Le président américain Donald Trump a appelé mardi à New York tous les pays de la planète à isoler le régime iranien, dénonçant la “dictature corrompue” au pouvoir selon lui à Téhéran.
Au premier jour d’une Assemblée générale de l’ONU qui s’est ouverte sur le constat sombre d’un monde “de plus en plus chaotique”, M. Trump a opté pour un ton moins agressif qu’en 2017, martelant son attachement à la “souveraineté américaine” et vantant le dialogue qu’il a amorcé avec les Nord-Coréens.
Dans un contraste saisissant avec sa première allocution, lorsqu’il avait menacé de “détruire totalement” la Corée du Nord, il a ouvertement loué le “courage” de l’homme fort de Pyongyang, Kim Jong Un, jadis affublé du surnom moqueur de “Rocket Man”.
C’est, sans surprise, au régime de Téhéran qu’il a réservé ses flèches les plus aiguisées.
“Nous ne pouvons pas permettre au principal soutien du terrorisme dans le monde de posséder les armes les plus dangereuses de la planète” ou de “menacer l’Amérique” ou Israël, a-t-il martelé. “Nous demandons à toutes les nations d’isoler le régime iranien tant que son agression se poursuit” et “de soutenir le peuple iranien”, a-t-il ajouté.
Tout en restant évasive sur sa stratégie à moyen terme, la Maison Blanche se défend régulièrement de chercher à provoquer un changement de régime dans ce pays, avec lequel les Etats-Unis n’ont plus de relations diplomatiques depuis près de 40 ans.
Quelques heures avant de prendre la parole, M. Trump avait coupé court, dans un tweet matinal, aux spéculations sur un éventuel tête-à-tête avec le président iranien Hassan Rohani, assurant que ce n’était pas d’actualité.
“Peut-être un jour, à l’avenir. Je suis sûr que c’est un homme absolument charmant!”, avait-il écrit.
Lundi soir, les Européens ont annoncé, dans une décision-camouflet pour Donald Trump, la création d’un mécanisme visant à préserver leurs échanges avec l’Iran tout en échappant aux sanctions américaines.
– “Principes démocratiques attaqués” –
M. Rohani, qui devait s’exprimer en milieu de journée, a par ailleurs prévu une conférence de presse mercredi, juste après une réunion inédite du Conseil de sécurité centrée sur l’Iran et présidée par Donald Trump.
Après des échanges d’une rare violence au cours de l’été, lorsque le président américain avait menacé l’Iran de représailles apocalyptiques, l’impasse est totale.
Washington a posé ses conditions –draconiennes– pour un nouvel accord. Téhéran a dénoncé une “longue liste de conditions préalables insultantes”.
Les Etats-Unis ont provoqué l’ire de leurs partenaires européens en se retirant de l’accord international de 2015 censé empêcher l’Iran de se doter de la bombe atomique, que Donald Trump juge trop laxiste.
Washington a rétabli toutes les sanctions levées après sa signature en 2015, avec un sévère contrecoup pour de nombreuses entreprises européennes, sommées de quitter l’Iran sous peine d’être frappées par des mesures punitives américaines.
Pour Rob Malley, ancien conseiller de Barack Obama et président de l’International Crisis Group, l’approche de la Maison Blanche peut se résumer ainsi: “Mettons le maximum de pression et regardons ce qui se passe”.
– Rires –
Donald Trump a fait par ailleurs une nouvelle fois l’éloge de la “souveraineté” et du “patriotisme”, s’en prenant avec virulence à la Cour pénale internationale (CPI), accusée de n’avoir “aucune légitimité et aucune autorité”.
“Nous n’abandonnerons jamais la souveraineté américaine à une bureaucratie mondiale non élue et irresponsable”, a-t-il lancé, rejetant “l’idéologie du mondialisme”.
La président américain a aussi défendu avec force le bien-fondé des guerres commerciales qu’il a engagées sur plusieurs fronts, Chine en tête. Le déséquilibre commercial avec Pékin “ne peut être toléré”, a-t-il tonné.
Fait rare dans cette prestigieuse enceinte où se rassemblent tous les ans les 193 Etats membres de l’ONU, le début de l’allocution du 45e président des Etats-Unis a été marqué par… quelques rires.
Reprenant un argument régulièrement développé sur les estrades de campagne, M. Trump a vanté ses succès économiques et affirmé avoir accompli plus depuis son arrivée au pouvoir que quiconque dans l’Histoire des Etats-Unis.
Lorsque que quelques rires ont fusé, il a interrompu un instant la lecture de son discours sur les téléprompteurs. “Je ne m’attendais pas à cette réaction,” a-t-il répondu, amusé.
Le coup d’envoi de six jours de discours avait été donné plus tôt par le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, qui a dressé, le visage grave, le tableau d’un monde où “les valeurs universelles s’érodent (…), les principes démocratiques sont attaqués”.
AFP