Nouveau gouvernement, nouvelle mission. L’équipe de Soumeylou Boubèye Maïga devra «traduire dans les faits et ce dans les meilleurs délais», la nouvelle vision du chef de l’Etat qui s’articule autour de cinq piliers d’importance égale : la gouvernance et les réformes (politiques et institutionnelles) ; la promotion d’une croissance inclusive ; le développement du capital humain et de l’inclusion sociale ; l’environnement, le changement climatique et le développement durable ; enfin la diplomatie, la coopération internationale et le partenariat. Le président Ibrahim Boubacar Keïta a dévoilé cette feuille de route, le vendredi dernier à Koulouba, lors du premier Conseil des ministres du gouvernement Soumeylou Boubèye Maïga II. Pour l’occasion, le gouvernement était au complet. Premier à être sur les lieux : Mohamed Moustapha Sidibé, ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme. L’instant n’échappe pas aux caméramen et photographes. Ensuite, tout s’accélère. Un à un, souvent par petits groupes, les ministres se retrouvent dans la salle devant abriter le Conseil. Poignées de main, larges sourires, les nouveaux ministres qui faisaient leur baptême de feu, semblaient être en confiance pour relever les nombreux défis qui les attendent au niveau de leurs départements respectifs.
Tradition oblige. Il y aura une photo de famille autour du chef de l’Etat. Avant, chaque ministre avait été individuellement photographié. Le cortège du président de la République s’immobilisa devant la salle du Conseil des ministres à 16 heures 12 minutes précisément. Affichant une sérénité sans faille, le président de la République a été accueilli par le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga. Apparemment, la complicité entre les deux personnalités en dit long sur leur détermination à réaliser le bonheur de la «Nation tout entière». La photo de famille prise, Ibrahim Boubacar Keïta a eu une première entrevue avec le gouvernement. Rien n’a filtré de ce que les commentateurs appellent «un pré-conseil».
Le Conseil des ministres proprement dit a démarré aux environs de 17 heures 40 minutes, dans une salle aménagée à cet effet, où le président de la République a livré la teneur de sa «Lettre de mission au Premier ministre». Une feuille de route qui condense les principales aspirations des Maliens. Point après point, le président de la République a développé les cinq piliers devant servir de poutres au Mali nouveau qu’il entend bâtir. Le premier axe, consacré à la gouvernance et aux réformes, instruit au chef du gouvernement la poursuite, avec célérité, de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger. Une tâche à exécuter concomitamment avec celle du renforcement qualitatif et quantitatif des forces de défense et de sécurité, ainsi qu’à l’optimisation des moyens opérationnels pour un maillage cohérent et dissuasif.
S’agissant du deuxième axe, à savoir la promotion d’une croissance inclusive, le président de la République a engagé le gouvernement à rendre, avec promptitude et efficacité, notre économie plus inclusive pour une répartition équitable des fruits de la croissance. A cet égard, le gouvernement devra, notamment relever « le défi de la promotion de la finance islamique comme mode de financement alternatif» et poser un diagnostic approfondi du tissu économique, afin d’améliorer le niveau de vie des Maliens et les recettes de l’Etat. Autre souci du président de la République : la modernisation des systèmes de production, afin d’accroitre la productivité. Le président IBK a singulièrement indiqué la nécessité de réorienter la filière coton vers la satisfaction des besoins nationaux et sous-régionaux. Aussi, a-t-il instruit des actions en faveur de la gestion de l’eau et des surfaces cultivables, de la diversification de la production agricole, de la mécanisation de l’agriculture et le développement de l’agro-industrie.
Le troisième axe est consacré au développement du capital humain et à l’inclusion sociale qui « sont la clé de voûte de la réalisation de mon ambition pour le Mali», a précisé le président IBK qui a alors instruit l’adoption d’une réforme visant à améliorer l’offre de soins de qualité. Une réforme qui devra nécessairement passer par l’adoption et la mise en place d’un régime d’assurance maladie universelle. L’effort, sur ce point, doit aussi inclure l’édification d’une éducation de qualité pour tous, la création d’un Conseil supérieur de la jeunesse et d’un centre national de promotion des adolescents et des jeunes. Le binôme eau/environnement sera également au cœur de l’approche du gouvernement. Ce quatrième point est un souci majeur du chef de l’Etat qui a invité le gouvernement, dans ce contexte de raréfaction des ressources due au changement climatique, à veiller à l’optimisation et à l’amélioration de la gestion de la subvention des intrants agricoles. Et le chef de l’Etat de recommander une étude sur l’impact des 15% du budget national alloués aux secteurs agricoles pour une meilleure orientation des actions d’investissements, de promotion de l’emploi et de l’habitat en milieu rural.
Concernant l’industrialisation, les défis à relever sont nombreux. Aussi, en matière de communication, la mise en œuvre de la politique nationale de l’économie numérique ne doit pas être en reste. Enfin, le cinquième point, consacré à la diplomatie, la coopération internationale et le partenariat, fera l’objet d’une attention particulière. Les défis à relever ont pour noms la défense des intérêts de notre pays et la protection des Maliens à l’étranger, la mobilisation des ressources financières en faveur du développement du pays, la promotion de l’intégration africaine, la capitalisation des bonnes pratiques en matière de gestion de la migration…
Le président Keïta, demandant que le contenu de cette lettre de mission soit traduit en actions concrètes, a assuré le chef du gouvernement de son «soutien total».
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Issa DEMBELE
Source: L’Essor