Européens et Union africaine ont mis la pression mercredi sur les signataires de l’accord de paix au Mali afin d’accélérer sa mise en oeuvre, le président Ibrahim Boubacar Keïta réclamant de son côté des « moyens financiers » pour agir.
« Les Maliens doivent maintenant œuvrer sans délai à l’accélération de la mise en œuvre de l’accord de paix », a déclaré le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, lors d’une réunion sur le Mali en marge de l’Assemblée générale annuelle de l’ONU.
« J’exhorte les autorités maliennes et les autres acteurs concernés à accélérer la cadence », a également souligné le président de la Commission de l’Union africaine (UA), le Tchadien Moussa Faki Mahamat.
Malgré l’accord conclu en 2015 entre Bamako et l’ex-rébellion à dominante touareg, les violences jihadistes se sont étendues du nord vers le centre et le sud du Mali, ainsi que vers le Burkina Faso et le Niger voisins, se mêlant souvent à des conflits ethniques.
« Sur le processus de paix, nous ne pouvons pas nous contenter de répéter les mêmes messages année après année », a martelé la chef de la diplomatie de l’Union européenne, Federica Mogherini. L’UE est un des principaux contributeurs financiers à la force conjointe du G5 Sahel contre le terrorisme et à la formation des forces armées maliennes.
« Les acteurs maliens, signataires ou pas de l’accord, doivent se positionner clairement soit en faveur de l’accord soit en dehors et en assumer les conséquences avec cohérence », a-t-elle insisté.
Le Conseil de sécurité de l’ONU menace de sanctionner les responsables de groupes armés accusés de contrevenir à l’accord de paix de 2015.
« Nous appelons le Mali et les pays du Sahel à développer une vraie stratégie régionale pour s’attaquer au crime organisé et au trafic qui entrave l’application de l’accord et finance le terrorisme », a poursuivi Mme Mogherini.
Le président de l’UA a appelé de son côté les autorités de Bamako à mieux inclure « toutes les composantes de la société », soulignant que « la stabilisation du Mali (était) celle de toute la région du Sahel et au-delà ».
– « Honorer leurs engagements » –
Le président malien a promis de « travailler sans relâche à la mise en oeuvre diligente et inclusive » de l’accord mais a aussi appelé les partenaires du Sahel à « honorer leurs engagements » financiers.
« La volonté politique seule ne suffit pas (…) Il faut aussi les moyens techniques et financiers adéquats », pour le G5 Sahel notamment, a-t-il martelé à la tribune des Nations unies.
« La force conjointe du G5 Sahel peine à être pleinement opérationnelle, faute de mandat adapté et surtout de financements appropriés », a-t-il relevé.
Le G5 Sahel, qui doit compter 5.000 hommes à terme, a été lancé par le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad pour lutter contre les groupes terroristes qui essaiment dans le Sahel. Mais les 414 millions d’euros promis lors d’une conférence internationale des donateurs le 23 février tardent à se matérialiser.
« Nous invitons nos partenaires qui ont fait des annonces de contributions financières (..) à honorer leurs engagements en faveur de la force conjointe », a insisté M. Keïta.
Le président malien a aussi plaidé pour le placement de cette force sous un mandat de l’ONU, « assorti d’un financement adéquat, pérenne et prévisible », ce à quoi s’opposent les Etats-Unis, premiers contributeurs de l’organisation.
L’ONU finance déjà au Mali sa force de Casques bleus Minusma, qui mobilise 15.000 personnes, dont 12.000 militaires. Ces troupes sont régulièrement la cible d’attaques meurtrières des groupes terroristes, tout comme la force française Barkhane et les forces armées maliennes.