement attribuable à leur incertitude que les rendez-vous électoraux d’octobre-novembre soient plus plausibles qu’un report qu’imposé par une convergence de facteurs contraignants.

 

Dans le sillage de la convocation du collège électoral, les formations politiques les plus huppées font quand même mine de prudence en activant timidement les machines de désignation de leurs candidats à la compétition, à travers des conférences électives qui s’annoncent très laborieuses au regard des défis d’harmoniser les violons entre alliés de la présidentielle  et de conformité avec les quotas féminins. En définitive, les enjeux paraissent suffisamment lourds pour restreindre à la fois les marges de manœuvres et le temps des arrangements et accommodations nécessaires pour que les listes législatives soient à l’abri des inévitables velléités dissidentes.

Mais les calculs d’intérêts partisans ne sont pas les seuls aspects contrariants pour le calendrier d’organisation des députations. Celles-ci risquent d’être moins inclusives si elles devaient intervenir sans une opposition rétive pour l’heure à tourner la page de la contestation post-présidentielle et dont le retour dans le processus électoral procède d’une bouée de sauvetage démocratique susceptible de passer par un ajournement des échéances réglementaires avec incidence sur le terme de la législature finissante. Question cependant : une démarche dans ce sens est-elle envisageable sans entorse aux limites constitutionnelles du mandat quinquennal des parlementaires ?  Les avis divergent là-dessus. D’aucuns y ressentent une violation de la loi fondamentale que le président réélu vient à peine de faire le serment de «respecter et de faire respecter», tandis que d’autres évoquent la jurisprudence d’une précédente loi de prolongation des mandats parlementaires au Mali. Intervenue en 2012 pour restaurer l’ordre institutionnel galvaudé par le putsch militaire, ledit texte devrait pouvoir servir, à leurs yeux, de brèche assez exploitable face aux vicieuses équations de régularité et de légalité que pose un éventuel report des échéances législatives. Ce schéma est par ailleurs justifiable tout autant par l’impératif d’embarquer les régions non-opérationnelles et leurs différentes circonscriptions de ressort dans les vagues du processus électoral en cours. Or, de deux régions supplémentaires retenues par le processus d’Alger, les manœuvres pour déjouer la teneur de l’Accord pour la paix ont produit un subversif effet d’entraînement en démultipliant les entités administratives  potentiellement éligibles à la souveraineté représentative. Leur nombre est en effet passé à 14 dont la désignation des gouverneurs  constitue pour beaucoup d’observateurs une étape irréversible pour leur prise en compte dans la future Assemblée nationale.  , en plus d’impacter la taille de cet organe législatif, implique des préalables impossibles à assurer sans affecter le calendrier de l’échéance électoral : affectation des préfectures rattachées, détermination des proportions de représentation de chaque circonscription naissante, relecture de la loi organique afférente au nombre des députés, etc.

Quid du renvoi des circonscriptions naissantes à des législatives partielles ? L’option serait peut-être tolérable pour les nouvelles régions du sud si elle n’est pas sélective, tandis que pour celles du Nord elle serait sans doute perçue comme l’énième preuve de malveillance vis-à-vis de l’Accord issu du processus d’Alger.

Ainsi, les incertitudes de la présidentielle vaincues, les hautes autorités affrontent aussitôt l’équation cornélienne d’être respectueuses à la fois des délais constitutionnels de renouvellement de l’institution législative et de leur devoir de prendre en compte la nouvelle carte administrative dans ledit processus. Le temps n’est pas leur meilleur allié, des concertations sont annoncées cette semaine au ministère de l’Administration Territoriale pour tenter de démêler l’écheveau.

 

A Keïta

Source: Le Témoin

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