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22 septembre et souveraineté nationale : La réalité au-delà des parades

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Samedi 22 septembre 2018, les Maliennes et les Maliens ont commémoré le 58ème anniversaire de l’Indépendance du Mali. Une cérémonie digne de sa portée à été consacrée à l’événement sur l’Avenue du Mali sise à l’ACI 2000 avec un grand défilé militaire à la clé.  Plus d’une quinzaine de hautes personnalités étrangères de haut rang – dont une dizaine de chefs d’Etat et de gouvernement ont pris part à la cérémonie avec le peuple malien. Elles ont été tout aussi émerveillées par l’impressionnante parade militaire en attendant que se confirme sur le terrain les engagements de leur hôte à sécuriser le pays.

C’était l’occasion pour les Maliens d’être en symbiose avec leurs dirigeants mais aussi et surtout avec leurs forces de défense et de sécurité. Sur l’Avenue du Mali, on aura assisté à tout ce qui fait virtuellement la gloire d’un système de défense national,  qui impose le respect et l’admiration des regards étrangers naguère encore très méprisants : prises d’armes, défilé aux lignes assez droites pour incarner une discipline retrouvée, exhibition de l’impressionnant matériel militaire dont l’acquisition était couverte de flétrissure, démonstration de tout le talent d’hommes et femmes plus dévoués qu’hier à participer à la mission régalienne de l’armée, y compris par les moyens aériens également au rendez-vous de la fête.

De quoi impressionner et persuader le public malien mais aussi d’illustres convives d’IBK dont certains ont pu présenter le Mali comme le ventre mou de tout le dispositif sous-régional de lutte contre la criminalité transfrontalière. Les uns parce qu’ils étaient las de rendre des comptes à leur peuple pour les sacrifices consentis sur le front d’un pays tiers, les autres parce qu’ils ne peuvent renoncer à tirer parti de nos faiblesses en nous ravissant la confiance de quelques bailleurs internationaux de la lutte antiterroriste.

On y dénombre Mahamdou Issoufou du Niger, Mohamed Abdel Aziz de Mauritanie ou encore Idriss Deby du Tchad. L’impressionnante brochette de hautes personnalités drainées par IBK – apparemment pour prendre sa revanche par l’impressionnante démonstration – comprend également Alassane Dramane Ouattara, Roch Marc Kaboré, Dénis Sassou N’Gessou, le Ghaneen Nana Akufo et le Siéra-Leonais Julius Mazda Bio, sans compter les nombreux Premiers ministres dont celui de l’Algérie voisine, le chef du Gouvernement du Maroc, entre autres.

Devant le parterre, IBK n’a pas manqué de se réjouir d’une ”montée en puissance’’ de l’Armée malienne sur le terrain en insistant sur les efforts consentis par l’Etat dans le cadre de la loi de programmation militaire : 22% du budget dédiés aux forces de défense et de sécurité afin de les doter des moyens nécessaires à la formation des hommes, à l’acquisition du matériel militaire adéquat, à l’amélioration de leurs conditions de vie, entre autres…

“Le Mali a tangué mais n’a pas disparu” a-t-il martelé en présence de ses pairs en laissant entendre que le pays a été surpris par le coup d’Etat de mars 2012.

Au regain de fierté, le Chef Suprême des Armées n’a pas omis d’associer ses homologues parmi lesquels Alassane Ouattara alors Président en exercice de la CEDEAO lors des faits. «12 sommets de la CEDEAO ont été dédiés au Mali afin de faire face à la crise » a-t-il rappelé avant d’indiquer que l’Accord de paix a tout prévu afin que le Mali soit réconcilié et sécurisé. Du reste, la sécurisation du pays reste la principale priorité du gouvernement, a rassuré IBK, qui laisse entendre par le défilé et l’exhibition de matériel militaire que le Mali dispose désormais de moyens militaires pour ce faire et que les lignes ont bougé au terme de son premier quinquennat.

Mais, force est de constater qu’il y a la mer à boire entre l’espoir et la fantasme pouvant naître d’une parade et la satisfaction que peut procurer la plénitude des musions dévolues à une armée nationale. Le constat est d’autant moins superflu que la sécurité de l’élection présidentielle avait été sous-traitée par des mouvements armés en plusieurs endroits tandis qu’ailleurs les forces armées n’ont pu rien faire pour empêcher l’incendie d’urnes, les enlèvements et assassinats d’agents électoraux. Ce n’est pas le seul indice d’une souveraineté nationale nuancée par une défense nationale au rabais.

Faute de présence effective des forces armées et de sécurité, deux-tiers environ du territoire national sont allègrement soustraits aux lois du pays et échappent à la puissance publique à un point tel que l’Etat d’urgence proclamé atteignait à peine le centre du pays. Les populations de ses zones sanctuaires de l’impunité méritent en définitive une fière chandelle pour la résilience dont ils font preuve à l’absence de tout État et d’une force de défense qui se limite à l’intégration d’une poignée d’hommes au sein des MOC. S’y ajoute que l’étendue des missions de l’armée nationale sera restreinte au profit de forces locales, si l’Accord d’Alger devait être appliquée dans toute sa rigueur. Ce n’est visiblement pas cette armée qu’on a hérité des pères de l’Indépendance pour la célébration de laquelle les troupes ont été mobilisées.

Doit-on rappeler par ailleurs que la fête du samedi dernier n’était guère moins grandiose que celle ATT avait consacré au cinquantenaire du Mali. A l’époque également des sommités du continent dont Kadhafi avaient été émerveillées par l’arsenal militaire de notre pays avant que les dysfonctionnements de l’armée ne viennent se révéler au grand jour quelques mois plus tard.

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Idrissa Keita 

Source: Le Témoin

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